10 mai 1940

Hitler envahit la Belgique

Le 10 mai 1940, sept mois après la déclaration de guerre de la France et de l'Angleterre à l'Allemagne, celle-ci rompt le front occidental. Le Führer met fin à la « drôle de guerre » et lance ses armées sur les Pays-Bas, la Belgique et la France.

L'invasion 

Le soir du même jour, à Londres, le roi demande à Winston Churchill, farouche partisan de la guerre à outrance contre Hitler, d'assumer la fonction de Premier ministre.

Le 14 mai, la reine des Pays-Bas, Wilhelmine, et une partie de son gouvernement se réfugient à Londres. Le lendemain, Rotterdam est bombardée et les Pays-Bas capitulent.

Les commandements anglais et français envoient leurs troupes en Belgique. Mais à leur surprise, Hitler ne s'en tient pas là. Conformément au plan du général Erich von Manstein, le Führer porte son principal effort dans les Ardennes, une région montagneuse qui n'est pas protégée par les efficaces fortifications de la ligne Maginot. C'est ainsi que trois divisions blindées du général Heinz Guderian percent le front français du côté de Sedan.

Les Belges, qui s'abritaient derrière leur neutralité, sont également débordés par les divisions blindées de la Wehrmacht cependant que les parachutistes allemands sautent sur Liège.

La percée des chars (panzers) allemands en mai 1940

Les divisions françaises qui devaient protéger cette frontière refluent en désordre en dépit de quelques actes de résistance héroïque. Négligeant Paris, les panzers allemands bifurquent vers l'ouest...

À Paris, le 19 mai,désemparé par l'ampleur de la débâcle, le Président du conseil Paul Reynaud rappelle d'urgence le vieux général Maxime Weygand (73 ans), en poste en Syrie, et lui confie le commandement en chef des armées à la place du généralissime Gamelin.

Le 20 mai, en soirée, les panzers qui ont fait la percée de Sedan prennent en tenaille les armées franco-anglaises qui s'étaient imprudemment engouffrées dans la nasse belge. Le 24 mai, les Allemands prennent Boulogne, encerclent Calais et ne sont plus qu'à 35 kilomètres de Dunkerque.

Hitler, cependant, ne veut pas écraser la France et l'Angleterre mais seulement les réduire à l'impuissance pour avoir les mains libres à l'est de l'Europe, selon le projet énoncé dans sa profession de foi, Mein Kampf. Le 24 mai, il donne l'ordre à ses troupes d'arrêter leur progression, avec l'espoir que les Anglais, aux abois, vont saisir la perche qui leur est tendue pour entamer des négociations. Décevant ses attentes, les Anglais en profitent seulement pour consolider leurs défenses autour de la poche de Dunkerque.

Après une semaine de tergiversations, le Premier ministre britannique décide de faire rembarquer ses troupes à Dunkerque. C'est l'opération « Dynamo » : 300 000 soldats anglais et français sont évacués par le port de Dunkerque vers l'Angleterre, où ils se prépareront pour la contre-offensive... quatre ans plus tard.

En Belgique, toute résistance est devenue inutile de l'avis même des chefs alliés. Le roi Léopold III, qui n'a pas voulu suivre son gouvernement à Londres, signe donc la capitulation de son armée, effective le 28 mai. Le roi s'en tient à la reddition militaire et refuse l'armistice, c'est-à-dire une convention de gouvernement à gouvernement.

Le 5 juin, Hitler donne l'ordre à ses troupes de reprendre leur progression mais cet ordre arrive trop tard pour empêcher à Dunkerque l'évacuation des troupes britanniques vers l'Angleterre. Par sa faute, le Führer se prive ainsi d'une victoire rapide sur l'Angleterre.

Là-dessus arrive Mussolini, le dictateur italien. Il se joint à la curée et le 10 juin, déclare la guerre à la France déjà à genoux.

Le 14 juin, les Allemands entrent dans Paris qui s'est déclaré « ville ouverte » après la fuite du gouvernement à Tours puis à Bordeaux.

Le maréchal Pétain, devenu président du Conseil à la place de Paul Reynaud, négocie l'armistice avec l'envahisseur. La sonnerie du cessez-le-feu résonne le 25 juin à 0h35, soit six semaines après le début de l'invasion. Victimes d'un commandement défaillant, les soldats français et anglais se sont néanmoins battus avec un remarquable courage, à quelques exceptions près.

Pendant les six semaines qui séparent l'invasion du cessez-le-feu, la campagne de France a fait, selon les chiffres les plus récents (2010), environ 60 000 morts chez les soldats français, preuve d'une combativité remarquable. La Wehrmacht déplore quant à elle 30 000 tués.

L'exode 

Dès le début de l'invasion allemande, en Belgique comme en France, pressés par les autorités locales, les habitants des villes et des villages fuient vers un improbable abri dans le Sud.

En quelques jours, huit à dix millions de Belges et de Français se retrouvent sur les routes, sous le feu des Stukas, les avions allemands qui piquent sur les colonnes de réfugiés et les mitraillent en faisant retentir leurs sirènes, surnommées « les trompettes de Jéricho ».

