9 mars 1945

Les Japonais s'emparent de l'Indochine

Le 9 mars 1945, les Japonais attaquent les garnisons françaises d'Indochine. Ils portent ainsi un coup fatal à la présence coloniale de la France dans le Sud-Est asiatique.

La France évincée

Les Japonais en guerre contre la Chine ont profité de la défaite de la France face à Hitler pour occuper l'Indochine française. Le 25 septembre 1940, ils soumettent les troupes françaises d'Indochine mais laissent en place l'administration coloniale et le gouverneur général nommé par le gouvernement de Vichy, l'amiral Jean Decoux.

Celui-ci maintient vaille que vaille la présence française dans cette colonie du bout du monde et préserve la sécurité de ses habitants, cependant que l'occupant met l'Indochine en coupe réglée et exploite le caoutchouc naturel (15% des exportations mondiales en 1939).

Les troupes coloniales françaises se retirent à la frontière chinoise lors du coup d'Etat japonais de mars 1945, Paris, BnF.

Vers le chaos

Cinq ans plus tard, repoussés de partout par la contre-offensive américaine, les Japonais craignent que des Français venus de la métropole ne tentent de les chasser aussi du réduit indochinois.

C'est ainsi que le 9 mars 1945, ils attaquent avec brutalité les garnisons françaises encore présentes sur place. On compte pas moins de 2.650 morts parmi les Français, dont le général Émile Lemonnier commandant de la 13e brigade de Langson. Le général a refusé à deux reprises de signer une capitulation sans conditions. Il est décapité au sabre le 10 mars (à Paris, l'avenue située entre le Louvre et les Tuileries honore sa mémoire).

3.000 prisonniers rejoignent les camps de la mort, dont celui de Hoa-Binh. Parmi les 19.000 civils français, 3.000 sont aussi internés et parfois torturés. Les autres sont astreints à résidence forcée sous la férule de la Kempeitai (la police politique de l'armée impériale nippone).

Cependant, le leader communiste-nationaliste Hô Chi Minh dénonce la tutelle japonaise le 10 août 1945 et proclame l'indépendance de la République démocratique du Viêt-nam (on écrit aussi Vietnam).

Dans le même temps, comme pour ajouter à la confusion qui règne sur le terrain, les Alliés réunis à Potsdam projettent de couper en deux la péninsule indochinoise suivant le 16e parallèle (future frontière entre Nord- et Sud-Vietnam). Le maintien de l'ordre reviendrait au nord de cette ligne aux Chinois nationalistes de Tchang Kai-chek, au sud aux Britanniques !

Une tentative de reconquête

Le général Charles de Gaulle, qui dirige le gouvernement provisoire de la République française, met tout en oeuvre pour restaurer la souveraineté de la France sur ses colonies d'outre-mer. Il veut effacer le souvenir de la défaite de 1940 et restaurer en tous lieux la grandeur de son pays. Il veut aussi couper court à d'autres tentatives indépendantistes au sein de l'Empire colonial.

Dès le 24 mars 1945, il déclare son intention de constituer en Indochine une fédération de colonies et de protectorats qui comprendrait les trois provinces du Viêt-nam (les trois Ky : Tonkin, Annam et Cochinchine) ainsi que le Cambodge et le Laos.

Des soldats français sous les ordres du lieutenant-colonel Jacques Massu s'emparent le 23 septembre de Saigon, capitale de la Cochinchine (le Viêt-nam du sud). Leur entreprise est facilitée par la capitulation officielle du Japon trois semaines plus tôt.

Quelques jours plus tard arrive un corps expéditionnaire sous les ordres du général Leclerc de Hauteclocque, héros de la Libération nommé par de Gaulle commandant en chef des troupes d'Extrême-Orient, sous les ordres de l'amiral Georges Thierry d'Argenlieu, gouverneur général d'Indochine.

À sa manière audacieuse, Leclerc chasse Japonais et Chinois du Vietnam et du Cambodge. Il fait une entrée triomphale à Hanoï le 18 mars 1946...

Publié ou mis à jour le : 2022-03-10 08:31:29
Benoit de Bien (17-03-2015 17:08:14)

je trouve le commentaire de Louis tout à fait pertinent mais à nuancer par le fait que la débacle de 1940 imprégnant encore les esprits, obscurcisait les vues à terme de nombre de responsables.

cpalbi (11-03-2015 21:30:29)

J'ai entendu de plusieurs sources l'évocation de la "saint Barthélémy" une mauvaise manière japonaise pour éliminer des officiers français réunis au prétexte d'une réception commune.
Qu'en est-il aux yeux des historiens?

Louis (05-03-2013 19:44:22)

En 1945, les autorités françaises n'ont pas encore compris qu'une époque était révolue: au lieu de lâcher prise, Paris a fait les pires choix possibles, avec au bout le désastre de Dien Bien Ph... Lire la suite

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