10 mai 1940

Hitler envahit la Belgique

Le 10 mai 1940, sept mois après la déclaration de guerre de la France et de l'Angleterre à l'Allemagne, le Führer met fin à la « drôle de guerre » (Sitzkrieg ou « guerre assise » en allemand). Il rompt le front occidental et lance ses armées sur les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la France.

Les forces en présence sont sensiblement équivalentes. C'est la détermination du commandement allemand qui va faire la différence... Aux 134 divisions alliées, dont 94 françaises, font face 115 divisions allemandes.

En matière de motorisation, les alliés sont bien plus avancés que les Allemands, lesquels utilisent encore massivement les chevaux pour tirer les canons et transporter leur matériel. Les Allemands disposent par ailleurs de 2500 avions et autant de chars, contre 2000 chars et 1800 avions du côté allié (mais les chars alliés sont plus modernes et de meilleure réputations que les allemands).

André Larané
La percée des chars (panzers) allemands en mai 1940

L'invasion 

– 9 mai : le printemps de la « drôle de guerre »

En cette magnifique journée de printemps, les soldats français, belges et britanniques poursuivent leur train-train dans la quiétude. On en voit qui plantent des pensées autour de leurs baraquements (note). Paris s'amuse et chante. On y croise beaucoup de soldats et d'officiers car le commandant en chef des armées françaises Maurice Gamelin a eu la délicate idée de rétablir les permissions... Pourtant, un mauvais coucheur, le président du Conseil Paul Reynaud, a eu le matin même l'inconvenance de présenterune nouvelle fois sa démission au président de la République Albert Lebrun parce que son ministre de la Guerre s'obstine à limoger ledit Gamelin.

À Londres, la veille, des parlementaires ont sommé le Premier ministre Neville Chamberlain de démissionner suite à l'échec de l'expédition de Narvik. Sonné mais droit, le Premier ministre assume la responsabilité de cet échec et se garde d'en accuser le vrai responsable, son ministre de la Marine Winston Churchill, car celui-ci lui apparaît comme le seul à même de mener désormais la guerre contre Hitler.

Au Parlement même, on s'interroge sur le futur locataire du 10 Downing Street. Certains parlementaires se méfient non sans raison de l'exubérance de Churchill et penchent pour le ministre des Affaires étrangères Lord Halifax. Mais Édouard Halifax est déterminé  à tout sauf à se battre. Il n'a que le mot « apaisement » à la bouche.

Troupes allemandes à Bruxelles en 1940, Coblence, Bundesarchiv.

– 10 mai : la Wehrmacht se met en mouvement

De son quartier général du Felsennest (le « nid rocheux »), dans l'Eifel, près des Ardennes, Hitler adresse à ses armées l'ordre d'attaque. Le message se conclut par ces mots : « La bataille qui commence aujourd'hui décidera du sort de la nation allemande pour les mille prochaines années ».

L'attaque, au petit matin, prend tout le monde de surprise. À Paris, les policiers courent d'hôtel en hôtel pour demander au personnel de réveiller tous les militaires. C'est en taxi que beaucoup d'officiers tentent de regagner leur poste.

Au nord, la 18e armée pénètre aux Pays-Bas et fonce sur Amsterdam et Rotterdam. Plus au sud, la 6e armée du général August von Reichenau pénètre en Belgique et se dirige vers Anvers et Bruxelles. La 4e armée du général von Kluge s'enfonce en Belgique vers Charleroi et Dinant.

Toutes ces attaques au sol sont doublées d'attaques préventives de la Luftwaffe contre les aérodromes des Pays-Bas, de Belgique et de France. Plusieurs dizaines d'avions sont détruits au sol avant d'avoir pu décoller. Mais la Luftwaffe perd elle-même une centaine d'appareils.

Conformément aux prévisions de Hitler, les commandements anglais et français envoient leurs troupes en Belgique car ils ont la certitude que le Führer va rééditer le plan Schlieffen de 1914 en attaquant la France à travers la Belgique. Plus qu'aucun autre, le général Gamelin s'est entêté dans cette idée, refusant d'accorder le moindre crédit aux renseignements du Deuxième Bureau qui faisaient état d'une offensive imminente dans les Ardennes. 

