Le 19 février 1942, au coeur de la Seconde Guerre mondiale, un procès politique et très médiatique s'ouvre à Riom, petite ville proche de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), devenue la capitale judiciaire de la « zone libre ».
À la suite de la défaite de 1940, le gouvernement de Vichy entend juger les responsables de l'impréparation de l'armée et poursuit quelques-uns des dirigeants de l'entre-deux-guerres. Léon Blum et Édouard Daladier, qui ont présidé les gouvernements du Front populaire avant l'invasion allemande, ainsi que le généralissime Maurice Gamelin, qui a conduit les forces armées à la reddition, sont au banc des accusés.
Les Allemands appuient cette initiative mais voudraient que les accusations portent sur la responsabilité de la France dans le déclenchement du conflit.
Habilement, la défense de Blum et Daladier rappelle que le chef de l'État, le maréchal Pétain, avait été Ministre de la Guerre et membre du Conseil supérieur de la Guerre en 1934. À ce titre, il avait donc une grande part de responsabilités dans l'impréparation de l'armée : il avait ainsi réduit le budget militaire de 20% et arrêté la ligne Maginot aux Ardennes. Le Front populaire, au contraire, avait fortement relancé l'armement de la France...
Se retournant contre ses instigateurs, ce « procès-boomerang » irrite au plus haut point Hitler. Le 21 mars, l'ambassadeur allemand Otto Abetz exige sa suspension et le 15 avril, le procès est « temporairement » suspendu. Le lendemain, Pierre Laval est rappelé au gouvernement.
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