21 février 1944

Le procès Manouchian et l'Affiche rouge

Le 21 février 1944, les murs de Paris se couvrent de grandes affiches rouges. Placardées à 15 000 exemplaires, elles exposent à la vindicte des Français dix hommes auxquels il est reproché plusieurs dizaines d'attentats sous couvert de libération. Cette « armée du crime » compte sept juifs dont quatre nés en Pologne et trois en Hongrie, un natif d'Espagne, un autre d'Italie, le dernier enfin d'Arménie. Sept d'entre eux ont 18 ou 19 ans.

Missak Manouchian et quelques-uns de ses compagnons dans une cour de prison, peu avant leur exécution, pour les besoins de la propagande nazieLe même jour, ces résistants ainsi que douze autres compagnons d'infortune ont été fusillés au mont Valérien. Leur chef militaire, Joseph Epstein, dit colonel Gilles, juif de Pologne, le sera un peu plus tard, le 11 avril 1944.

La seule femme du groupe,  Olga Bancic (32 ans), juive de Bessarabie, sera guillotinée à Stuttgart le 10 mai 1944. Tous, Français ou étrangers, sont communistes et appartiennent aux Francs-tireurs et partisans de la Main-d’Œuvre immigrée (FTP-MOI).

L'affiche complète la publication d'une brochure intitulée « L'Armée du crime » dans le cadre d'une campagne de propagande antisémite et xénophobe orchestrée par les nazis. Elle nourrira après la guerre la mémoire communiste de la Résistance avec un poème de Louis Aragon publié dans L'Humanité du 5 mars 1955 sous le titre « Le groupe Manouchian », d'après le nom de l'Arménien de l'affiche.

Ce poème inspiré par la lettre bouleversante de Missak (Michel) Manouchian à son épouse Mélinée sera ensuite rebaptisé Strophes pour se souvenir et mis en musique et chanté en 1959 par Léo Ferré sous le titre L'Affiche rouge.

Cette mémoire a trouvé son aboutissement le 21 février 2024 avec l'entrée au Panthéon (Paris) de Mélinée et Missak Manouchian. Les noms des vingt-quatre martyrs figurent sur une plaque à proximité de leur caveau (note)...

L'Affiche rouge du groupe Manouchian

L'Affiche rouge expliquée aux collégiens

Isabelle Grégor propose aux collégiens et à leurs enseignants un document bref et synthétique pour décrypter l'Affiche rouge

Entrée des communistes dans la Résistance

Jusqu'à l'invasion de l'URSS par la Wehrmacht, le 22 juin 1941, le Parti Communiste Français s'en est tenu sur injonction de Staline à une neutralité bienveillante à l'égard de l'Allemagne nazie. Cette politique fut refusée par certains militants tel Gabriel Péri qui, lâché par le Parti, le paya de sa vie.

À l'été 1941, la direction communiste se retourne enfin contre l'occupant. L'attentat du métro Barbès (21 août 1941) inaugure cette nouvelle stratégie mais son caractère désordonné, voire contre-productif, suscite l'ire du général de Gaulle, à Londres, lequel va envoyer Jean Moulin en France pour coordonner la résistance non communiste.

De son côté, à la fin 1941, le PCF fond ses organisations de jeunesse au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP). En mars 1942, il place sous l'autorité des FTP les militants d'origine étrangère de la section Main-d’Œuvre étrangère ou immigrée (MOI). Elle a été fondée par le parti communiste en 1925 avec autant de sous-sections que de langues usuelles : italienne, polonaise, hongroise, espagnole et yiddish (juifs orientaux).

Les FTP-MOI sont organisés par Boris Holban (34 ans), de son vrai nom Bruhman. Issu d'une famille juive qui a fui la Russie pour la Bessarabie puis la France, il s'est engagé en 1939 dans un régiment de volontaires étrangers. Fait prisonnier, il a réussi à s'évader grâce au réseau d'une religieuse de Metz, Soeur Hélène (François Mitterrand bénéficiera du même réseau).