De fait, conformément au plan audacieux du général Erich von Manstein, Hitler va porter son principal effort dans les Ardennes, une région montagneuse qui n'est pas protégée par les efficaces fortifications de la ligne Maginot et que le généralissime Gamelin n'a pas cru nécessaire de défendre (« La Meuse se défend toute seule »). Le Sichelschnitt ou « coup de faucille » de Manstein sera porté par les 12e et 16e du groupe d'armées A du général von Runstedt, avec 44 divisions et l'essentiel des unités blindées... 

En attendant, le soir même, à Londres, le roi George VI demande à Winston Churchill, farouche partisan de la guerre à outrance contre Hitler, d'assumer la fonction de Premier ministre.

– 14 mai : percée dans les Ardennes, Rotterdam bombardée

Le port de Rotterdam en feu sous le regard de soldats allemandsLa 12e armée du général List a pénétré au Luxembourg, franchi les Ardennes et traversé la Meuse au sud de Givet, près de Sedan. Ses chars ont pu rouler sans difficulté sur les sentiers, dissimulés à la vue des aviateurs alliés par le couvert forestier.

Le Panzergruppe du général Ewald von Kleist oblique alors sur Amiens et Abbeville pour prendre à revers le corps expéditionnaire britannique et les 7e, 1ère et 9e armées françaises. La 16e armée se charge de couvrir son flanc gauche en pénétrant au Luxembourg par l'Est. 

Trois divisions blindées du général Heinz Guderian percent le front français du côté de Sedan le 14 mai. Mention spéciale au colonel Erwin Rommel qui, à la tête du 7e Panzer, perce le front sur la Meuse, dans les Ardennes belges.

Surprises, les divisions françaises qui devaient protéger cette frontière se débandent devant les panzers assistés des Stukas qui brisent le moral des soldats français avec le hurlement en piqué de leurs « trompettes de Jéricho ».

Aux Pays-Bas, les autorités négocient la reddition de Rotterdam mais Berlin oublie d'en informer la Luftwaffe.

Dans l'après-midi du même jour, celle-ci bombarde et détruit presque totalement en quelques minutes le centre de la ville et les quartiers de l'Est. Le nombre des victimes reste à ce jour indéterminé. Sans doute plus de mille morts. Une statue de Zadkine rappelle au centre de Rotterdam ce premier drame de la guerre. D'aucuns pensent que les Allemands voulaient de cette façon précipiter la capitulation de l'armée néerlandaise et éviter que celle-ci ne rejoigne au sud les armées alliées.

Heinz Guderian (17 juin 1888, Kulm - Chelmno, Pologne ; 14 mai 1954, Schwangau, Bavière)

– 15 mai : les Pays-Bas capitulent

L'état-major néerlandais capitule effectivement le 15 mai, après le départ pour Londres de la reine Wilhelmine et d'une partie de son gouvernement.

Les Belges, qui s'abritaient derrière leur neutralité, sont également débordés par les divisions blindées de la Wehrmacht cependant que les parachutistes allemands sautent sur Liège.

Plus au sud, les tankistes allemands progressent plus vite que prévu, sans prendre le moindre repos. Tétanisés, des soldats français, à leur rencontre, jettent leurs armes sans mot dire et poursuivent leur marche pour se rendre aux unités d'infanterie qui suivent les panzers. Mais d'autres, sous la conduite d'officiers remarquables, paient de leur vie une résistance courageuse ainsi que l'atteste le nombre élevé de pertes militaires au cours de cette campagne de six semaines...

– 16 mai : la défaite en chantant

La veille, au petit matin, Churchill, incrédule, a été réveillé par un appel pathétique du nouveau président du Conseil Paul Reynaud : « Nous avons été vaincus ».

Sans perdre un instant, il se rend à Paris pour tenter de revigorer son partenaire. Il découvre une atmosphère de panique : au Quai d'Orsay comme dans les autres ministères, on brûle les papiers en attendant un repli sur le val de Loire puis Bordeaux.

