Le 10 juillet 1947, un vieux bateau panaméen (President Warfield) appareille du port languedocien de Sète avec à son bord 4551 juifs d'Europe centrale, rescapés des camps de la mort et dotés de passeports en règle. Il va mettre en émoi toutes les chancelleries du monde occidental...
En pleine mer, le bateau, qui a été affrété par l'organisation sioniste clandestine Haganah, change son nom pour celui d'Yetzia Europa (Exode de l'Europe, plus connu dans sa version anglaise : Exodus 47). Il arbore le drapeau marqué de l'étoile de David et se dirige vers la Palestine, encore sous mandat britannique. Londres, sous la pression des Arabes, tente d'interdire le territoire aux immigrants juifs.
Fruit d'une provocation délibérée, l'Exodus 47 ne se cache pas. Il est arraisonné en vue des côtes palestiniennes par la marine britannique. Deux passagers et un membre d'équipage sont tués.
Dans le port de Haïfa, les autres passagers sont transférés sur trois bateaux cages et renvoyés vers le port français de Port-de-Bouc. Les autorités françaises refusent de les faire débarquer de force et la plupart des passagers choisissent de demeurer sur le bateau et d'entamer une grève de la faim malgré l'asile politique offert par Paris.
Au bout de trois semaines, craignant les réactions de l'opinion publique, les Britanniques redirigent les bateaux vers Hambourg, dans leur zone d'occupation en Allemagne. Ils débarquent les passagers les 8 et 9 septembre 1947 au prix de grandes violences et les dirigent vers des camps de personnes déplacées. Il s'ensuit des grèves de la faim et des révoltes dans les différents camps.
L'affaire suscite une immense émotion dans tout l'Occident et, comme le souhaitait la Haganah, elle va convaincre Londres de se sortir au plus vite du bourbier palestinien. Six mois plus tard sera fondé l'État d'Israël.
Vos réactions à cet article
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Jean Loignon (09-07-2023 12:13:14)
La mémoire de l'Exodus a été passablement éclipsé par le roman éponyme de Léon Uris (1950) qui, à partir du même contexte, imagine une toute autre histoire. Lequel livre inspire le film "Exod... Lire la suite
Jacques Boutté (02-06-2010 11:26:46)
Le jugement du Général De Gaulle était juste et ce qui est permis aux uns ne l'est pas forcément aux autres .Votre parallèle est judicieux .Allant plus loin,cependant, j'aimerais connaître l'inv... Lire la suite