Le 23 août 1939, le monde apprend avec stupéfaction la signature au Kremlin, à Moscou, d'un pacte germano-soviétique de « non-agressio n».
Rapprochement des dictatures
Les premières initiatives belliqueuses de Hitler s'accompagnent comme il va de soi d'un brutal regain de tension en Europe.
Staline, soupçonne les Occidentaux de vouloir détourner vers l'Est les appétits de conquête de Hitler. Il croit voir dans le lâchage de la Tchécoslovaquie à la conférence de Munich, en septembre 1938, la confirmation de ses craintes.
Cinq mois après la conférence de Munich, commence à émettre des revendications sur la Pologne et réclame en particulier Dantzig, « ville libre » selon les termes du traité de Versailles de 1919. Le « couloir de Dantzig » assure à la Pologne un accès à la mer mais présente pour les Allemands l'inconvénient de séparer la Prusse orientale du reste de leur pays.
Le 15 mars 1939, la Wehrmacht entre à Prague et transforme ce qui reste de la Tchécoslovaquie en une colonie allemande.
Pour circonvenir la menace allemande, Staline négocie d'abord un rapprochement avec les Français et les Britanniques. Un projet d'accord est bouclé le 22 juillet 1939 mais le dictateur refuse de le signer car les Occidentaux n'autorisent pas ses troupes à entrer en Pologne et en Roumanie en cas d'agression allemande.
De dépit, Staline change son fusil d'épaule et, le soir du 19 août, annonce à son Politburo (bureau politique) son intention de signer un pacte de « non-agression » avec son turbulent voisin (en théorie rien à voir avec une alliance qui implique un engagement militaire commun).
À Berlin, Joachim von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères depuis le 4 février 1938, convainc Hitler que les Occidentaux sont trop timorés pour jamais oser répondre aux provocations allemande et l'entraîne dans un rapprochement avec Staline, en vue du dépeçage de l'Europe centrale.
Lui-même se propose d'aller à Moscou négocier un partage de la Pologne et des pays baltes.
Un pacte plein de sous-entendus
Le 21 août 1939, Berlin propose officiellement à l'URSS un pacte de non-agression sous le prétexte de mettre un terme aux provocations... de la Pologne !
Le pacte est bouclé trois jours plus tard par von Ribbentrop et son homologue soviétique, Vyatcheslav Molotov. Il est conclu pour une durée de dix ans.
Le pacte inclut une aide économique de l'URSS à l'Allemagne avec d'importantes livraisons de blé, pétrole et matières premières. Celles-ci se poursuivront jusqu'à la rupture du pacte deux ans plus tard.
Une clause secrète prévoit le partage de la Pologne en zones d'influence allemande et soviétique, la limite passant par les fleuves Narew, Vistule et San. Une autre clause secrète prévoit la livraison à l'Allemagne nazie de militants communistes allemands réfugiés en URSS (elle sera exécutée comme les autres).
Les dirigeants français et britanniques comprennent que la guerre est devenue inéluctable.
Dépeçage de l'Europe centrale
Hitler, débarrassé de la crainte d'avoir à combattre sur deux fronts, envahit la Pologne dès le 1er septembre 1939. La France et le Royaume-Uni ne peuvent faire autrement que d'honorer leur promesse faite à la Pologne et de déclarer la guerre à l'Allemagne.
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Voir les 6 commentaires sur cet article
Christian (23-08-2023 06:01:50)
On peut noter que l'URSS a conservé jusqu'en 1991 les territoires qu'elle avait indûment annexés à la faveur du pacte germano-soviétique, à savoir les régions orientales de la Pologne (aujourd'... Lire la suite
Michel J. (22-08-2023 08:21:33)
Il me semble bien avoir lu que la délégation anglo-française, chargée officiellement au moment de l’imminence du pacte de prendre contact avec l’URSS sans toutefois avoir le pouvoir de signer ... Lire la suite
CH (21-08-2023 08:08:09)
Il est rare de voir un article sur le pacte germano-soviétique traité ainsi. Généralement il est dit que Staline fait alliance avec Hitler. Il reste dans cet article quelques oublis tel le refus d... Lire la suite