Le dimanche 26 mars 1944, trois bataillons de la 157e division de la Wehrmacht, appuyés par l'aviation et l'artillerie, prennent d'assaut le plateau des Glières, à 1400 mètres d’altitude, en Haute-Savoie, occupé depuis près de deux mois par un groupe de 450 résistants.
Cette bataille met fin au premier « maquis » de la Résistance. Son retentissement est immense tant sur les ondes de la BBC, à Londres, que sur celles de Radio Paris.
Guerre psychologique
Tandis que se rapproche la perspective d'un débarquement allié sur les côtes de la Manche, la Résistance se met en ordre de bataille. Tom Morel, un lieutenant d'active, constitue un maquis sur le plateau des Glières dès le 31 janvier 1944 pour accueillir les parachutages alliés et servir de base de repli aux résistants. Il rassemble des hommes de toutes origines : des combattants de l'Armée secrète de la Résistance, des officiers et sous-officiers des chasseurs alpins, des francs-tireurs et partisans (FTP) communistes, des républicains espagnols et de simples réfractaires du STO (Service du Travail Obligatoire).
Ainsi le plateau devient-il le premier territoire métropolitain à échapper à l'autorité du gouvernement de Vichy. Celui-ci ne se trompe pas sur la force du symbole et met aussitôt tout le département en état de siège. C'est le début d'une guerre franco-française.
La redoutable Milice de Joseph Darnand, secrétaire d'État au Maintien de l'ordre, fait une rafle à Thônes le 5 février et, une semaine plus tard, le plateau est encerclé par des supplétifs de la police de Vichy, les Groupes Mobiles de Réserve (GMR). Cela n'empêche pas l'aviation alliée de larguer 90 tonnes d'armes au-dessus du maquis en trois parachutages, du 14 février au 10 mars.
Le 9 mars, les résistants occupent le siège de la Garde mobile à Entremont. Dans sa confrontation avec le chef des policiers, le lieutenant Tom Morel est abattu d'une balle à bout portant. Les résistants se retirent en emmenant avec eux soixante prisonniers.
Pour la première fois, les Allemands, sollicités par Joseph Darnand, se disposent à intervenir militairement contre ceux qu'ils appellent les « terroristes ».
Sur le plateau, les chefs du maquis jugent que leur mission est accomplie et qu'il convient de se retirer avant que le dégel ne permette aux Allemands de monter. Mais Jean Rosenthal, un agent de Londres envoyé sur place, les convainc de tenir coûte que coûte pour l'honneur de la Résistance et de la France libre du général de Gaulle. Il est vrai que celui-ci a besoin de se valoriser pour être reconnu par ses puissants alliés anglo-saxons.
Fin de partie
Le 26 mars 1944, le commandant allemand du secteur envoie deux patrouilles en reconnaissance vers les hauteurs du plateau. L'une d'elles est facilement repoussée mais l'autre arrive à contourner les défenses du maquis. Il s'ensuit un bref affrontement durant lequel deux « maquisards » sont tués et un autre blessé.
Les Allemands donnent l'assaut aussitôt après, avec le concours de la Milice française. Le capitaine Maurice Anjot, qui a remplacé Tom Morel à la tête du maquis, juge que ses hommes ont tenu les positions assez longtemps et que l'honneur est sauf. Il décide d’évacuer le plateau avec tous ses hommes.
Dans la retraite, cependant, 210 résistants sont capturés par l’ennemi ou ses alliés de la Milice ou la police de Vichy. Une centaine sont fusillés, parfois après avoir été torturés.
La « bataille des Glières » devient un enjeu dans la guerre des ondes que se livrent la France Libre de De Gaulle et le gouvernement collaborationniste de Vichy.
Philippe Henriot, le propagandiste de Radio Paris, évoque la liquidation du maquis par la police sans faire état de la participation allemande ! De son côté, Jean Rosenthal, dans son désir de bien faire, télégraphie à Londres une information selon laquelle 400 Allemands auraient été tués et 300 blessés dans les affrontements avec le maquis.
Sur Radio Londres, par la voix de Maurice Schumann, on peut encore entendre ceci le 7 avril 1944 : « À Glières, 500 Français ont résisté à 12.000 Allemands pendant 14 jours ». Il n'en reste pas moins que le maquis des Glières aura convaincu les chefs alliés de l'utilité de la Résistance française dans leur combat contre le nazisme.
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Anonyme (27-03-2014 09:27:07)
MP Histoire brièvement résumée, néanmoins ce "n'est pas la fin". Les maquis de Haute Savoie, dont la plupart avaient envoyé des hommes chercher les armes parachutées à Glières par l... Lire la suite