9 juin 1944

Le massacre de Tulle

Le 9 juin 1944 est un jour de grand deuil pour Tulle. 99 otages, des hommes de seize à soixante ans, sont pendus aux réverbères et aux balcons de la ville par les soldats de la Panzerdivision SS Das Reich du général Heinz Lammerding, établie à Montauban.

Trois jours après le débarquement des Alliés sur les plages de Normandie, les troupes d'occupation veulent de la sorte terroriser la population et dissuader les maquis de la région d'entraver leurs déplacements.

Les « maquisards » s'emparent de Tulle

Enclavée dans une cuvette au coeur du Massif Central, la petite préfecture de la Corrèze avait toutefois un rôle stratégique du fait de sa situation à proximité de deux voies majeures de communication majeures, l'une Est-Ouest (Lyon-Bordeaux), l'autre Sud-Nord (Toulouse-Paris). Aussi la Résistance était-elle très active dans la région : désorganisation du trafic ferroviaire du réseau téléphonique, attaques de convois...

Le commandant des FTP (Francs-Tireurs-Partisans, communistes), Jacques Chapou, dit « Kléber », décide même de s'emparer de Tulle avec plusieurs centaines d'hommes. C'est la première initiative de ce genre, jamais les résistants ne s'étant hasardés jusque-là à attaquer un centre urbain. L'attaque débute le 7 juin à l'aube. Les Allemands finissent par se rendre dans l'après-midi, dans la plus grande confusion. Ils ont 149 tués et quarante blessés. Certains blessés sont achevés par les résistants.

Las, dès le soir, de premiers chars allemands font leur entrée à Tulle en trois lieux différents. Les maquisards, faute d'artillerie et d'armes en nombre suffisant, se replient aussitôt.

Répression allemande

Heinz Lammerding (27 août 1905, Dortmund - 13 janvier 1971, Bad Tölz)Le 9 juin au matin, la ville est investie par les Allemands qui s'empressent de parquer dans la cour de la manufacture un total de trois mille hommes, le reste de la population restant cloîtrée chez elle.

Quand ils découvrent les corps de quarante des leurs qui auraient été délibérément suppliciés par les maquisards, ils ordonnent la pendaison de cent vingt otages. 

Les SS font dans la cour de la manufacture un premier tri de quatre cents hommes.

Les pendaisons débutent vers 16 heures. Sous les yeux des autres prisonniers et également de quelques notables de la ville, dont le maire, les malheureux sont conduits par groupes de dix au pied des noeuds coulants, encadrés par deux Allemands. Ils sont poussés à tour de rôle sur une échelle ou un escabeau et meurent pour la plupart dans une terrible agonie. Sans raison apparente, les SS s'arrêtent au 99e supplicié. 

Le lendemain, un détachement de la même division SS entre dans la cité d'Oradour-sur-Glane...

Publié ou mis à jour le : 2019-08-12 17:23:38
Claude Edouard (22-09-2024 16:22:49)

L'histoire de la prise de Tulle par les FTP n'est pas très claire. Chacun des participants n'a vu qu'une partie des événements. En revanche, la répression a malheureusement été visible par tout le monde. On ne peut qu'en condamner la barbarie. Néanmoins, nous devons examiner les faits à la lumière d'une guerre à laquelle j'ai eu le triste honneur de participer: une guerre oubliée, la guerre d'Algérie.

Ernestine (11-06-2024 00:32:45)

