Le 10 février 1943, un Algérien musulman, Ferhat Abbas, publie le Manifeste du peuple algérien avec la signature de 28 élus musulmans.
Cette initiative consacre l'échec de la politique conduite en Algérie par les gouvernements de la IIIe République. Elle inaugure un processus tragique qui va mener en moins de vingt ans à la naissance de la nation algérienne.
Alger et la bande littorale située entre le Maroc et la Tunisie ont été conquis par la France entre 1830 et 1847. Le gouvernement de la IIe République en a fait trois départements (Oran, Alger et Constantine), non compris les Territoires du Sud (Sahara). Si les israélites obtiennent la citoyenneté française dès 1870, il n'en va pas de même des musulmans, sauf pour ceux, rares, qui acceptent d'être régis par le Code civil (note). Ces musulmans représentent 90% de la population, laquelle totalise 8 millions d'individus dans les années 1930, avec les juifs et les colons européens.
Désespérant d'obtenir des droits civiques et politiques, ces musulmans émettent des revendications politiques contradictoires à partir des années 1930. Le Parti Populaire Algérien de Messali Hadj demande l'indépendance tandis que la Fédération des élus indigènes réclame une complète assimilation.
En 1936, le président du Conseil Léon Blum et le gouverneur Viollette proposent de conférer à tout juste 21 000 musulmans le droit de vote aux élections législatives. Mais les élus d'Algérie s'y opposent violemment et le projet Blum-Viollette, malgré sa timidité, n'est même pas voté.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, les Français d'Algérie se rallient massivement au gouvernement de Vichy conduit par le maréchal Pétain. Messali Hadj, qui refuse de collaborer, est condamné aux travaux forcés.
En 1942, l'Algérie est occupée par les Anglo-Saxons. Robert Murphy, représentant du président Roosevelt, ne se fait pas faute de dénoncer alors le colonialisme. Les Algériens musulmans découvrent l'inanité de leur statut d'indigène et demandent que des droits politiques leur soient enfin reconnus (note).
C'est ainsi que Ferhat Abbas rompt avec les partisans de l'assimilation. Ce fils de fonctionnaire de 44 ans avait milité dès 1938 pour l'accès des musulmans algériens à la citoyenneté française.
Prenant acte de l'opposition irréductible des colons d'origine européenne à toute réforme d'envergure, il publie le Manifeste du peuple algérien. Dans ce document essentiel, quoique modéré, il revendique une pleine autonomie pour l'Algérie, avec une égale participation de tous les habitants aux affaires politiques, une Constitution propre, une réforme agraire et la reconnaissance de la langue arabe au côté du français.
Il fonde par ailleurs l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) tandis que Messali Hadj fonde le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD).
La réticence des gouvernants français à toute réforme d'envergure va entraîner les militants vers la lutte armée.
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Ali (17-09-2006 23:07:06)
You are not really historians ,you did not write the history as it is really, you wrote that Algeria was not a state before the French conquest , do you know that france has more than one hundred betw... Lire la suite