Le dimanche 16 juin 1940, à Bordeaux, le Président du Conseil
Au même moment, l'armée allemande traverse la Loire après avoir victorieusement envahi la Belgique et la Hollande et percé le front français à Sedan, dans les Ardennes. Elle pousse devant elle huit millions de civils français ou belges ainsi que les débris de l'armée française.
Dans le désarroi général, Paul Reynaud aurait souhaité que les militaires demandent un cessez-le-feu ou une capitulation tandis que le gouvernement se serait replié en Afrique du Nord pour continuer la lutte dans l'honneur.
Mais le vieux généralissime Maxime Weygand (73 ans) veut obliger le pouvoir civil à assumer sa part de la défaite. Il fait observer aussi qu'une capitulation entraînerait l'occupation de tout le territoire, la reddition de toutes les troupes et la saisie de toutes les armes, y compris de la flotte.
Il convainc le nouveau chef du gouvernement, Philippe Pétain, de conclure un armistice, c'est-à-dire un accord de gouvernement à gouvernement aboutissant à un arrêt provisoire des combats dans l'attente d'un traité de paix en bonne et due forme.
Le vieux maréchal veut épargner à la population les tourments d'une occupation militaire sans contrepoids civil. Comme Weygand, il a le sentiment que l'armée a fait son devoir et qu'il ne saurait y avoir de déshonneur à reconnaître la défaite.
Pour lui comme pour les partisans de l'armistice, la défaite de l'Angleterre paraît probable et, avec elle, la fin de la guerre et la victoire définitive de l'Allemagne.
Dès le lundi 17 juin à midi, Pétain, qui manie les mots avec dextérité, prononce une allocution mémorable à la radio.
Écouté avec ferveur par des millions de Français désemparés, sur les routes ou dans leurs foyers, ce discours chevrotant vaudra à l'illustre vieillard d'être plébiscité par l'opinion publique.
Mais malgré le soin qu'a pris Pétain à peser chaque mot, il lui a échappé une formule malheureuse laissant entendre que les combats devaient cesser à l'instant... De sorte que des soldats se sont rendus dans une certaine pagaille alors que d'autres continuaient de se battre avec panache.
Tandis que le général de Gaulle, à Londres, entre dès le lendemain en résistance, le maréchal Pétain glisse insensiblement sur la voie de la collaboration avec l'occupant. Celle-ci prendra un tour officiel dès octobre avec la rencontre de Montoire.
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Claude Edouard (26-07-2024 10:16:36)
Doc7438 Merci de votre message modéré. Vous vous interrogez, c'est très bien. J'ai écrit mon histoire de l'armistice pour mes amis. Avez-vous lu le compte-rendu sténographique du procès de Pét... Lire la suite
Doc7438 (18-06-2024 12:12:28)
A C.Edouard. Je découvre très tard votre échange. J'ai 15 ans de moins que vous. Je suis de cette génération de "boomers" qui n'a connu aucune guerre d'ampleur pour la France. C'est un privilège... Lire la suite
Michel J. (16-06-2024 19:59:53)
Un ajout à mon message précédent : Je lis en ce moment le tome 1 de l’ouvrage très documenté "les français de l’an 40" de Jean - Louis Cremieux-Brilhac dont je recommande vivement la lecture... Lire la suite