Interpellé par Churchill, Gamelin confesse n'avoir plus aucune masse de manœuvre... Le Premier ministre tombe de haut : il découvre à la fois l'étendue du désastre et l'ineptie du généralissime.

Les panzers de la 7e division blindée de Rommel en France (mail 1940)

– 17-19 mai : petites lueurs d'espoir vite effacées

À Arras, des unités du Corps Expéditionnaire Britannique tentent une contre-offensive. Elle échoue seulement du fait de l'absence de soutien aérien et de mauvaises communications. Les tankistes allemands, un moment désarçonnés, se ressaisissent grâce à la détermination de leur chef Rommel, qui se jette lui-même en première ligne.

Au sud-est, à Montcornet, le colonel Charles de Gaulle tente lui aussi à deux reprises, les 17 et 19 mai, de lancer à l'attaque les chars de la 4e division cuirassée...     

– 24 mai : la Wehrmacht arrive devant Dunkerque

À Paris, le 19 mai, désemparé par l'ampleur de la débâcle, le Président du conseil a rappelé d'urgence le vieux général Maxime Weygand (73 ans), en poste en Syrie, et lui confie le commandement en chef des armées à la place du généralissime Gamelin.

Le 20 mai, en soirée, les panzers qui ont fait la percée de Sedan arrivent déjà dans Abbeville. Ils prennent en tenaille les armées franco-anglaises qui s'étaient imprudemment engouffrées dans la nasse belge. Le 24 mai, les Allemands prennent Boulogne, encerclent Calais et ne sont plus qu'à 35 kilomètres de Dunkerque.

Le nouveau généralissime des armées françaises est convaincu de l'inéluctabilité de la défaite et souhaite un armistice au plus vite, après un baroud d'honneur sur la Somme. Il fait monter toutes les forces, y compris les troupes d'Afrique du Nord, sur la Somme. Il les organise sur une seule ligne de défense. Cette stratégie contraire à toutes les règles ne lui laisse aucune alternative que l'armistice en cas d'échec.

Hitler, cependant, ne veut pas écraser la France et l'Angleterre mais seulement les réduire à l'impuissance pour avoir les mains libres à l'est de l'Europe, selon le projet énoncé dans sa profession de foi, Mein Kampf.

– 24 mai - 4 juin : la Wehrmacht à l'arrêt devant Dunkerque

Le 24 mai, à midi, le Führer donne l'ordre à ses panzers d'arrêter leur progression. Ses motivations demeurent mystérieuses. Toujours est-il que les alliés vont en profiter pour consolider leurs défenses autour de la poche de Dunkerque.

Churchill ne veut à aucun prix arrêter le combat (mais à ce moment-là, il est à peu près le seul dirigeant occidental à penser de la sorte).

Le 26 mai, Paul Reynaud, se rend à Londres avec mission d'obtenir de son allié l'autorisation de signer un armistice séparé. Mais Churchill renvoie Reynaud à Paris sans lui donner l'autorisation demandée.

Après une semaine de tergiversations, le Premier ministre britannique décide de faire rembarquer ses troupes à Dunkerque. C'est l'opération « Dynamo » : 338 000 soldats alliés dont 193 000 Britanniques sont évacués par le port de Dunkerque vers l'Angleterre, où ils se prépareront pour la contre-offensive... quatre ans plus tard.

– 28 mai : la Belgique capitule après une résistance héroïque

En Belgique, toute résistance est devenue inutile de l'avis même des chefs alliés. Le roi Léopold III, qui n'a pas voulu suivre son gouvernement à Londres, signe donc la capitulation de son armée le 27 mai, à 23 heures. La capitulation devient effective le lendemain.

Le roi s'en tient à la reddition militaire et refuse l'armistice, c'est-à-dire une convention de gouvernement à gouvernement. Cela lui vaut d'être assigné à résidence au palais de Laeken par les Allemands.