Boris Holban constitue au sein de la MOI trois détachements (roumains, italiens et yiddish), sans compter un détachement spécialisé dans les déraillements et des services de renseignement, de liaison et de soins médicaux avec 30 combattants et une quarantaine de militants.

Actions héroïques mais désordonnées

Les FTP-MOI vont multiplier les actions en région parisienne contre l'occupant et les collaborateurs (par exemple les fourreurs de la rue Saint-Denis qui font des affaires avec la Wehrmacht), sans se soucier d'en référer à la France Libre.

On leur prête cent à deux cents attentats de juin 1942 à leur démantèlement en novembre 1943 par la Brigade Spéciale N°2 des Renseignements généraux (BS2), un organe de la préfecture de police de Paris chargé de la traque des communistes.

La plus retentissante de leurs actions est l'assassinat, le 28 septembre 1943, du général SS Julius Ritter (51 ans), qui supervise le Service du Travail Obligatoire (STO), responsable de l'envoi en Allemagne de centaines de milliers de jeunes travailleurs français.

Ces actions désordonnées se révèlent aussi très coûteuses en hommes pour un résultat mitigé, de sorte que les FTP-MOI en viendront à recruter des résistants de plus en plus jeunes, à l'image de Thomas Elek, juif né à Budapest en 1924, élève au lycée Louis-le-Grand.

En mars 1943 sont arrêtés cinquante-sept jeunes juifs de la MOI, dont leur chef, Henoch (Henri) Krasucki (né près de Varsovie en 1924, il deviendra secrétaire général de la CGT de 1982 à 1992). En juillet 1943 a lieu une deuxième arrestation de masse. Parmi la centaine de résistants arrêtés par la police française, certains sont déférés devant des tribunaux militaires allemands et fusillés au Mont-Valérien, d'autres sont déportés à Auschwitz.

En août 1943, la direction nationale des FTP enlève la direction des FTP-MOI à Boris Holban car celui-ci ne veut plus sacrifier ses hommes dans des actions hasardeuses. Il juge non sans raison que le réseau est au bord de la rupture par manque d'hommes. Il est remplacé à la tête du groupe par Missak Manouchian.

Joseph Epstein (dit Colonel Gilles) avec son fils aux temps heureux (16 octobre 1911, Zamość - Pologne ; Mont-Valérien, 11 avril 1944)Le 12 novembre 1943, la dernière action des FTP-MOI, l'attaque d'un convoyeur de fonds allemand dans la rue Lafayette, se solde par un échec. Le jeune footballeur d'Argenteuil Rino delle Negra est blessé et arrêté ainsi que ses trois compagnons. 

C'est le début de la fin.

Suite à une trahison, Missak Manouchian est à son tour arrêté avec son chef Joseph Epstein le 16 novembre 1943, à Évry Petit-Bourg, sur les berges de la Seine. Au total, la police procède à soixante-huit arrestations.

Torturés puis livrés à la police militaire allemande, Manouchian et 22 de ses camarades sont jugés le 19 février 1944 dans un procès à grand spectacle, à l'hôtel Intercontinental, devant la presse collaborationniste qui s'appesantit sur leurs origines. Ils sont fusillés deux jours plus tard(sauf Olga Bancic), après avoir fait l'objet d'une séance de photos dans la cour de leur prison pour les besoins de la propagande : brochure et affiche.

« Quel fut l'impact de l'affiche sur l'opinion publique française ? Force est de constater que nous n'en savons rien. À ce jour, aucune étude n'a été faite sur ce point », écrit l'historienne Annette Wieviorka (Anatomie de l'Affiche rouge, Seuil, février 2024).

Mais dès mars 1944, selon les mots de l'historienne Margaret Atack, l'affiche va faire l'objet d'un « processus narratif et idéologique » dans la presse clandestine communiste qui occultera toutefois son caractère antisémite !

Ainsi les 23 condamnés du 19 novembre 1944 deviendront-ils les porte-drapeaux symboliques de la Résistance communiste et étrangère en France. C'est à ce titre qu'ils ont aujourd'hui les honneurs du Panthéon.

