Le 1er août 1944, à Varsovie, la résistance intérieure polonaise, déclenche un soulèvement contre l'occupant allemand.
Trompant l'espoir des combattants, qui comptaient sur son soutien, l'armée soviétique s'arrête sur les bords de la Vistule et laisse aux Allemands le temps de liquider l'insurrection, réputée antirusse et anticommuniste, autant qu'antiallemande et antinazie !
Amère désillusion
Après cinquante-huit mois de terreur nazie, les premiers signes de la débâcle allemande donnent des ailes aux habitants de la capitale et donc aux militants d'une armée du peuple en symbiose avec toutes les couches de la nation. L'arrivée des troupes soviétiques se fait par ailleurs imminente et Radio-Moscou presse le «peuple frère» de prendre les armes en lui promettant le soutien de l'Armée rouge.
Les chefs de l'Armée intérieure (AK), autrement dit l'organisation de résistance, croient que cette donne politique favorable peut transformer la donne militaire. Leur calcul va se révéler désastreux du fait de la duperie soviétique.
Un moment déstabilisés par l'insurrection, les Allemands dépêchent des renforts massifs tandis que les Russes, parvenus de l'autre côté de la Vistule, reçoivent l'ordre d'attendre que les insurgés se fassent anéantir. Les aérodromes sous contrôle soviétique sont même fermés pour empêcher tout secours occidental.
Restés maîtres des faubourgs, les SS y accomplissent en représailles des horreurs rarement égalées dans l'histoire, rassemblant les civils dans les caves des immeubles et y mettant le feu, égorgeant ou mitraillant les malades et le personnel des hôpitaux : du 5 au 7 août, plus de 50.000 habitants du seul quartier de Wola sont ainsi massacrés.
Les insurgés tiennent pendant soixante-trois jours. Certains bastions ne se sont toujours pas rendus quand la capitulation est ordonnée le 2 octobre, après 63 jours de combat. Les membres de l'AK sont emmenés en captivité en Allemagne.
Quant aux civils, terrés depuis deux mois dans les caves, en proie à la faim, à la soif et aux épidémies, ils sont évacués manu militari et, pour nombre d'entre eux, déportés. Le bilan de la bataille de Varsovie, entre 220.000 et 250.000 morts en deux mois et une capitale rasée à 85%, est l'un des plus lourds du second conflit mondial.
Le 17 janvier 1945, cinq mois après le début de l'insurrection, l'Armée Rouge se décide à entrer dans la capitale polonaise. Il ne s'y trouve plus personne susceptible de contester l'autorité des nouveaux occupants. Les communistes polonais n'ont aucune peine à s'installer au pouvoir.

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Liger (12-07-2019 10:42:24)
Correction : " ... ce qu'ils considéraient comme le territoire de la Pologne (en gros, à l'OUEST [et non " l'est "] de la " Ligne Curzon "), les Soviétiques ... " Avec toutes mes excuses pour cett... Lire la suite
Liger (12-07-2019 00:28:58)
Sous réserve de l'avis de personnes connaissant mieux l'Histoire, il me semble que le livre de George Bruce " L'insurrection de Varsovie - 1er août 1944 " (Éd. Laffont, coll. Ce jour-là, 1973) rest... Lire la suite
Albert (24-08-2009 21:08:09)
Il est dommage que cet article ne mentionne pas la tentative désespérée que le général Berling, chef des troupes polonaises de l'armée rouge (armée populaire polonaise), fit pour aider ses compatriote... Lire la suite