Un héros français

Le capitaine Charles N'Tchoréré (1896-7 juin 1940)Né en 1896 à Libreville (Gabon), Charles N'Tchoréré s'engage dans l'armée en 1916 et finit la Première Guerre mondiale avec le grade de sergent. Il sert au Maroc, en Syrie et au Mali (Soudan français) et passe officier.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale débute en 1939, il demande à partir pour le front où, à la tête de sa compagnie, il se comporte brillamment. Il est naturalisé français en juin 1940. Il repousse quatre assauts allemands contre Airaines, entre Amiens et Abbeville, dans la Somme, et permet à son bataillon de décrocher.

Encerclée et à court de munition, la compagnie de N'Tchoréré doit toutefois se rendre le 7 juin 1940. Refusant d'être considéré autrement que comme un officier français lorsque les Allemands séparent les noirs des blancs, il s'insurge et est abattu d'une balle dans la nuque. Le même jour, son fils Jean-Baptiste, caporal au 2e RIC, est tué à Remiencourt.

– 10 juin : le « coup de poignard dans le dos » de Mussolini

Hitler finit par comprendre que sa proposition d'une paix « généreuse » et presque sans annexion avec l'Angleterre n'a plus lieu d'être.

Le 5 juin, il donne l'ordre à ses troupes de reprendre leur progression mais cet ordre arrive trop tard pour empêcher à Dunkerque l'évacuation des troupes britanniques vers l'Angleterre. Par sa faute, le Führer s'est privé ainsi d'une victoire rapide sur l'Angleterre.

Là-dessus arrive Mussolini, le dictateur italien. Il se joint à la curée et le 10 juin, déclare la guerre à la France déjà à genoux. Il a tout juste l'occasion de démontrer la faible combativité de ses troupes.

Ses 32 divisions n'arrivent pas après une semaine de combat à faire bouger les six divisions françaises stationnées dans les Alpes ! Hitler n'en est pas moins ému par le geste de son allié.

– 14 juin : la Wehrmacht entre dans Paris

Plus au nord, la ligne de front a été enfoncée comme prévu, même si Weygand a osé annoncer contre toute évidence la prise par les Français d'Abbeville, Péronne et Amiens. Le 14 juin, les Allemands entrent dans Paris qui s'est déclaré « ville ouverte » après la fuite du gouvernement à Tours puis à Bordeaux. La majorité des Parisiens s'est aussi enfuie vers le sud à l'imitation du gouvernement et la ville est réduite à 1 million d'habitants au lieu de 3.

En dépit de la désorganisation du haut commandement et de la classe politique, mise en lumière par l'historien Marc Bloch (L'étrange défaite), des soldats et des officiers poursuivent une résistance héroïque. C'est le cas des élèves-officiers du Cadre Noir de Saumur. Dix-sept de ces cadets se font tuer en défendant un pont sur la Loire. 

Le maréchal Pétain, devenu président du Conseil à la place de Paul Reynaud, négocie l'armistice avec l'envahisseur.

– 22 juin : signature de l'armistice à Rethondes

La sonnerie du cessez-le-feu résonne le 25 juin à 0h35, soit six semaines après le début de l'invasion.

C'est le même laps de temps qui s'était écoulé en 1870 entre la déclaration de guerre de Napoléon III à la Prusse et sa reddition à Sedan... et en 1914 entre l'entrée en guerre de la France et la victorieuse contre-offensive française sur la Marne.

Mais déjà, Charles de Gaulle, qui a été nommé général de brigade à titre temporaire le 25 mai et a fait un bref passage dans le précédent gouvernement, a appelé de Londres les Français à la résistance.

Le courage

Victimes d'un commandement défaillant et convaincus à tort de la supériorité des armées allemandes, d'abord pris de court par la percée des panzers, les soldats français et anglais se sont néanmoins souvent battus avec un remarquable courage.

Leurs officiers ont souvent aussi de leur propre chef organisé sur le front une farouche résistance, repoussant d'autant l'échéance de l'armistice...

Terreur et désarroi des troupes alliéesPendant les six semaines qui séparent l'invasion du cessez-le-feu, la campagne de France a fait, selon les chiffres les plus récents (2010), environ 60 000 morts et 123 000 blessés chez les militaires français, preuve d'une combativité remarquable. La Wehrmacht déplore quant à elle 30 000 tués et 117 000 blessés.

