Le 23 octobre 1956, quelques semaines après l'indépendance du Maroc, la guerre d'Algérie s'invite dans le royaume chérifien.Le détournement d’un avion transportant les leaders FLN est le prétexte à une émeute sanglante à Meknès, au centre du pays. Plusieurs dizaines de Français sont massacrés dans de sordides conditions.
L'historien Bernard Lugan, né à Meknès, raconte ces événements qu'il a vécus à l'âge de dix ans, événements restés ignorés du public français, principalement parce qu’au même moment se déroulaient les événements de Budapest (23 octobre-10 novembre) et se préparait l’expédition de Suez (5 novembre)...
Le détournement de l’avion du FLN
Le 2 mars 1956, une déclaration commune franco-marocaine met fin au protectorat de la France sur le Maroc.
Sitôt indépendant, le Maroc, comme également la Tunisie, devient une base arrière pour les indépendantistes algériens. Le 22 octobre 1956, un avion qui a décollé de Rabat en direction de Tunis et qui transporte cinq hauts responsables du FLN, est détourné sur Alger par les services français et les cinq hommes sont emprisonnés en France.
Au Maroc, ce détournement d’un avion marocain est considéré comme un affront. Dès le lendemain éclatent partout des manifestations, mais c’est à Meknès, à mi-distance de Rabat et Fès, qu’elles prennent le tour le plus dramatique.
La région abrite la plus importante garnison française du pays, à savoir 8 000 hommes, mais Paris hésite à leur demander d’intervenir pour ne pas heurter la susceptibilité du gouvernement marocain. .
Le massacre
Au début de la matinée, de violentes manifestations parties du quartier algérien de la médina s’approchent de la ville européenne.Vers midi, les juifs fuient leur quartier du mellah et se réfugient dans les camps militaires français.
Vers 14 heures, des manifestants réussissent à s’infiltrer dans la ville européenne. Puis, vers 15 heures, l’émeute déferle sur la ville et sa périphérie cependant que certains policiers marocains ouvrent le feu sur leurs collègues français.
Des groupes d’émeutiers pourchassent alors les civils européens dans les rues, retournant les voitures et tuant leurs occupants. Plusieurs policiers français du commissariat situé à la sortie de la médina sont lynchés et leurs restes brûlés et jetés dans le réservoir d’eau de la ville.
À 17 heures, quand les forces françaises reçoivent enfin l’ordre d’intervenir, les manifestants sont repoussés vers la médina. Mais dans la périphérie de la ville, pendant que celle-ci est mise au pillage, les fermes des colons sont attaquées.
Le bilan sera de 45 morts européens et 32 blessés graves.
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BONHOURE (20-10-2019 14:37:34)
J'avais un ami, étudiant en médecine à Alger, dont les parents ont été protégés par la population civile de la, ville.
Ils ont fuit rapidement vers Marseille où ils ont été victimes d'un accident de la circulation en sortant de Marignane…
Je connaissais donc cette tuerie déjà .