Le 14 mai 1948, David Ben Gourion, président du Conseil national juif, proclame officiellement la naissance de l'État d'Israël.
L'événement s'inscrit dans la légalité internationale. À l'ONU (Organisation des Nations Unies), il a été prévu en effet de partager l'ancienne province ottomane de Palestine entre cet État et un État palestinien regroupant les populations de langue arabe.
Israël est le nom que s'est donné, selon la Bible, Jacob, fils d'Isaac et petit-fils d'Abraham, d'après une expression hébraïque qui signifie : « Dieu s'est montré fort ». Jacob aurait en effet combattu toute une nuit contre un homme qui se révéla être un ange envoyé de Dieu. Ses douze fils allaient former les douze tribus d'Israël.
Israël est aussi l'un des deux royaumes hébreux issus de la scission du royaume de Salomon. Ce royaume, dont Samarie était la capitale, s'opposait au royaume de Juda (capitale : Jérusalem). Ses habitants étaient appelés Israélites. Ce nom est devenu plus tard synonyme de juif ou Hébreu. À ne pas confondre avec les Israéliens, citoyens de l'actuel État d'Israël.
Depuis la prise de Jérusalem par les Romains et la destruction du Temple, une partie de la diaspora juive nourrissait le rêve d'un retour vers la Terre promise. Ce rêve prend forme en Europe à la fin du XIXe siècle sous le nom de « sionisme ». Il reçoit pendant la Grande Guerre un semblant d'appui de la part des Britanniques, avec la déclaration Balfour dans laquelle, toutefois, il n'est pas explicitement question de créer un État.
L'émigration juive vers la Palestine se développe dès l'époque ottomane. Elle se poursuit après la Première Guerre mondiale, alors que la province a été placée sous mandat britannique par la SDN (Société des Nations). Les colons juifs, réunis dans la communauté dite du Yishouv (« territoire » en hébreu), mettent en place de véritables structures étatiques sous l'égide de l'Agence juive : système de santé, centrale syndicale (Histadrout), université hébraïque, radio nationale, armée juive (Haganah)....
En plein essor économique, la Palestine voit sa population dépasser le million d'habitants entre les deux guerres mondiales. Elle attire des juifs (ils sont au total 335 000 en 1936 contre 100 000 en 1914) mais aussi des Arabes des pays voisins : pas moins de 100 000 dont les descendants sont aujourd'hui répertoriés comme Palestiniens.
Les Arabes, cependant, se résignent mal à la colonisation juive. Les violences se multiplient à l'égard des juifs, des Anglais et même des Arabes modérés. En 1929, 150 colons sont tués à Hébron et la communauté juive de la vieille ville est chassée ! Les juifs eux-mêmes se radicalisent. En 1931, des dissidents de la Haganah créent l'Irgoun Zvaï (organisation militaire nationale). Sous la direction de Zeev Vladimir Jabotinsky, elle réagit par des représailles violentes aux attentats arabes et commet elle-même des attentats aveugles, en particulier après la « grande révolte arabe » de 1937-1939.
Confrontés à la multiplication des heurts entre juifs et Arabes, les Britanniques, en position d'arbitre, de plus en plus embarrassés, commencent à songer à un partage de la province entre les deux communautés. En attendant, en 1939, ils imposent des restrictions à l'immigration légale. Qu'à cela ne tienne, les juifs développent l'immigration clandestine.
Celle-ci s'amplifie après la Seconde Guerre mondiale et la révélation de la Shoah. Les Britanniques ramènent de force en Allemagne des rescapés juifs des camps de la mort qui s'étaient embarqués sur un vieux cargo, rebaptisé pour l'occasion Exodus 47. L'opinion occidentale s'indigne.
Dans le même temps, l'Irgoun, qui avait suspendu ses activités terroristes pendant la Seconde Guerre mondiale, revient à la charge avec de nouveaux attentats contre les Anglais (le plus retentissant frappe l'Hôtel du Roi David, à Jérusalem, siège des forces britanniques, le 22 juillet 1946).
Lassé, Londres porte le problème de la Palestine devant l'Organisation des Nations Unies (ONU). Au sein de celle-ci, une majorité se dégage exceptionnellement en faveur d'un plan de partage, l'URSS et ses satellites adoptant pour des questions d'opportunité la même position que les Occidentaux. C'est ainsi que l'assemblée générale vote le 29 novembre 1947 le principe d'un partage du territoire entre deux États, l'un arabe, l'autre juif, au sein d'une union douanière, le secteur de Jérusalem et Bethléem étant quant à lui placé sous administration internationale (résolution 181).
Le mandat anglais prend fin le 14 mai 1948. Ce jour-là, conformément au plan onusien, les derniers soldats britanniques quittent la Terre sainte.
À 16 heures, au musée de Tel Aviv, sous le portrait de Theodor Herzl, David Ben Gourion (61 ans) lit un texte qui établit le nouvel État juif sous le nom d'Israël, du nom d'un ancien royaume. 37 des 38 membres du Conseil national juif signent à tour de rôle le texte. Un absent de marque : le professeur Chaïm Weizmann (74 ans), chef du gouvernement provisoire. Bloqué à New York, il lui est impossible de participer à la cérémonie. Il deviendra l'année suivante le premier président de la République d'Israël.