Je rejoins Ty Bihan dans sa critique de Monsieur Boutté. Je regrette infiniment que Monsieur (ou Madame) Boutté rejoigne le discours vychiste pour condamner les résistants D'une part, les groupes SS voire du Sicherheitsdienst (SD) opérant en même temps que la Wehrmacht n'étaient pas une "armée (conventionnelle) en campagne", mais bien des troupes d'assassins entraînés à torturer et tuer (pour l'Europe de l'Est, voir les analyses de Christian Ingrao). D’autre part, Dans le camp de concentration de Dora-Mittelbau, ce sont les communistes qui ont organisé la résistance au sein de l'organisation régulière du camp, car eux avaient le moral alors que d’ autres détenus ayant perdu leur moral étaient qualifiés de "muselmänner" ( voir Primo Lévi, si j'étais un homme). Certains survivants, non communistes, en ont témoigné après leur libération. Et si dans la France de De Gaulle, c'est Oradour sur Glane qui est devenu le village martyre des exactions des meurtriers nazis (je rappelle ici, que lors des procès de Nuremberg, les crimes nazis ont été traités de crime contre l'humanité, en particulier dans le Vercors - Allez, cher "Monsieur Boutté" sur la page https://museedelaresistanceenligne.org/media976-Les-pendus-de-la-Mure-Vassieux-en-Vercors, qui présente la photo de deux hommes pendus " avec cette légende: “La photo représente un exemple des exactions allemandes dans le Vercors. Elle est une des plus connues. Par un système de cordes et de planche, les deux hommes, épuisés, se sont pendus mutuellement. Les corps n'ont été découverts qu'une quinzaine de jours après la pendaison par le groupe dirigé par Jean Veyer de Die.” Je ne sais pas si Jean Veyer était “communiste”, mais je sais ce que les habitants civils et les maquisards ont subi comme crimes contre l’humnanité dans tout le Vercors. Je vous épargnerai la description des autres exactions établies dès 1944 par les auteurs suisses Albert Béguin et autres dans leur “Le livre noir du Vercors”, actuellement en vente pour 126 Dollars, que j’ai acheté en Allemagne pour dix euros. C’est dire quelle valeur monétaire la mémoire des atrocités commises en France par les soldats allemands au nom du « bien public » du peuple allemand (concept perverti par les nazis menant une guerre d’aggression), soldats tout jeunes parfois, poussés à bout par leurs supérieurs. Alors, je vous demanderai, Monsieur Boutté, dix ans après votre commentaire, de respecter au moins en France et la mémoire des civils sacrifiés par les troupes allemandes, et la mémoire de tous les résistants à l’occupation allemande, de quelque bord politique qu’ils fussent. Ils ont donné leur vie. Et les rescapés ont souffert des commentaires et des reproches comme celui que vous avez formulé.
La fille d'un évadé du STO dans les pâturages cantaliens, décédé depuis.

Ty bihan (09-06-2024 17:54:27)

Je regrette que certains commentaires soient une offense aux résistants de cette époque. A titre d' Exemple, Jacques Chapou mérite mieux que ce qui est écrit par Monsieur Boutté. Je l' invite à lire la fiche du Maîtron qui lui est consacrée. Il y lira que " Kléber" s' est battu jusqu' à la dernière balle ( à Bourgneuf, Creuse) au point qu' après avoir vidé son chargeur sur les soldats allemands, il a gardé la dernière balle pour lui-même, se suicidant, pour ne pas tomber aux mains des Allemands. Une place et une statue lui rendent hommage à Cahors.

Ty bihan (09-06-2024 14:54:45)

En lisant le commentaire du sieur Boutté, j' ai pensé, que très bientôt, Vincent Reynouard, négationiste bien connu et protégé ferait bientôt office liturgique en.ce concerne Vichy, les juifs, les résistants communistes et autres. Heureusement, quelques historiens sérieux savent quels furent les agissements de la division Das Reich de Saint Céré à Oradour sur glane.

Liger (08-06-2020 18:01:59)

On peut critiquer l'irresponsabilité ou le cynisme des communistes.

MAIS on doit d'abord relever que Heinz Lammerding est mort dans son lit après avoir mené une existence prospère et confortable au lieu d'avoir été châtié pour ses crimes épouvantables : cela reste une tache indélébile sur l'honneur de la RFA dont maints responsables ont tout fait pour qu'il échappe à la Justice... et ce n'est malheureusement pas le seul cas.

Il ne s'agit pas de ranimer des haines, ce qui serait stupide et odieux, d'abord parce que les Allemands d'aujourd'hui n'ont aucune responsabilité dans ces crimes, mais de rappeler que la dénazification a connu des nombreux ratés dont certains - comme celui-ci - sont inexcusables.

« Certes, il faut [savoir] tourner la page, mais avant, il faut l'avoir lue. »
Jelio JELEV, Président de la Bulgarie - Cité dans Le Monde du 29 avril 1995

mjpg (08-07-2014 16:36:29)

la version officielle serait bien loin de la réalité,quant aux éléments déclencheurs des représailles allemandes. Un des témoins et me semble-t-il lui même déporté, donne une version tout autre que celle donnée dans l'article et ce dans un livre sur ce douloureux et tragique épisode.

Boutté (01-04-2014 17:52:48)

Lorsqu'à la fin 41 les Communistes sont enfin entrés en résistance, ils ont d'emblée commis des assassinats afin de provoquer les réactions typiques d'une armée en campagne dans un pays qui a levé les hostilités à son égard . Nombreuses furent donc les réactions de ce type qui ont conduit à un grand nombre de morts inutiles d'innocents .

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