Quatre résistants du groupe Manoukian fusillés le 21 septembre 1944 au Mont Valérien : Celestino Alfonso, Wolf Josef Boczow, Marcel Rajman, Emeric Glasz (photo prise en secret par le sous-officier allemand Clemens Rüther)
 

Missak Manouchian : « Je n’ai aucune haine contre le peuple allemand »

Missak Manouchian (1er septembre 1906 - 21 février 1944)Missak (Michel) Manouchian, chef déclaré de ce groupe de résistants, est né en Arménie 36 ans plus tôt et a perdu son père dans le génocide arménien.

Après la Grande Guerre, il est recueilli ainsi que son frère aîné dans un orphelinat libanais où il s'initie à la menuiserie et se découvre une passion pour la littérature et des dispositions pour la poésie. Réalisant enfin son souhait le plus cher, il gagne la France en 1924. Il y apprend le métier de menuisier et travaille à la Seyne-sur-Mer puis à Paris. C'est là qu'il a la douleur de perdre en 1927 son frère, dernier membre de sa famille, victime de la tuberculose.

Il fréquente les milieux arméniens et littéraires, suit des cours à la Sorbonne, écrit des poèmes et se consacre à la littérature et à l'étude, traduit enfin des poètes français tels que Baudelaire en arménien. 

En 1934, il adhère au parti communiste français puis, l'année suivante, au groupe MOI (Main-d'Oeuvre Immigrée), une antenne du syndicat communiste, la CGTU, dans laquelle il rejoint la section arménienne et y fonde une revue en arménien. Il y fait la rencontre d'une jeune rescapée du génocide, orpheline comme lui, Mélinée. Il l'épousera après une cour assidue de plusieurs mois.

Pendant l'occupation allemande, Missak rejoint les FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans-Main-d'Oeuvre Immigrée).

En 1933 comme en 1940, Missak Manouchian a déposé une demande de naturalisation en exprimant le souhait de faire son service militaire. Mais sa demande est à chaque fois refusée. Il est néanmoins engagé volontaire au printemps 1940.

Pendant l'Occupation, il entre dans le militantisme clandestin, rejoint les FTP-MOI et devient responsable de la section arménienne. Il vit avec son épouse 11 rue de Plaisance, dans le 14e arrondissement.

À ses juges, le 19 février 1944, Missak Manouchian aurait lancé selon la presse collaborationniste : « Vous avez hérité la nationalité française, nous l'avons méritée. »

La dernière lettre de Missak (Michel) Manouchian à sa femme

Comme tous les condamnés, Missak Manouchian est autorisé à écrire une lettre d'adieu à la personne de son choix. Notons qu'il signe cette lettre de son prénom francisé, Michel.

Première page de la lettre de Missak (Michel) Manouchian à MélinéeMa Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,
Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, je n’y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.
Que puis-je t’écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.
Je m’étais engagé dans l’Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous… J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d’avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’armée française de la libération.
Avec l’aide des amis qui voudront bien m’honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d’être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l’heure avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fait de mal à personne et si je l’ai fait, je l’ai fait sans haine. Aujourd’hui, il y a du soleil. C’est en regardant le soleil et la belle nature que j’ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t’embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.

Manouchian Michel

Épilogue

Rappelé par les FTP en décembre 1943, Holban retrouvera et exécutera le traître qui a livré le groupe. Après la Libération, il s'en retournera en Roumanie où il deviendra colonel puis général. Mais le dictateur Ceaucescu le déchoiera de son grade et l'enverra travailler dans une usine jusqu'à sa retraite. Revenu en France, il sera décoré de la Légion d'Honneur le 8 mai 1994 sous l'Arc de Triomphe de l'Étoile par le président Francois Mitterrand.