Le ratio tués/blessés plus élevé chez les Français tient à la désorganisation de leurs services sanitaires...

20 000 des victimes françaises appartiennent aux troupes coloniales, composées de professionnels exposés en première ligne et sans doute voués à se battre avec la dernière énergie pour échapper aux exécutions sommaires que les Allemands, trop souvent, infligeaient à leurs prisonniers de couleur.

Entre autres actes de résistance, rappelons le 17 mai, près de Laon, à Montcornet, la contre-attaque du colonel Charles de Gaulle avec la 4e division cuirassée, dont il venait de recevoir le commandement. Il y a été encouragé par le général Alphonse Georges, l'un des généraux les plus déterminés du moment. Il progresse de 14 km en une après-midi... mais, faute de soutien aérien et de suivi, il doit presque aussitôt se replier d'autant en laissant de nombreux chars sur le terrain.

Un peu plus tard, à Abbeville, le 28 mai, la même division cuirassée attaque une division d'infanterie de réserve. Ce modeste succès vaut à son auteur le grade de général à titre temporaire, ce qui ne sera pas sans importance pour la suite de l'Histoire.

Du 17 au 20 juin, de jeunes soldats et officiers résistent encore dans un combat héroïque et désespéré aux Allemands qui tentent de franchir la Loire et bombardent les ponts. Les sépultures de 17 Cadets du Cadre noir de Saumur en témoignent encore aujourd'hui au-dessus du pont de Gennes.

Les envahisseurs se montrent de leur côté coupables de crimes de guerre. Le recensement en est imprécis faute de sources documentées. Fin mai, des SS des divisions « Totenkopf » et « Leibstandarte-SS-Adolf-Hitler » massacrent 128 civils à Oignies et Courrières (Pas-de-Calais) ainsi que 99 prisonniers de guerre britanniques à Lestrem. Par ailleurs, les soldats de la Wehrmacht massacrent de nombreux prisonniers originaires des colonies françaises d'Afrique noire, une manière de vengeance sur la « honte noire » des troupes d'occupation de la Ruhr en 1923.

L'Alsace évacuée

Malgré la ligne Maginot qui court le long du Rhin, l'état-major français n'a pas cru possible de protéger les populations civiles de la plaine d'Alsace contre une invasion.

Dès avant la déclaration de guerre à l'Allemagne (3 septembre 1939), le gouvernement français a ainsi évacué à titre préventif près d'un demi-million d'Alsaciens (surtout des Strasbourgeois) vers l'intérieur du pays et notamment en Dordogne. Le chef-lieu de ce département, Périgueux, a vu sa population brutalement doubler. À la fin septembre 1939, la ville est devenue la préfecture officielle du Bas-Rhin !

Scène de l'exode (mai-juin 1940)

L'exode 

Sans attendre l'invasion allemande, le gouvernement français a mis en oeuvre des plans d'évacuation de civils. Dès août 1939, 38 000 enfants parisiens ont été par exemple évacués vers le sud.

Quand survient l'invasion, en Belgique et dans le nord de la France, les habitants se rappellent les atrocités commises en Belgique par les Allemands lors de l'invasion de 1914. Beaucoup songent alors à fuir vers un improbable abri dans le Sud.

Les autorités civiles et les administrations, livrées à elles-mêmes, dépassées par les événements et parfois prises de panique, donnent le mauvais exemple en pliant bagage les premières. Notables et élus, préfets et maires, poussent leurs administrés à fuir sans attendre, sous prétexte de ne pas gêner l'action des troupes !

Au fur et à mesure de la progression allemande, la panique se répand dans les villes et villages que les fuyards sont conduits à traverser, de sorte que ceux-ci se vident à leur tour.

Mais l'exode ne devient vraiment massif qu'au début juin, quand Paris elle-même est désertée par les 2/3 de ses 3 millions d'habitants. À Chartres, au témoignage de Jean Moulin, préfet d'Eure-et-Loir, il ne reste plus le 18 juin que 700 à 800 habitants sur un total de 23 000 mais la ville déborde par ailleurs de milliers de réfugiés en transit...

