4 avril 1949

Fondation de l'OTAN

Avec le traité de l'Atlantique Nord, signé à Washington le 4 avril 1949, la guerre froide entre l'Occident et le monde soviétique entre dans sa phase institutionnelle. L'article 5 du traité précise que tous les signataires s'engagent à se porter secours en cas d'attaque contre l'un ou l'autre d'entre eux.

L'OTAN va ainsi réussir à contenir la pression soviétique en Europe sans avoir à combattre. Paradoxalement, elle va devenir clairement agressive et belligérante sitôt après que l'Union soviétique aura implosé...

André Larané
La « guerre froide » prend forme

Alarmés par le « coup de Prague » du 25 février 1948, les États-Unis, le Canada et dix pays d'Europe de l'Ouest veulent de cette façon contenir une éventuelle agression du bloc communiste aux ordres de Staline. Pour la mise en oeuvre de leurs résolutions, ils fondent l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN, en anglais NATO).

Affiche produite pour le 10e anniversaire de l'OTAN.Les membres européens sont la Belgique, le Danemark, la France, l'Italie, l'Islande, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni. La Grèce et la Turquie adhèrent à l'organisation peu après sa création ainsi que la République fédérale allemande.

Cet organisme international issu du traité de Washington est chargé de coordonner les actions militaires de ses membres. C'est une alliance défensive qui ne dit pas son nom. Elle est placée sous l'autorité du Conseil atlantique. Son siège est dans un premier temps établi à Paris, dans un bel immeuble de la Porte Dauphine (aujourd'hui transformé en Université).

Le quartier général en Europe est fixé à Rocquencourt, près de Versailles. C'est le SHAPE (en anglais Supreme Headquarters Allied Powers Europe). Le premier commandant suprême est le général américain Dwight Eisenhower, héros du débarquement de Normandie.

Le 14 mai 1955, les Soviétiques répliquent à la création de l'OTAN en signant le Pacte de Varsovie avec sept pays satellites d'Europe centrale: Albanie, Bulgarie, Hongrie, Pologne, République démocratique allemande (RDA), Roumanie et Tchécoslovaquie.

Les forces de ces pays sont placées sous un commandement unifié (soviétique). Elles interviendront dans les pays du Pacte eux-mêmes, en Hongrie puis en Tchécoslovaquie.

Une victoire sans coup de feu

En 1966, le général de Gaulle, président de la République française, retire son pays des organes opérationnels de l'OTAN sans toutefois cesser d'appartenir à l'alliance. Il veut que la France conserve la pleine maîtrise de sa force de dissuasion nucléaire sans avoir de compte à rendre à quiconque.

Le SHAPE et le Conseil de l'Atlantique se transportent alors dans la banlieue de Bruxelles. Ils y resteront même après le retour de la France au sein de l'Organisation, au début des années 90.

Au début des années 1980, l'OTAN réagit avec succès à la menace que représentent les missiles SS20 déployés par l'URSS en Europe centrale : elle menace de déployer le long du rideau de fer des missiles de croisière Pershing-2 (surnommés les « Euromissiles ») et les Soviétiques préfèrent retirer leurs propres fusées.

Sous l'impulsion du président des États-Unis Ronald Reagan, l'OTAN entraîne alors l'organisation rivale du Pacte de Varsovie, créée le 14 mai 1955, dans une course aux armements très coûteuse.

L'Union soviétique ne peut pas suivre. Elle souffre d'un délabrement croissant de son économie et sa population voit ses conditions de vie empirer d'année en année. Elle finit par imploser sous le poids de ses contradictions internes. En 1989-1991 tombent le Mur de Berlin et l’Union soviétique sans quasiment aucune mort d’homme, grâce au sang-froid de Mikhaïl Gorbatchev et des autres dirigeants soviétiques. Le Pacte de Varsovie, créé en 1955 pour faire front à l’OTAN, disparaît par la même occasion. 

C'est ainsi qu'au bout de quarante ans de guerre froide, l'Alliance remporte une victoire totale sur l'URSS sans avoir eu besoin de tirer un seul coup de fusil...

L'OTAN a de fait perdu sa raison d'être avec l'implosion de l'URSS et la fin de la guerre froide. Pourtant, elle va perdurer jusqu'à nos jours et même se faire résolument agressive.  Rien ne justifie plus le maintien de cette alliance créée en 1949 au plus fort de la guerre froide. Mais elle est liée à trop d’intérêts pour qu’il soit envisageable de la supprimer : combien de généraux et d’industriels y perdraient leur statut ?

En 1994, sans l'aval de l'ONU et sans qu'un quelconque de ses membres soit menacé, elle livre sa première guerre au Kossovo, contre la Serbie qui tente de conserver en son sein cette province historique.

L'étoile de l'OTAN : sculpture érigée en août 1971 devant le siège de l'Otan à Bruxelles.

Quel avenir pour l'OTAN ?

La Pologne, la Hongrie et la République tchèque rejoignent l'OTAN en mars 1999. Sept nouveaux États d'Europe centrale (dont trois de l'ancienne URSS !) les suivent en mai 2004, portant à 27 le nombre de ses membres : Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovaquie, Slovénie, Roumanie et Bulgarie, malgré la promesse faite en 1989 à Mikhaïl Gorbatchev de ne pas étendre l'alliance jusqu'aux portes de la Russie (note ). 

Pour conserver leur rôle de « gendarme du monde », les États-Unis réorientent dès lors l'OTAN vers des missions élargies, au grand dam des alliés européens. C'est ainsi que, sitôt après l'attaque terroriste du 11 septembre 2001, l'alliance intervient en Afghanistan comme le bras armé de l'ONU.

Au sommet de Bucarest, en 2008, l'Albanie et la Croatie entrent à leur tour dans l'alliance, suivies en 2015 par le Monténégro. Enfin, le 4 avril 2023, c'est la Finlande qui, alarmée par l'invasion de l'Ukraine, est sortie de sa neutralité traditionnelle pour devenir le 30e membre de l'OTAN (l'Irlande, la Suisse, l'Autriche, Chypre et Malte ne font pas partie de l'alliance ; la Suède se dispose à la rejoindre).

Malgré ces élargissements successifs, Washington demeure de manière écrasante la puissance prépondérante de l'OTAN par le fait que ses dépenses militaires sont près de trois fois plus élevées que les dépenses militaires globales des autres membres (environ 730 milliards de dollars en 2019 contre 290 milliards pour les autres membres) ! 

Cette suprématie n'est pas sans rappeler celle d'Athènes au sein de la Ligue de Délos... Elle n'est guère contestée par les Européens qui se satisfont de pouvoir déléguer leur sécurité au Pentagone et d'économiser ainsi de précieuses ressources. En conséquence de quoi les armées européennes sont aussi conduites à s'équiper de plus en plus aux États-Unis par souci de compatibilité avec leur principal partenaire, au grand dam des industriels européens de l'armement (note).

Publié ou mis à jour le : 2023-04-04 16:02:01
Lucien Alexandre Marion (03-04-2012 20:57:04)

Un fait à signaler concernant l'apport du Canada. Monsieur Lester B Pearson fut le Canadien qui rédigea la Lettre de demande d'adhésion du Canada à l'OTAN. Dans l'Histoire il deviendra Premier Min... Lire la suite

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