Parmi les fondateurs des FTP-MOI figurent Artur London, juif né en Moravie, et Adam Rayski, juif de Pologne. L'un et l'autre rentreront dans leur pays natal après la guerre pour se mettre au service du gouvernement communiste. Artur London se fera connaître comme l'auteur de L'Aveu, une dénonciation des procès de Prague. Adam Rayski, qui a participé en 1943 à la fondation du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), reviendra en France en 1959.

Mélinée Manouchian, née Soukémian (13 novembre 1913, Constantinople ; 6 décembre 1989, Fleury-Mérogis)Mélinée, épouse de Missak Manouchian, a réussi à échapper à la police. Elle s'est réfugiée chez ses logeurs, les Aznavourian, dont l'un des enfants deviendra chanteur sous le nom de Charles Aznavour.

À la Libération, elle regagnera l'Arménie soviétique avant de se faire rapatrier en France en 1954. Jusqu'à sa mort, le 6 décembre 1989, à 76 ans, elle cultivera la mémoire de son époux et de leurs compagnons de résistance (sans se remarier comme l'y invitait Missak).

Le dernier survivant du groupe Manouchian, Arsène Tchakarian, est mort le 6 août 2018, après avoir survécu au génocide arménien et à la répression nazie.

Strophes pour se souvenir

Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans.

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents.

Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand.

Adieu la peine et le plaisir adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant.

Louis Aragon, Le roman inachevé, 1956.

Publié ou mis à jour le : 2024-02-22 08:10:38
mery (08-03-2024 05:28:48)

Inversion des valeurs . Voilà à quoi nous assistons dans notre société manipulée par
des médias fort peu soucieux de ¨La vérité¨ , s'il en est une ?
Le grand méchant loup n'est peut être pas celui que l'on croit .
Bien à vous Hardy .

Daniel Hardy (01-03-2024 02:50:00)

En réponse à mery. Je ne suis pas certain de saisir le sens de votre allusion au nazisme. Si vous faites référence au passé de Navalny et à son discours nationaliste et xénophobe, il faut aussi admettre qu’il s’est amendé par la suite et qu’il a cessé de professer les positions qui étaient autrefois les siennes et, à juste titre, condamnables. Pour le panthéon, j’ai utilisé la minuscule et ne me réfère évidemment pas au Panthéon de Paris. Le terme renvoie à l’idée que Navalny occupe désormais une place dans la mémoire et la conscience des hommes. J’espère que ma réponse vous satisfera. Bien à vous.

Augustin (28-02-2024 10:02:07)

https://www.calamus-scriptorius.org/entre-ici-michel-manouchian-avec-ton-terrible-cortege/

mery (27-02-2024 10:46:26)

Navalny au Panthéon !!??? Daniel Hardy vous êtes vous informé ?
J'aimerais avoir une réponse .
Merci .

mery (27-02-2024 05:37:10)

Hardy ! Vous prenez le nazis pour des résistants , renseignez vous sur le personnage de Navalny .
Merci .

Daniel Hardy (25-02-2024 20:06:30)

Voilà une bien belle lettre d’adieu et d’amour de la part d’un homme qui ne tremble pas devant la mort qui l’attend. Pas de déni, pas de haine, pas d’affolement, mais de la lucidité, de simplicité et une immense et incroyable tendresse. C’est très émouvant et très touchant ! J’aimerais bien avoir autant de sérénité et de détachement quand la grande Faucheuse viendra me chercher... 80 ans plus tard, après avoir fait preuve de courage, d’abnégation et d’héroïsme, c’est au tour du dissident Alexeï Navalny de payer le prix fort de ses convictions politiques, d’entrer au panthéon des justes et de devenir immortel.

Michel Bergès (24-02-2024 06:30:53)

Je note : 1) récupération d'un "communisme" (qui ne fut pas celui des FTP seuls) revu par une "élite" 80 ans après les faits qui, elle, a lancé en silence une guerre construite par la CIA, "loin vers l'Est" ; 2) des critiques "de chambre" d'une droite apeurée et avec reproches, dénigrant la Résistance toutes tendances confondues ; 3) une inversion confuse des genres, qui dénigre les victimes en ne citant jamais les noms de leurs bourreaux, nazis et vichyssois (cf. la chronique "courtoise" de Courtois dans Le Figaro). Le livre se ferme ?

