Une insurrection ouvrière éclate à Berlin-Est, le 16 juin 1953, à l'initiative des ouvriers du bâtiment qui travaillent sur la Stalinallee. Elle s'étend le lendemain à toutes les villes de la République Démocratique Allemande.
Les ouvriers dénoncent l'augmentation des cadences dans les usines et les chantiers, à salaire constant. Ces nouvelles conditions de travail leur ont été imposées par le gouvernement communiste que l'Union soviétique a mis en place dans sa zone d'occupation militaire, après l'effondrement de l'Allemagne nazie.
Naissance de la RDA
La zone d'occupation a été transformée en un État communiste, la République Démocratique Allemande (ou RDA) le 7 octobre 1949, après que les occupants en eurent pillé les ressources et transféré chez eux une grande partie des machines et des équipements industriels.
Staline a placé à la tête de la RDA le secrétaire général du parti socialiste unifié (Sozialistische Einheits Partei, ou SED), Walter Ulbricht. Celui-ci collectivise sans tarder les grandes propriétés agricoles des anciens nobles prussiens, les Junkers. Il pressure par ailleurs la classe ouvrière.
Mais après la mort de Staline, le 5 mars 1953, un séisme politique secoue le Kremlin. Beria, le nouvel homme fort de Moscou, annonce une amnistie politique pour un million de prisonniers soviétiques.
L'insurrection de l'espoir
Dans les pays soumis au joug soviétique, on se prend à espérer... C'est ainsi qu'éclate en RDA l'insurrection ouvrière de juin 1953. À Berlin-Est, la capitale, 60 000 manifestants s'en prennent aux symboles du pouvoir communiste.
Walter Ulbricht, faute de mieux, appelle les Soviétiques à la rescousse. Les chars noient l'insurrection dans le sang, au prix d'un grand nombre de victimes. Au moins 80 morts et 25 000 arrestations.
Ce soulèvement démocratique et anticommuniste vaut à Beria, le successeur de Staline, d'être évincé du pouvoir le 26 juin suivant, arrêté et aussitôt exécuté sur les ordres d'un apparatchik, Nikita Khrouchtchev.
La répression laisse les Occidentaux indifférents. Au plus fort de la guerre froide et quelques mois à peine après les éloges dithyrambiques qui ont accompagné les funérailles de Staline, ils se résignent à la coupure de l'Europe en deux.
Les Allemands de l'Est échappent comme ils le peuvent à la répression. Sur 19 millions d'habitants, plus de 3 millions s'enfuient à l'Ouest avant la construction du mur de Berlin le 13 août 1961.
Dans un poème intitulé La Solution, écrit après la répression, le dramaturge est-allemand Bertold Brecht moque le mépris des hiérarques communistes pour le peuple :
Après l'insurrection du 17 juin,
Le secrétaire de l'Union des Écrivains
Fit distribuer des tracts dans la Stalinallee.
Le peuple, y lisait-on, a par sa faute
Perdu la confiance du gouvernement
Et ce n'est qu'en redoublant d'efforts
Qu'il peut la regagner.
Ne serait-il pas
Plus simple alors pour le gouvernement
De dissoudre le peuple
Et d'en élire un autre ?
Vos réactions à cet article
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Erik (18-06-2016 04:59:36)
Les circonstances de l arrestation et de l execution de Beria sont et resteront floues. Il en existe au moins trois versions.
Jean Louis TAXIL (21-06-2013 08:34:34)
Des chars contre des civils ou la réponse des dictatures aux justes revendications d'un peuple.Je connaissais très mal de douloureux épisode.Hérodot est là pour bien le documenter. Merci, car le... Lire la suite
Jacques Do (17-06-2013 19:34:11)
Une de plus! Combien de révoltes contre la misère, la faim, la tyrannie, la violence, toutes, invariablement réprimées par tous les pouvoirs, qu’ils se prétendent de droite ou de gauche? Et p... Lire la suite