Dans la nuit du 13 au 14 février 1945, la ville de Dresde est victime du plus brutal bombardement aérien de la Seconde Guerre mondiale (à l'exception de Tokyo, Hiroshima et Nagasaki).
Dès le début du conflit, le Premier ministre britannique Winston Churchill confie au « Bomber Command » de la Royal Air Force la mission de détruire les sites stratégiques de l'ennemi. Il veut de cette façon relever le moral de ses concitoyens, durement affecté par les attaques aériennes sur les villes anglaises (le « Blitz »).
Le « Bomber Command » lance d'abord des attaques sur des sites stratégiques uniquement (zones industrielles et noeuds de communication). Cependant, ces attaques ciblées se révèlent de plus en plus coûteuses et inefficaces.
Le Premier ministre place alors le général Arthur Harris à la tête du «Bomber Command» et, le 14 février 1942, autorise les bombardements massifs étendus aux zones urbaines. Churchill espère de cette façon dresser la population allemande contre Hitler...
1,35 million de tonnes de bombes seront au total déversées sur l'Allemagne par les Anglo-Saxons. Un rapport américain estime le nombre de victimes à 305 000 morts et 780 000 blessés (note). La France occupée n'est pas épargnée. Elle reçoit 0,58 million de tonnes de bombes qui auraient causé 20 000 morts.
Dresde marque le paroxysme de cette stratégie. L'ancienne capitale du royaume de Saxe est surnommée la « Florence de l'Elbe » en raison de ses richesses artistiques et architecturales. Dans les dernières semaines de la guerre, l'afflux de réfugiés hisse sa population de 600 000 habitants à près d'un million.
Le bombardement des 13 et 14 février 1945 survient alors même que ces réfugiés tentent d'oublier les horreurs de la guerre dans un carnaval improvisé.
Au total, en quinze heures, 7000 tonnes de bombes incendiaires tombent sur Dresde, détruisant plus de la moitié des habitations et le quart des zones industrielles.
Une grande partie de la ville est réduite en cendres et avec elle environ 35 000 personnes, dont 25 000 ont été identifiées. Beaucoup de victimes disparaissent en fumée sous l'effet d'une température souvent supérieure à 1000°C.
L'évaluation actuelle de 35 000 morts (dont 25 000 corps identifiés) résulte des travaux d'une commission d'historiens mandatée par la ville de Dresde. Le chercheur allemand Jörg Friedrich, qui n'est pas tendre pour les Alliés, fait état de 40.000 morts dans son livre Der Brand (L'incendie).

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Lizzie (12-02-2025 22:07:26)
c'est abominable, comme tout massacre de civils
castel (12-02-2023 13:40:13)
M. Despignes , 20000 morts est le nombre de victimes dans la seule Normandie. M. Burot, le traitement de l'Allemagne après l'armistice de 1918 n'a pas été "ignoble" au regard des destructions antérieures (volontaires en 1918) de la France du Nord-Est. L'erreur a été de n'occuper que la Rhénanie en laissant croire aux autres régions d'Allemagne que leur pays avait été traité injustement puisqu'il n'avait pas perdu la guerre (De Gaulle lui-même a émis cette critique). Surtout une zone tampon permanente sous contrôle allié entre le Rhin et la frontière française a été refusé à Versailles par les anglo-américains, suite à quoi Foch a déclaré à propos du traité "Ce n'est pas une paix. C'est un armistice pour 20 ans" (lire "comment perdre une bataille" par A.Horne p28-29. Conclusion : le traité de Versailles a trop bien traité l'Allemagne.
Churchill a pris au cours de sa vie des décisions irréfléchies néfastes. Sans remonter à Gallipoli, l'accord donné par lui d'envoyer en France des spitfires pour couvrir l'armée française en mai-juin 1940 fut repris peu après pour assurer la défense de l'Angleterre, alors que ces chasseurs étaient peu vulnérables aux canons allemands et que la perte qu'ils auraient occasionnée aux bombardiers adverses auraient réduit ultérieurement les bombardement sur l'île. Surtout les attaques inutiles de Mers el Kébir et de Madagascar n'eurent pour effet que de braquer les militaires français au lieu de favoriser leur résistance à l'Allemagne. Les bombardements de Royan, du Havre ou de Dresde ont été de la même veine vengeresse, alors qu'ils n'ont tué que des civils français dont à Dresde beaucoup de réfugiés de toutes nationalités qui fuyaient l'avance de l'armée rouge. La sœur de ma mère, enceinte de 6 mois, qui avait voulu suivre son jeune époux au STO en s'engageant comme soignante, y a disparu sans jamais être comptabilisée comme des milliers d'autres gens que les Britanniques ont voulu occulter dans le décompte des morts.
Romain (14-02-2021 13:10:58)
Tous les bomardements etaient pour liquider les enemis mais pourquoi moi ne en 1954 je n'ai pas eu la chance de voir mes deux tantes FRANCAISES ne a cote de Metz mais heueusement ma mere etait en Charente avec tous les alsaciens et lorrains evacues par les boches!!!!