ROMETTINO JEAN CLAUDE (23-02-2024 09:45:48)


En réponse à herodote.net du 21 février , j’aurais pu, à la manière de l’auteur précédent, me contenter d’une affirmation simplement inverse. Soucieux d’échange sérieux, j’argumente : c’est évidemment plus long qu’une simple affirmation.

Professeur d’HG (prof parmi d’autres pas forcément « historiens ») retraité, j’ai retrouvé le plan polycopié que je distribuais à mes élèves en guise de canevas du cours.
La France de 1939 à 1944 – Occupation, Collaboration, Résistance , tel est le titre du polycopié de 4 pages portant sur la période (CANEVAS du cours).
Voici, recopié, le point 1° des trois paragraphes de la partie III – LA RÉSISTANCE.
1° Qu’est-ce que la Résistance ?
*Résistance : à quoi ?
A l’occupant, à Vichy, à la collaboration, au fascisme
*Résistance : comment ?
Tout refus contre l’une des réalités est acte de résistance : ni Vichy ni l’occupant ne s’y sont trompés – propagande, grèves, manifestations patriotiques, collecte de renseignements, sabotages, aide aux réfractaires et autres traqués, lutte armée.
*Résistance : qui ?
- Les absents : les « élites traditionnelles », les partis politique qui ont tous disparu sauf le PCF, clandestin depuis 1939
- Les résistants : des premiers refus souvent individuels, aux mouvements de Résistance, puis à leur unification
La question de la participation du PCF à la Résistance : avant ou après le 21 juin 41 ?
Deux affirmations diamétralement opposées : celle du PCF, le PCF a toujours trouvé la voie juste et résisté. Celle de nombre de ses adversaires (et de beaucoup de manuels scolaires) = le Pcf n’est entré dans la Résistance qu’après le 21 juin 41.
Quelques éléments de réflexion :
La situation du PCF : seul parti qui continue d’exister, mais dans la clandestinité depuis aout/septembre 39 et les difficultés d’analyse et de concertation que cela induit - l’ancrage très profond de l’antifascisme – quelle guerre ? quelle est la signification réelle de la « drôle de guerre » ?
L’analyse du PCF sur la guerre : elle est largement conditionnée par l’analyse du Komintern qui définit cette guerre comme guerre impérialiste (impérialisme anglais contre impérialisme allemand ; ce n’est donc pas l’affaire des révolutionnaires) – le choc du pacte de non-agression germano-soviétique qui ajoute aux difficultés d’analyse
Des flottements : demande auprès de l’occupant de reparution de l’Humanité (mais désaveu rapide de la direction du parti) - l’Humanité clandestine attaque, un temps, plus l’Angleterre et Vichy que les Allemands – certaine ambiguïté de « l’appel » du 10 juillet 40 – attitude Billoux au procès de Riom engagé par Vichy, notamment contre Léon Blum.
Les communistes résistants dès le début : cf. lettre de Vercors à De Gaulle – proposition du 6 juin 40 transmise par Politzer pour défendre Paris – « appels » du 17 juin 40 de Charles Tillon, du « 10 juillet » 40 de Thorez/Duclos - manifestations 11/11/40 – lécrits de Gabriel Péri et Politzer –contacts avec les gaullistes – grève des mineurs de mai/juin 41 – le Front National dès mai 41 – la MOI(documents tous aisément consultables).
L’attaque allemande contre l’URSS provoque le passage à la phase armée de la Résistance spectaculairement inaugurée en aout 41 par l’attentat de Fabien contre un officier allemand.
Les otages : qui sont-ils ?