Le commun des mortels, y compris en Israël, voit dans l'État hébreu une compensation offerte aux Juifs par l'Europe, après la Shoah, sur le dos des Arabes...
Ce point de vue est contesté en Israël même par les héritiers du sionisme. Ils rappellent que le sionisme n'a pas attendu Hitler pour engager la construction d'une entité juive en Palestine et sont convaincus que le projet aurait de toute façon abouti. L'historien de la Shoah Georges Bensoussan, qui partage ce point de vue, note d'ailleurs que les survivants du génocide ont été accueillis sans effusion par les colons sionistes de Palestine qui les voyaient (injustement) comme des « moutons » !
Le fondement du nouvel État est la « loi du Retour » qui donne à tout juif du monde entier le droit de s'établir dans le pays.
Les Arabes (1,2 million face à seulement 650 000 juifs en 1948) ne supportent pas cette nouvelle atteinte à leur sol. Les modérés prônent un État laïc (une exception au Moyen-Orient) où pourraient vivre côte à côte juifs, chrétiens et musulmans mais qui excluerait la « loi du Retour ». Les extrémistes veulent purement et simplement rejeter les juifs à la mer. Aucun Palestinien n'accepte le partage de la province avec les intrus juifs, sous la forme de deux États distincts.
Cliquez pour agrandir La «Terre promise» est ainsi appelée dans la Bible parce qu'elle aurait été promise par Dieu à la descendance d'Abraham. C'est une étroite bande de terre sur la côte orientale de la Méditerranée, délimitée par le Jourdain et le mont Liban, qui relie l'Égypte à la Mésopotamie. Elle est occupée aujourd'hui par les États d'Israël et du Liban ainsi que les territoires de l'Autorité palestienne...
Sitôt la proclamation de l'État d'Israël, toutes les armées des pays voisins (Égypte, Syrie, Transjordanie, Irak et Liban) se ruent contre lui cependant que les habitants arabes sont appelés à fuir pour laisser la place aux éradicateurs (les Israéliens eux-mêmes les poussent à fuir par des opérations terroristes ciblées comme dans le village de Deir Yassin où des combattants de l'Irgoun massacrent une centaine de villageois le 9 avril 1948).
Dans un premier temps, l'avantage est aux agresseurs. La Légion arabe arrive à s'emparer du mur des Lamentations, haut lieu de la religion juive dans le vieux Jérusalem. Les Irakiens contournent le lac de Tibériade. Les Égyptiens s'emparent de Gaza... Tel-Aviv est menacée. Mais les juifs, bien que moins nombreux (60 000 combattants contre 80 000), se ressaisissent.
Quand les hostilités reprennent après une trêve imposée par le médiateur de l'ONU, les Israéliens arrivent enfin à refouler leurs ennemis et des armistices sont signés l'année suivante. Ils vont délimiter les nouvelles frontières d'Israël... de façon très provisoire.

Vos réactions à cet article
PHD (25-05-2018 13:51:30)
Je ne pensais pas trouver dans Hérodote de commentaires comme celui de "Louis", ouvertement "antisionistes" (c'est à dire opposés à l'existence même d'Israël et niant la légitimité du partage de 1947))...
Strange. On est assez loin de l'Histoire.
Boutté (15-05-2014 18:24:19)
Les Arabes viennent de la péninsule arabique, comme de juste et ont envahi la "terre promise" il y a plus de 15 siècles . Les Juifs y avaient habité etl'ont quittée encore auparavant. Comment arbitrer un partage équilibré entre ces deux ayant droit sauf par un "jugement de Salomon" ? Quelle que soit la sympathie que l'on puisse avoir pour Israël,il faut reconnaître que leurs droits ne valent pas plus que ceux des Celtes qui revendiqueraient les berges du Danube .
Jacques (15-05-2014 10:29:02)
Oui, Israël est un état créé "artificiellement" en 1948 pour les juifs.
Mais il ne faut pas oublier qu'à la même époque, en 1947, un état a lui aussi été créé "artificiellement" pour les musulmans : le Pakistan, avec son lot d'exodes et de massacres dont on parle peu.
Certains voudraient voir disparaitre Israël, mais qui voudrait voir disparaitre le Pakistan ?
Matthieu (15-05-2012 21:31:48)
Israêl n'a pas de frontières puiqu'elle poursuit en 2012 la colonisation de la Cisjordanie par l'implantation de colonies juives.
Louis (15-05-2008 21:57:27)
Les fondements de l'État d'Israël sont plus que discutables et en conséquence, discutés.
Se réclamer d'un retour sur un territoire 2000 ans après est déjà bien "tiré par les cheveux"...
Les Sionistes ont profité de l'après guerre,de la culpabilité des démocraties occidentales, des très puissants lobbies anglo-saxons, et d'une myriades de grandes et petites lâchetés.
