Après la Première Guerre mondiale, la France a obtenu de la Société des Nations un « mandat » sur la Syrie et le Liban. Mais elle a aussi occupé la Cilicie ou « Petite Arménie », autrement dit la province ottomane riveraine de la Méditerranée, dans le prolongement nord-ouest de la Syrie.
Dès 1920, sous la pression des Turcs et de leur chef Moustafa Kémal, ses troupes évacuent précipitamment la Cilicie, à l'exclusion toutefois du sandjak (ou vilayet) d'Alexandrette (le sandjak désigne une circonscription administrative ottomane).
Ce sandjak-ci est une enclave en territoire syrien qui comprend les villes d'Alexandrette (Iskenderun en turc) et d'Antioche (Antakya en turc), avec un total de 200 000 habitants sur 4700 km2. Comme sa population est majoritairement arabe et donc syrienne, avec aussi une minorité turque, la France le rattache à son protectorat de Syrie.
En 1936, quand Léon Blum arrive au pouvoir en France, il promet aux Syriens qui réclament leur indépendance de la leur octroyer dans un délai de trois ans. Moustafa Kémal, qui s'accommodait jusque-là du protectorat de la France sur le Sandjak, ne supporte pas qu'il puisse passer sous la souveraineté pleine et entière d'un État arabe indépendant.
Moustafa Kémal se pose en conciliateur et ami de la France mais dans le même temps proclame urbi et orbi que le Sandjak serait rien moins que le berceau de la race turque ! Son ministre des Affaires étrangères exige qu'il devienne indépendant... mais séparé de la Syrie. Et pour faire passer le message, des agents provocateurs multiplient les attentats à Alexandrette.
De lassitude et dans la crainte (illusoire) que les Turcs nouent une alliance avec l'Allemagne hitlérienne, les Français conviennent donc avec les Turcs, le 29 mai 1937, de créer un État libre du Sandjak qu'ils administreront en commun. C'est une étape préliminaire à l'annexion par la Turquie, qui devient effective le 23 juin 1939, à la suite d'un référendum et après que la majeure partie des Arabes aient cédé la place à des colons turcs. Le Sandjak est depuis lors une pomme de discorde entre la Turquie et la Syrie.
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