Publié ou mis à jour le : 2021-06-19 16:35:54
vemache (17-06-2020 11:14:19)

Bonjour, il faut relire "les vérités cachées de la seconde guerre mondiale" de Dominique Lormier qui ne corrobore pas du tout la supériorité numérique et matérielle des alliés mentionnée en début d'article, bien au contraire ! Cordialement

Claude Beuzelin (10-05-2019 14:06:37)

Merci à Hérodote pour cet aperçu synthétique de la plus grande défaite (Pavie exceptée, mais dans l'honneur) que notre pays ait jamais connue et dont il ne s'est pas réellement remis à ce jour.
Cependant, il me semble qu’il y a tout un aspect idéologique et par conséquent politique qui n’est abordé que superficiellement dans l’article, à savoir le traumatisme, le mot n’est pas trop fort, subi par les classes dirigeantes, élites intellectuelles comprises, après la victoire du Front populaire. Le rôle, par exemple, du Parti radical dans le défaite de Blum est rarement évoqué. Il y avait (tout comme aujourd’hui d’ailleurs) une haine de classe de la part de la grande bourgeoisie et, par extension de sa propagande, d’un grand nombre de citoyens classés dans le populaire.
L’état-major de l’armée française n’était pas seulement incompétent, comme le souligne votre article, mais aussi et surtout influencé par des idées d’extrême droite, plus soucieux qu’il était de ‘’prendre sa revanche’’ sur le court intermède du front de la gauche unie qui avait pourtant arraché des avancées sociales dont nous bénéficions encore aujourd’hui et dont le programme du CNR a complété la réalisation, la Sécurité sociale par exemple, des bienfaits.
Quant à la neutralisation par des moyens militaires de la Rhénanie (les Allemands nous avaient tout de même déjà envahis deux fois en moins d’un siècle pour des motifs qui paraissent aujourd’hui dérisoires) les Français n’en avaient pas seulement peur. Elle aurait peut-être pourtant déstabilisé, voire anéanti, l’entreprise nazie hitlérienne. Nous étions aussi freinés dans ce projet par le ‘’grand frère’’ américain.
Je sais. On ne réécrit pas l’Histoire avec des si. Mais celle-ci pourrait nous aider à comprendre ce qui se passe aujourd’hui où nous sommes indubitablement en train de la construire dans une prise de conscience que la bien pensance juge, pour faire bref et éviter les infinis qualificatifs, de ‘’populistes’’.

Jean-Claude PETERS (01-10-2017 16:24:58)

Quelques corrections suggérées:
- Dans l'après-midi du même jour, celle-ci bombarde et détruit presque totalement en quelques minutes le centre de la ville (enlever mot double)
- Cette stratégie inédite consiste à lancer les unités blindées (Panzerwaffen) en avant sans (Majuscule à Panzewaffen)
- Idem Panzer et Stukas

kourdane (16-02-2014 19:27:41)

l'incurie des décideurs de 39/40,les premiers tanks furent des Renault en 1916 et pourtant ils ne furent pas intégrés dans l'armée comme armes blindées malgré les appels du colonel de Gaulle, mais Hitler lui avait bien compris leurs forces en développant les "panzersdivisionnen" qui percèrent Sedan en mai 40 comme en juillet 1870.

l'incompétence des généraux..rappeler de Syrie un Weygand de 73 ans pour remplacer un Gamelin de 68 ans qui prônaient des stratégies obsolètes.

tout cela a conduit à la défaite de Dunkerque. Ce sont des milliers de soldats qui sont morts et combien de navires, de camions, de tonnes d'armes et de munitions ont du y être abandonnés sur les plages ?
les militaires français ont du trouver leurs places dans les embarcations dans l'opération Dynamo organisée par Churchill pour rapatrier les anglais.
Ces militaires ont été ensuite rapatriés en France 8 jours plus tard et ont été débarqués à Brest sans arme et sans nourriture, rassemblés en direction du Calvados
un petit nombre d'entre eux a réussi après 300 km au travers des lignes ennemies à passer en zone libre pour rejoindre la résistance ou l'armée d'Afrique

Christiane Wolff (03-11-2008 10:31:04)

J'avais 20 ans en 1940 (j'en ai 88). Ce n'est pas pris de panique que nous avons pris le chemin de l'évacuation mais sur ordre du préfet : "La résistance sur la Marne sera terrible, ce sera le Verdun de 40, il faut partir pour ne pas gêner les opérations militaires".
Dans un village de l'Aube où nous avions reçu un excellent accueil et où nous pensions demeurer, loin de tout objectif militaire, là aussi, le maire est venu apporter l'ordre d'évacuer. Non, nous n'étions pas partis sous l'effet de la panique !

Sur notre trajet, nul journaliste n'a mémorisé les faits, on ne voyait que soldats en débandade, voitures à moisson des évacués et, suite aux mitraillages et bombardements, voitures renversées, occupants tués, quelquefois (descente sur Bar-sur-Seine), cadavres suspendus dans les arbres sous l'effet des bombes soufflantes... Dans l'horreur que nous avons côtoyée, je n'ai pas mentionné les innombrables chevaux tués, éventrés, qui au retour et avec la chaleur , couverts d'énormes mouches exhalaient une odeur insoutenable.

Je vous dirai encore qu'au retour (après la cessation des hostilités - l'armistice du 22 juin 1940) c'est à Loches, village de l'Aube, que nous avons appris d'un militaire ancien colonial, qui possédait un poste à galène, l'existence du Général de Gaulle et l'appel du 18 juin. Un peu de baume sur tant de plaies.

Le Roux Serge (05-06-2006 10:00:06)

Il semblerait que toutes les administrations n'aient pas choisi la fuite : ainsi les agents de la conservation des hypothèques de Dunkerque ont-ils transféré les dizaines de gros volumes composant la documentaion hypothécaire en lieu sûr et ce pendant les bombardements.

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