HuGo (21-06-2018 04:40:48)
Bonjour,
Vous pouvez aussi rajouter que Dresden était alors la seule grande ville allemande SANS installations militaires ; à part un grand centre... hospitalier, soignant principalement les milliers de "gueules cassés" et amputés de la campagne de Russie...............
Et, aussi, que "pour finir le job", la chasse anglaise est passée, repassée plusieurs fois pour mitrailler ceux qui se jetaient dans l'Elbe pour tenter de survivre ((comment y parvenaient-ils, alors que le goudron bouillait dans les rues???)).
Comme disait Franz Kafka en 1919, "£a guerre a ouvert les écluses du mal".
Erik (14-02-2015 15:48:01)
Il est absurde de tenter de coller des jugements moraux sur des faits de guerre.
druhen-charnaux (11-02-2015 21:40:09)
Monsieur Roland Blond, puis-je me permettre une remarque ? Certes, on trouve bien dans le livre d'Osée l'affirmation : "qui sème le vent .... récolte la tempête", mais la tempête n'est pas l'apocalypse ! Il faut de la mesure en tout ! Heureusement.
Claude (11-02-2015 12:58:36)
Merci, M. Guyard. Vous évoquez entre autres l'échec de la stratégie consistant à forcer un "divorce" entre la population allemande et Hitler par ces bombardements. Dans ses mémoires, Churchill confirme qu'il s'est aperçu de cet échec, mais a forcé la poursuite des opérations conre les civils, afin de maintenir intact chez les Britanniques l'esprit de vengeance -et donc de poursuite de l'effort de guerre- consécutif aux bombardements allemands contre Coventry et Londres. Cynisme efficace, mais lourd de conséquences massivement criminelles chez ce grand homme d'Etat. Je suis entièrement d'accord avec les commentaires précédents sur le déséquilibre flagrant dans la pénalisation des crimes de guerre après 1945.
Fugier Gaston (28-12-2014 20:10:05)
Kurt Vonnegut Jr. est l'un des sept rescapés américains, sauvés pour s'être enfermés dans une cave d'abattoir (Slaghterhouse Five). Les autorités nazies l'affectent à la récupération des cadavres pour la fosse commune, mais leur nombre est tellement important que l'ouvrage des bombes dut être terminé au lance-flamme.
C'est la vie.
Passablement traumatisé par cette expérience, Kurt Vonnegut Jr. essaya pendant des années de sortir son livre sur le bombardement de Dresde, sans toutefois parvenir à en écrire un seul mot. C'est seulement en 1969 qu'il abordera cette étape marquante de sa vie dans un roman de Science-Fiction (en est-ce vraiment?), Abattoir 5 ou La Croisade des Enfants.
Son livre est périodiquement mis à l'index dans quelques lycées américains, par exemple au Missouri, au nom de la bienséance.
Blond Roland (26-09-2013 15:13:16)
Qui sème le vent...........
juan (14-02-2012 09:53:01)
Un livre intitulé "LA VILLE AUX TOITS VERTS", relate ces bombardements. J'ai visité Dresde qui a été entièrement reconstruite après la guerre dont l'opéra d'après les plans originaux qui avaient pu être sauvegardé.J'ai fait une thèse universitaire sur ce sujet . Il faut savoir qu'un tribunal de la RDA avait jugé et condamné comme criminels de guerre,les deux généraux anglais qui avaient ordonné ces bombardements les 11,12 et 13 février 1945, alors que la guerre était sur le point de s'achever.
Il faut dire les vérités historiques.
Salutations.
david Burot (17-06-2007 19:57:58)
il est bien évident qu'un tapis de bombes sur qui que se soit,est absolument ignoble....aussi ignoble que les conditions de l'armistice de 1918 qui a créé les bases du deuxieme conflit mondial,merci les criminels de paix.....
Despignes (24-06-2006 00:44:45)
Je suis particulièrement surpris par le chiffre de 20 000 morts pour le nombre des victimes civiles des bombardements anglo-américains sur la France. Ce chiffre est en réalité de l'ordre de 70 000 morts. Le seul bombardement du Havre, ville rasée avec la parfaite connaissance des alliés de l'absence de force militaire allemande, a fait 3 000 morts. Au point que l'on peut se demander si les Alliés ne considéraient pas la France non comme un territoire occupé mais comme un territoire ennemi compte tenu de la barbarie des bombardements visant délibérément les populations civiles.
Leclerc (24-06-2006 00:18:44)
M. Feinerman, pouvez-vous définir ce qu'est un "vrai historien" ? Le fait que David Irving ait été condamné prouve-t-il que tout ce qu'il a écrit est faux ? Un historien qui aurait soutenu dans les années 50 que les massacres de Katyn étaient le fait des Soviétiques, en opposition avec l'histoire officielle de l'époque, méritait-il d'être condamné ?
La vérité n'est-elle pas assez forte pour contredire les historiens qui font fausse route sans avoir besoin de les condamner à la prison ? Et en quoi ces condamnations sont-elles compatibles avec l'article 19 de la déclaration des droits de l'homme ?
En quoi d'autre part est-il malveillant de dire que le but avoué des Soviétiques était l'occupation de toute l'Europe occidentale ?