Le 30 novembre 1939, Staline lance les troupes soviétiques à l'assaut de la petite Finlande. La « Guerre d'Hiver » débute. L’Armée rouge va essuyer de nombreux revers face à la valeureuse petite armée finlandaise, motivée et bien préparée. La loi du nombre l’emportant, la Finlande finira par s'incliner et conclut le traité de Moscou, le 12 mars 1940, par lequel elle perd essentiellement la Carélie.
L'année suivante toutefois, quand Hitler envahira l'URSS, la Finlande reprendra le combat contre les Soviétiques aux côtés du IIIe Reich. À la fin de la guerre, elle pourra s'estimer heureuse d'échapper à une annexion pure et simple comme les pays baltes...
Le Petit Poucet résiste à l'ogre
La Finlande s'était émancipée de la Russie pendant la Grande Guerre de 1914-1918 et la frontière entre les deux pays avait été établie à quelques dizaines de kilomètres de Leningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg).
En 1939, tandis qu'il partage la Pologne avec Hitler, Staline s'inquiète de la vulnérabilité de cette frontière et du risque d'une invasion de la deuxième région économique de l'URSS via la Finlande. Il propose aux Finlandais de reculer leur frontière méridionale, dans l'isthme de Carélie, en échange de vastes territoires situés plus au nord. Il demande aussi de pouvoir installer une base navale à Hanko, à la pointe sud du pays.
Le gouvernement finlandais veut bien négocier un échange de territoires mais refuse de sacrifier sa souveraineté en cédant une base. Loin de chercher un quelconque arrangement avec le dictateur, il renforce ses fortifications frontalières longues de 140 km et connues sous le nom de « ligne Mannerheim », du nom du maréchal finlandais d'origine suédoise, le baron Carl Gustaf Emil von Mannerheim, qui a repoussé les bolcheviques en 1917 et commande l'armée nationale.
Finalement, Staline prend prétexte de tirs d'artillerie sur le village de Mainila qui tuent quatre soldats soviétiques, le 26 novembre 1939, pour accuser la Finlande et exiger le retrait de ses troupes de l'isthme de Carélie, à portée de canon de Leningrad. La Finlande propose le lendemain un retrait mutuel des troupes, mais l’URSS maintient ses accusations et dénonce unilatéralement le traité de non-agression russo-finnois de 1932. Elle attaque son voisin sans prendre la peine de lui déclarer la guerre.
La Finlande, qui ne dispose que de 265 000 hommes, 270 avions et 26 tanks, doit faire face à 400 000 hommes de l'Armée rouge, équipés de 1500 avions et autant de tanks.
Malgré la disproportion des forces et la brutalité de l'attaque, du golfe de Finlande à l'océan Arctique, les Soviétiques piétinent plusieurs mois sur la frontière et les Finlandais remportent même de nettes victoires au nord.
Les groupes de combattants finlandais, à ski et en tenue de camouflage blanche, harcèlent les unités soviétiques, mal commandées, mal entraînées et mal préparées au froid. Contre les chars russes, ils utilisent avec profit des bombes incendiaires artisanales déjà utilisées par les franquistes pendant la guerre d'Espagne. Viatcheslav Molotov, ministre des Affaires étrangères de Staline, ayant déclaré que les Soviétiques larguaient en fait de la nourriture sur la Finlande, les combattants finlandais vont baptiser leurs bombes incendiaires « cocktails Molotov » !
Cette « Guerre d'Hiver » se traduit par de lourdes pertes pour l'Armée rouge. Les Finlandais recueillent un soutien vibrant de leurs voisins suédois, lesquels, bien que neutres, envoient des bataillons de volontaires combattre à leurs côtés. Les Français et les Anglais, en guerre déclarée contre Hitler, ont aussi à coeur de soutenir le peuple finlandais en lutte contre Staline, lié au Führer allemand par un pacte de non-agression. Ils répugnent toutefois à affronter directement les Soviétiques (tout comme les Allemands).
Sur une idée du Premier Lord de l'Amirauté Winston Churchill (le ministre britannique de la marine), les deux alliés entreprennent une expédition en Norvège pour officiellement soutenir les Finlandais, en fait mettre la main sur le port de Narvik par lequel est exporté le précieux minerai de fer suédois. Les Occidentaux caressent l'espoir illusoire que des opérations périphériques comme celle-là leur permettront de faire l'économie d'une attaque frontale contre l'Allemagne.
Staline, qui a tout de même pu occuper la partie orientale de la Finlande, renonce à l'occupation complète du pays. Il conclut avec son adversaire le traité de Moscou du 12 mars 1940 par lequel il annexe la Carélie orientale et les abords du lac Ladoga. La plupart des habitants (environ un dixième de la population finlandaise) quittent leurs foyers pour la Finlande restée indépendante.
Par sa victoire à l'arraché, l'URSS se voit encore plus isolée sur le plan international. Qui plus est, la « Guerre d'Hiver » révèle la médiocrité du commandement soviétique et la faible motivation des troupes. Vorochilov, commissaire du peuple (ministre) à la Défense, est d'ailleurs démis de ses fonctions dès le 7 mai. Hitler va tirer de cet échec soviétique d'utiles enseignements quand il prendra la décision d'attaquer son associé le 22 juin 1941.
À ce moment-là, alliés à leur tour aux Allemands, les Finlandais reprennent l'offensive contre les Soviétiques. Commence alors la guerre dite « de continuation ». Les Finlandais vont en particulier participer de façon décisive à l'effroyable siège de Leningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg) par la Wehrmacht. Ce siège de 872 jours fera plus d’un million de morts de faim parmi les civils...
En août 1944, le maréchal von Mannerheim (77 ans) est appelé à la tête de l'État finlandais pour faire face à la contre-offensive soviétique. Il mesure par ailleurs la folie de cette Guerre de continuation. Le 19 septembre 1944, il conclut avec Staline un armistice par lequel il préserve l'indépendance de son pays. Il doit en contrepartie accepter une mise sous tutelle soviétique par le traité de Paris du 10 février 1947. Elle se traduira par le versement d'un lourd tribut, la cession de la Carélie et le maintien d'une stricte neutralité. En échange de quoi la Finlande conservera son indépendance et pourra se doter d'institutions démocratiques.
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ariaDne_15 (02-12-2018 16:30:15)
Merci
bernard (29-11-2011 10:24:51)
A Hesinki (il y a 15 ans environ), mon hôte m’a montré dans une petite rue une plaque très discrète commémorant le fait que 620 000 Russes sont tombés en tentant d’envahir la Finlande. Mon h... Lire la suite