L'exode des civils sur les routes de France en mai et juin 1940Dans les jours qui précèdent l'armistice, huit à dix millions de Belges et de Français se retrouvent sur les routes, sous le feu des Stukas, les avions allemands qui piquent sur les colonnes de réfugiés et les mitraillent en faisant retentir leurs sirènes, surnommées « les trompettes de Jéricho ».

On compte 90 000 enfants errants, ayant perdu leurs parents dans l'exode. Le célèbre film de René Clément, Jeux interdits, évoque cette tragédie à travers le destin de deux petits enfants.

Toutefois, contrairement à une légende commune, l'historien Éric Alary, auteur de L'exode, un drame oublié (Perrin, 2010), précise que les flots de réfugiés n'auront guère gêné au final les opérations militaires.

Guerre éclair

Les citoyens et les dirigeants des pays occidentaux appréhendaient l'offensive allemande depuis 1938. Ils étaient en général éblouis par l'aspect martial des défilés nazis et les rodomontades d'Adolf Hitler, et croyaient à l'inéluctable supériorité de l'armée allemande.

Pourtant, en 1939, hâtivement équipée et formée, la Wehrmacht ne compte guère plus de chars, d'avions et de troupes que les Français et les Anglais. Elle n'est pas en état de soutenir une guerre de longue durée. La flotte allemande n'est pas davantage en état d'envahir l'Angleterre, étant très inférieure à celle des Britanniques et ayant beaucoup souffert dans la bataille de Norvège (mais les contemporains ne sont pas conscients de cette faiblesse). La ligne de fortifications Siegfried, vite construite le long de la frontière occidentale de l'Allemagne, face à la ligne Maginot, n'est pas apte à résister à une attaque.

Abusés par la propagande et paralysés par leurs propres craintes, les Occidentaux n'osent pas envahir la Rhénanie pendant que l'armée allemande s'occupe de la Pologne, du Danemark et de la Norvège.

À la différence de leurs ennemis, les généraux allemands sont conscients de leur relative faiblesse. Pour y remédier, ils font le choix de pratiquer la guerre éclair (« Blitzkrieg » en allemand). Cette stratégie inédite consiste à lancer les unités blindées (Panzerwaffen) en avant sans trop se soucier de nettoyer le terrain conquis, avec l'objectif de fragmenter les corps de bataille et de désorganiser les lignes adverses.

Le succès repose sur la coordination des opérations par la radio et sur l'appui apporté aux panzers par l'aviation d'assaut (les fameux stukas). Il importe aussi que les unités du front assurent leurs arrières, avec des approvisionnements suffisants en matériels, munitions et carburant, sauf à prendre le risque de très grosses pertes humaines et matérielles.

Les nids de résistance sont réduits ultérieurement par l'infanterie et l'artillerie. Le danger, toutefois, est d'être pris en tenaille par une contre-offensive adverse. De cette façon, par la guerre éclair, l'armée de Hitler a pu mettre l'Europe continentale à genoux en quelques semaines. La Blitzkrieg a été renouvelée avec succès par les armées allemandes jusqu'à la fin de l'année 1942, en Afrique ainsi que dans les plaines d'Ukraine.

Publié ou mis à jour le : 2022-05-09 13:13:32

Voir les 6 commentaires sur cet article

vemache (17-06-2020 11:14:19)

Bonjour, il faut relire "les vérités cachées de la seconde guerre mondiale" de Dominique Lormier qui ne corrobore pas du tout la supériorité numérique et matérielle des alliés mentionnée en d... Lire la suite

Claude Beuzelin (10-05-2019 14:06:37)

Merci à Hérodote pour cet aperçu synthétique de la plus grande défaite (Pavie exceptée, mais dans l'honneur) que notre pays ait jamais connue et dont il ne s'est pas réellement remis à ce jour... Lire la suite

Jean-Claude PETERS (01-10-2017 16:24:58)

Quelques corrections suggérées: - Dans l'après-midi du même jour, celle-ci bombarde et détruit presque totalement en quelques minutes le centre de la ville (enlever mot double) - Cette stratég... Lire la suite

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