SACHOT (22-02-2024 19:52:07)

Article très poignant, mais comment ne pas être ému lorsqu'on lit, que des jeunes personnes, de surcroît d'origine étrangère, entre autre, décident de livrer bataille, de mettre leur vie au service d'un Pays, qui les a accueillis. Je pense que même actuellement nombreux seront ceux qui n'hésiteront pas à sacrifier leur vie, pour défendre la liberté d'expression, de penser, d'agir, dans le respect des autres.
Cependant, ne serait il pas plus intelligent d'agir avec Amour envers nos semblables, que les idéologies, l'avidité, la cupidité, le fractionnement des populations, qui appartiennent à la même famille, sèment la haine; elle doit être notre ennemi premier, comme l'a écrit Edgar MORIN

ROMETTINO JEAN CLAUDE (21-02-2024 11:11:06)

Hérodote écrit : "Suite à l'invasion de l'URSS par la Wehrmacht, le 22 juin 1941, le parti communiste se décide à entrer dans la Résistance active",
est-ce suggérer, sous une forme adoucie, que la résistance communiste ne commence qu'avec l'invasion de l'URSS ? Ne faudrait-il pas écrire "le parti communiste se décide à entrer dans la RÉSISTANCE ARMÉE ou dans la forme armée de la Résistance "?
ce serait en tout cas plus conforme à la réalité !

mery (03-01-2024 19:27:32)

Epoque mémorable ou les étrangers se battaient et avaient à coeur les idéaux universels de notre beau pays .
Hélas les temps ont bien changés et beaucoup trop d'étrangers veulent des droits avant d'avoir fait leur devoir .
La légende est belle mais c'était il y bien longtemps Hélas !
Enfin , l'espoir fait vivre ,

Jmk011 (06-07-2023 08:52:06)

Qu’ajouter de plus à ce très bel article et à cette magnifique lettre d’adieu et en même temps d’espoir écrite par un résistant d’origine étrangère à son épouse ? Rien si ce n’est qu’il faudrait lire et faire lire cette lettre aux enfants de France, dans tous les établissements d’enseignement, afin qu’ils comprennent ce qu’a été et devrait toujours être la résistance à l’oppression, surtout en ces jours où des enfants incendient des écoles et pillent des magasins.

Emeraude (05-07-2023 16:58:09)

La dernière lettre de Missak (Michel) Manouchian à sa femme
Cette lettre est émouvante, son rédacteur qui ne sera plus de ce monde quelques heures après l'avoir écrite est un saint qui nous quitte et qui vit déjà dans son futur éternel. Quel homme magnifique...un géant !

Champain Christine (20-02-2022 11:26:08)

Sur le texte d’Isabelle Grégor, il est fait mention d’un tirage de l’affiche rouge à 150 000 exemplaires, alors qu’ il s’agit de 15 000 exemplaires. Il serait bon de rectifier.

Jean Loignon (08-08-2018 00:28:30)

L'article fait rapidement allusion à l'exécution par Boris Holban du traître (mentionné par M.Manouchian dans sa dernière lettre) responsable de l'arrestation du réseau. Je suppose qu'il s'agit du militant Joseph Davidovitch, arrêté, torturé et retourné par la Gestapo et exécuté le 28 décembre 43 par les FTP-MOI. Mais je me souviens que depuis plus de trente ans des polémiques entre historiens et témoins survivants ont mentionné comme responsables de cet acte Boris Holban (mort en 2004) lui-même, mais aussi le militant communiste Jean Jérôme (Michel Feintuch, mort en 1990) ainsi que Lucienne Goldfarb (93 ans ?), prostituée qui exerça son métier des années durant après la guerre. La question de l'identité du traître est donc complexe et peut-être insoluble à jamais.

MicheuRamon (07-08-2018 03:58:45)

Poème tout à fait remarquable d'Aragon - est-ce une surprise ?
Interprétation tout aussi remarquable du regretté Léo FERRE.
Respect.

ARANDEL (21-02-2012 11:57:25)

Très bon article, et merci d'avoir publié le magnifique poëme d' Aragon qui, et çà mérite d'être précisé avait été si bien mis en musique et chanté par Léo Ferré (entre autres, Catherine Sauvage aussi je crois).

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