Le monde arabe, encore sous tutelles, ne pouvait qu'être scandalisé par la création d'un Etat juif, sous la houlette des puissances coloniales et de la grande finance internationale.
Aujourd'hui, alors que les rapports de force démographiques, économiques et énergétiques ont radicalement changé, les conflits passés, présents et à venir entre Juifs sionistes et arabes ne cessent d'empoisonner la vie politique et économique des Occidentaux. Rappelons que les derniers conflits ont déclenché des chocs pétroliers que nos économies n'ont pas su surmonter.
L'Islamisme est nourri par les humiliations successives que les peuples arabes ont été contraints de subir de la part d'un État souvent arrogant et impérialiste, protégé par les puissants Etats-Unis d'Amérique.
Pour combien de temps encore?
Israël a des airs de citadelle assiégée;le compte à rebours a commencé le jour même de sa création. Qui voudra mourir pour cet État et ce peuple?
Louis (14-05-2007 03:37:36)
Bon resume mais qui a mon avis devrait rappeler les raisons de l'implication de la Grande Bretagne dans cette "ancienne province ottomane de Palestine" (cf premier paragraphe) et la maniere dont celle ci, les Etats Unis et les puissances occidentales ont interdit aux palestiniens de pouvoir participer aux decisions concernant leur propre pays apres que celui ci ait ete libere de la tutelle ottomane.
Il serait en particulier bon de rappeler qu'apres l'effondrement de l'empire ottoman pendant la 1ere guerre mondiale, le moyen orient continua a etre soumis aux ambitions coloniales des pays europeens, en particulier de la France et de la Grande Bretagne, et que c'est dans ce cadre que cette derniere se fit attribuer par la Ligue des Nations un mandat sur la Palestine, qui fut alors administree comme une colonie britannique, sans que ses habitants aient leur mot a dire et en violation des differentes promesses faites aux arabes pendant la guerre contre l'empire ottoman (cf divers episodes impliquant les princes Faysal et Abdallah et le fameux colonel britannque Thomas Lawrence, dit "Lawrence d'Arabie", entre autres officiels britanniques impliques dans la trahison de la parole donnee aux arabes).
A cette epoque le but de la Grande Bretagne, selon divers historiens britanniques, etait double: d'une part controler les territoires au nord est de L'Egypte et du canal de Suez, enjeu strategique tant militairement qu'economiquement, et aussi de controler le "pont terrestre" entre Mediterranee/Palestine et Golfe Persique/Mesopotamie, qui permettait a la fois de doubler le canal de Suez vis a vis de la desserte de l'Empire des Indes et aussi de controler les debouches des oleoducs a construire en provenance des champs petroliferes recemment decouverts en Mesopotamie, futur Iraq.
Il faudrait aussi rappeler que, dans le cadre de ce mandat, la GB divisa ensuite le territoire palestinien sous mandat entre d'une part, la Palestine cotiere, a l'ouest du Jourdain, et d'autre part la creation d'un nouvel etat artificiel a l'est du Jourdain, dans des etendues essentiellement desertiques, denomme initialement Transjordanie, aujourd'hui Jordanie, et concu pour servir de tampon a la fois vis a vis de la Palestine, de l'Arabie Saoudite et de la Syrie sous mandat francais (comme souvent, le gouvernement britannque montrait a cette occasion son gout pour la methode du "diviser pour regner", sans en prevoir les consequences desastreuses).
Des lors, on peut conclure qu'Israel fut cree a la faveur de la colonisation de la Palestine par la Grande Bretagne, initialement comme "foyer national juif" (cf declaration Balfour) puis comme Etat, en imposant unilateralement ces decisions fondamentales (mandat britannique, separation de la Transjordanie, creation d'Israel) aux populations arabes qui y habitaient, sans que celles ci puissent avoir voix au chapitre concernant l'organisation de leur propre pays, que ce soit de la part de la Grande Bretagne, de la part des nations qui voterent la decision a l'Organisation des Nations Unies approuvant le partage de la Palestine (dont la France), et de la part des colons juifs qui prirent l'initiative de declarer unilateralement l'Etat d'Israel le 14 mai 1948..
Il faudrait enfin mentionner que dans l'annee qui precedait le vote de l'ONU de novembre 1947 en faveur d'une partition de la Palestine, le ministere des affaires etrangeres ("State Department") des Etats Unis etait fortement en faveur du maintien d'un etat palestinien unique qui serait mis sous administration des Nations Unis en attendant que palestiniens arabes et colons juifs trouvent un accord entre eux; mais le president Truman decida in extremis d'approuver la partition de la Palestine et la creation d'un etat juif d'Israel sous la pression des groupements juifs americains, alors qu'il se trouvait en position difficile en vue de la prochaine election presidentielle, y compris, en particulier, des mauvais sondages dans l'etat le plus peuple, celui de New York ou la presence et l'influence de citoyens juifs americains etait decisive. Ce dernier point est decrit en detail dans divers ouvrages d'historiens americains et britanniques....une fois encore, et la aux Etats Unis, l'interet des habitants palestiniens etait soumis a des facteurs qui leur etaient etrangers.