1er août 1944

Les résistants de Varsovie se soulèvent

Le 1er août 1944, à Varsovie, la résistance intérieure polonaise déclenche un soulèvement contre l'occupant allemand.

Trompant l'espoir des combattants, qui comptaient sur son soutien, l'armée soviétique du général Rokossovski s'est arrêtée deux jours plus tôt sur les bords de la Vistule, à 25 kilomètres à l'Est. Elle laisse aux Allemands le temps de liquider l'insurrection, réputée antirusse et anticommuniste, autant qu'antiallemande et antinazie !

Élisabeth G. Sledziewski (Université de Strasbourg)
Varsovie en 1948 (DR)

Amère désillusion

Après cinquante-huit mois de terreur nazie, de rafles, de déportations, de pendaisons, de fusillades quotidiennes, les premiers signes de la débâcle allemande, perçus fin juillet, donnent des ailes aux habitants de la capitale et donc aux militants d'une armée du peuple en symbiose avec toutes les couches de la nation. L'arrivée des troupes soviétiques se fait par ailleurs imminente et Radio-Moscou presse le « peuple frère » de prendre les armes en lui promettant le soutien de l'Armée rouge.

Les chefs de l'Armée intérieure (AK), autrement dit l'organisation de résistance, et notamment le général Bor-Komorowski, croient que cette donne politique favorable peut transformer la donne militaire.

Longtemps divisés sur l'opportunité d'une insurrection, ils se rallient à l'ambition optimiste de devancer de quelques jours l'entrée des Russes... en somme, de libérer Varsovie selon le scénario qui allait réussir à Paris trois semaines plus tard.

Une idée folle ? Autant que celle que Rol-Tanguy, de Gaulle et Leclerc surent imposer aux Américains. À ceci près que les renforts salvateurs attendus par les patriotes polonais n'étaient pas de vieux frères d'armes, comme les soldats US pour les Français, mais un ennemi séculaire, devenu un implacable adversaire de classe depuis la guerre soviéto-polonaise de 1920 et un vainqueur criminel depuis l'invasion de la Pologne par l'Armée rouge en septembre 39

Leur calcul va se révéler désastreux du fait de la duperie soviétique.

Un moment déstabilisés par l'insurrection, les Allemands dépêchent des renforts massifs tandis que les Russes, parvenus de l'autre côté de la Vistule, reçoivent l'ordre d'attendre que les insurgés se fassent anéantir. Les aérodromes sous contrôle soviétique sont même fermés pour empêcher tout secours occidental.

Restés maîtres des faubourgs, les 20 000 SS et soldats du général Erich von dem Bach-Zelewski y accomplissent en représailles des horreurs rarement égalées dans l'histoire, rassemblant les civils dans les caves des immeubles et y mettant le feu, égorgeant ou mitraillant les malades et le personnel des hôpitaux : du 5 au 7 août, plus de 50 000 habitants du seul quartier de Wola sont ainsi massacrés par la brigade SS Dirlewanger.

Le 25 août, les Allemands entament vers le centre de la ville une contre-attaque méthodique. Sous un déluge de feu, les insurgés tiennent héroïquement.

Certains bastions ne se sont toujours pas rendus quand la capitulation est négociée le 2 octobre, après 63 jours de combat. Les survivants de l'AK bénéficiant d'un statut de prisonnier de guerre sont emmenés en captivité en Allemagne.

Quant aux civils, terrés depuis deux mois dans les caves, en proie à la faim, à la soif et aux épidémies, ils sont évacués manu militari et, pour nombre d'entre eux, déportés.

Dédié à la mémoire de l'insurrection de Varsovie en 1944, le monument de l'insurrection de Varsovie est l’œuvre du sculpteur Wincenty Kućma et de l'architecte Jacek Budyn. Il a été inauguré le 1ᵉʳ août 1989.

Le bilan de la bataille de Varsovie est l'un des plus lourds du second conflit mondial : entre 220 000 et 250 000 morts en deux mois, dont vingt mille combattants, et une capitale rasée à 85%.

Le 17 janvier 1945, cinq mois après le début de l'insurrection, l'Armée Rouge se décide à entrer dans la capitale polonaise. Elle traque les membres de l'AK qui pourraient encore s'y trouver de sorte qu'il ne se trouve bientôt plus personne susceptible de contester l'autorité des nouveaux occupants. Les communistes polonais n'ont aucune peine à s'installer au pouvoir.

Une reconstruction à l'identique

Le Palais royal de Varsovie en 1945Le 11 octobre 1944, après que les derniers résistants eurent déposé les armes, les Allemands entreprennent de raser Varsovie jusqu'au sol !
Le Palais royal de Varsovie après sa reconstructionLes Polonais, dès la fin de la guerre, décident de reconstruire à l'identique le centre de leur capitale.
Ils utilisent les témoignages et les illustrations anciennes, y compris des peintures du peintre vénitien Canaletto, pour restituer l'atmosphère de l'époque de la Renaissance.
On peut voir ici le palais royal à l'issue du soulèvement et dans son état actuel...

Publié ou mis à jour le : 2019-08-01 17:53:27

Voir les 5 commentaires sur cet article

Liger (12-07-2019 10:42:24)

Correction : " ... ce qu'ils considéraient comme le territoire de la Pologne (en gros, à l'OUEST [et non " l'est "] de la " Ligne Curzon "), les Soviétiques ... " Avec toutes mes excuses pour c... Lire la suite

Liger (12-07-2019 00:28:58)

Sous réserve de l'avis de personnes connaissant mieux l'Histoire, il me semble que le livre de George Bruce " L'insurrection de Varsovie - 1er août 1944 " (Éd. Laffont, coll. Ce jour-là, 1973) ... Lire la suite

Albert (24-08-2009 21:08:09)

Il est dommage que cet article ne mentionne pas la tentative désespérée que le général Berling, chef des troupes polonaises de l'armée rouge (armée populaire polonaise), fit pour aider ses comp... Lire la suite

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