25 février 1948

Le «coup de Prague»

Le 25 février 1948, le président de la République tchécoslovaque, Édouard Benès (64 ans), doit céder tout le pouvoir au parti communiste et à son président, Klement Gottwald (52 ans), après deux semaines de pressions intenses des Soviétiques.


Le film des événements de Prague,  source : INA
Mainmise sur une démocratie

De tous les pays d'Europe centrale qui ont été libérés des nazis et occupés par les Soviétiques, la Tchécoslovaquie était le seul qui avait une tradition démocratique et un parti communiste puissant. Celui-ci avait obtenu 38% des suffrages aux élections de 1946 et tenait une place importante au gouvernement.

En juillet 1947, le gouvernement tchécoslovaque accepte à l'unanimité l'octroi d'une aide américaine, dans le cadre du plan Marshall. Mais voilà que Staline y met son veto ! Il est vrai que les Tchécoslovaques n'ont guère la possibilité de lui résister, l'Armée rouge (soviétique) occupant son territoire depuis la chute du nazisme.

Là-dessus, à l'automne 1947, les communistes tchécoslovaques s'activent à tous les échelons. Ils font capoter un projet d'alliance avec la France. Le pays commence à s'isoler de l'Occident.

Une enquête policière met à jour des tentatives d'assassinat contre des dirigeants non communistes. Les communistes répliquent en dénonçant un complot de « fascistes slovaques » visant à assassiner le président Benès. Mais ils commencent à s'inquiéter d'un tassement de leur électorat.

Le ministre communiste de l'Intérieur place de jeunes militants à tous les rouages de la police. Par décret, il remplace d'un coup huit commissaires de police de la région de Prague. Jugeant que cela dépasse les bornes, les ministres non-communistes exigent le 17 février 1948 l'abrogation du décret.

Klement Gottwald annonce la prise de pouvoir de son parti à Prague, 25 février 1948Le 19 février, le parti communiste appelle ses militants à se mobiliser. Le lendemain, les ministres modérés du gouvernement mettent leur démission dans la balance en signe de protestation.

Le dimanche 22 février, tandis que le président Benès se repose à la campagne (!), plusieurs régiments de police marchent sur Prague, sur ordre du ministre de l'intérieur, et effectuent de premières arrestations.

Le mercredi 25 février, épuisé, le président de la République se laisse convaincre d'appeler Gottwald lui-même à former un nouveau gouvernement. La légalité est sauve. Dans les faits, il s'agit d'un coup d'État qui a pu réussir grâce à la naïveté des démocrates tchécoslovaques.

Le 30 mai suivant, des élections sur liste unique donnent près de 90% de suffrages aux communistes. Le 14 juin, Gottwald est porté à la présidence de la République.

Le ministre des affaires étrangères Jan Masaryk, fils d'un champion de l'indépendance de la Tchécoslovaquie (1918), est retrouvé mort sous les fenêtres de son appartement, le 10 mars 1948, sans doute tué pour s'être opposé au coup d'État. Édouard Benès, autre champion de l'indépendance tchécoslovaque, s'éteint le 3 septembre 1948.

Le pays plonge dans l'obscurantisme pour quarante ans, sauf une brève parenthèse à l'occasion du « printemps de Prague » de 1968.

Menace de conflagration mondiale

À l'Ouest, le coup de Prague est perçu comme un premier pas vers une troisième guerre mondiale. En Allemagne, les zones d'occupation alliées évoluent chacune de leur côté et Staline tente, mais en vain, d'asphyxier Berlin-Ouest par un blocus terrestre.

Le 4 avril 1949 est signé le traité de fondation de l' OTAN, alliance militaire de toutes les démocraties occidentales. La guerre froide entre dans une phase active et durera jusqu'à la fin des années 80.

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2019-06-20 18:35:34

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