17 octobre 1945

Jour de gloire pour Perón et Evita

Le 17 octobre 1945, en Argentine, le colonel Juan Domingo Perón est sorti de prison sous la pression des syndicats et de sa maîtresse Evita. C'est le début d'une aventure politique foudroyante qui va nourrir un mythe durable. Elle va aussi contribuer à dilapider la richesse accumulée par l'Argentine à la faveur de la Seconde Guerre mondiale.

Ce jour reste pour les péronistes argentins « el Día de la lealtad » (le jour de la fidélité).

Un pays plein de promesses

Le colonel Juan Domingo Perón a fait une carrière militaire banale et séjourné longtemps à l'étranger, notamment dans l'Italie de Mussolini où il s'est initié aux outils de la dictature.

De retour dans son pays, il participe au coup d'État militaire du 4 juin 1943. Habilement, il choisit au gouvernement le ministère du Travail qui va lui permettre de cultiver sa popularité. Il cumule un peu plus tard le ministère de la Guerre et la vice-présidence de la République.

Le pays s'est considérablement enrichi pendant la Seconde Guerre mondiale en alimentant les belligérants avec ses énormes ressources en céréales et en viande. L'État, grâce à des recettes fiscales importantes, a les moyens de mener une politique sociale audacieuse et Perón ne va pas s'en priver...

À l'occasion d'un bal de charité organisé pour secourir les victimes d'un tremblement de terre, le ministre-colonel, veuf de 50 ans, fait la connaissance d'une demi-mondaine de 25 ans, Eva Duarte, danseuse de cabaret, actrice et animatrice de radio. Usant de la radio, elle va mettre son immense talent d'oratrice au service de Perón ou plutôt se servir de lui pour se hisser au sommet du pouvoir et de la gloire, devenant de son vivant même une légende.

Perón devient rapidement très populaire et ses collègues modérés le déposent le 9 octobre 1945 et le font incarcérer. Sa maîtresse prend alors activement sa défense à la radio et émeut son auditoire composé de travailleurs modestes. Elle les appelle à se mobiliser en masse devant le palais présidentiel, la Casa Rosa. Deux millions d'Argentins répondent à son appel le 17 octobre et sous leur pression, le gouvernement ne peut rien faire d'autre que de libérer Perón.

Peron et Eva Duarte se marient le 22 octobre 1945Le lendemain, la Prensa, principal quotidien du pays, évoque avec mépris les manifestants qui pour beaucoup avaient enlevé leur chemise du fait de la chaleur. Il les surnomme les « descamisados » (les « sans-chemises »).

Eva bondit sur l'occasion et dans un discours mémorable, commence par ces mots qui vont droit au coeur de ses humbles sympathisants : « Mes chers descamisados !... ».

Le mot va faire fortune et devenir l'appellation ordinaire des prolétaires argentins.

Après avoir bourgeoisement épousé sa maîtresse, Perón est élu haut la main à la présidence de la République par les parlementaires le 26 février 1946.

Sus aux riches et aux Américains !

La nouvelle présidente, qui est désormais appelée affectueusement Evita, devient à la fois une madone et une star..

Perón, de son côté, nationalise la banque et les assurances, ainsi que les chemins de fer et les grands domaines. Il lance une ambitieuse politique industrielle. Il impose aux entrepreneurs de fortes augmentations de salaires et multiplie les emplois publics dans l'administration.

Tout cela en frappant d'impôts et de taxes les propriétaires terriens qui assurent la prospérité du pays par leurs exportations agricoles !

L'État argentin, sur le modèle soviétique, s'attribue le monopole du commerce extérieur. Il achète aux céréaliers et aux éleveurs leur production à un prix arbitrairement très bas et profite des cours mondiaux très élevés dans le monde d'après-guerre pour réaliser de très confortables plus-values. Celles-ci financent pour une part la politique sociale du gouvernement et d'autre part nourrissent une corruption à grande échelle. 

La doctrine péroniste, appelée « justicialisme », va assurer une popularité inouïe à Perón et plus encore à sa jeune épouse. Mais elle va très vite aussi détruire les fondements de l'économie nationale, l'agriculture et l'élevage, pressurés au profit du secteur industriel et des administrations publiques.

Désillusions

Le 26 juillet 1952, Evita, à peine âgée de 33 ans, meurt d'un cancer de l'utérus après une longue agonie vécue en communion avec tous les Argentins. Après sa disparition, Perón n'est plus que l'ombre de lui-même. Confronté aux conséquences de sa désastreuse politique (chômage, corruption, ruine de l'agriculture, affaiblissement de la monnaie...), il est finalement renversé par le coup d'État du général Leopardi le 19 septembre 1955.

Publié ou mis à jour le : 2019-07-09 11:30:58
jver (20-11-2023 17:00:53)

J'étais gosse alors! A la mort d'Evita Peron, il était question de la canoniser. Il y a toujours, à Bordighera, au bord de mer, le long du Largo Argentina, une place Evita Peron! Mais Peron a-t-il fait autant de mal que les Chicago Boys?

Nito (24-07-2017 17:40:23)

Le général qui a dirigé le coup d'état de 1955 ne s'appelait pas Leopardi mais Lonardi.

Richard Jeanmonod (11-10-2015 17:50:01)

Juste pour dire que de 1945 à 2015 cela ne fait que 70 ans et non, comme mentionné dans le courriel, 90 ans. A bon entendeur.

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