16 juillet 1935

La déflation Laval

Le 16 juillet 1935, à Paris, le président du Conseil Pierre Laval promulgue 29 décrets-lois.

Entre autres mesures, ils comprennent une réduction générale de 10% de toutes les dépenses publiques. Y compris les salaires des fonctionnaires et les intérêts des emprunts.

Par cette « déflation » (économies budgétaires et diminution des salaires et des prix par voie d'autorité), le président du Conseil veut relancer l'activité et les échanges sans avoir à dévaluer la monnaie.

Mais cette politique que l'on qualifierait aujourd'hui de « rigueur » n'atteindra ni l'un ni l'autre de ces objectifs et laissera le pays plus pauvre et plus désemparé qu'avant.

Un début de redressement viendra quand le gouvernement Léon Blum se résoudra à dévaluer une nouvelle fois le franc.

Une rapide dégradation des comptes

La France a été d'abord peu affectée par le krach boursier de Wall Street d'octobre 1929 grâce à la dévaluation Poincaré de 1928 et aussi à sa moindre intégration dans les échanges internationaux.

Mais à l'issue de la conférence économique de Londres réunie en catastrophe en juin 1933, à contre-courant des Anglo-Saxons, elle s'impose une politique du franc « fort » qui entraîne un violent décrochage de l'activité et de l'emploi.

Pour retenir les détenteurs de francs autant que faire se peut, les taux d'intérêt progressent en France de 3,9% à 5,6% entre 1931 et 1936, alors qu'ils diminuent dans le même temps de 4,6% à 2,9% au Royaume-Uni et de 3,6% à 2,7% aux États-Unis.

Les investissements et la consommation, à cause du coût élevé du crédit, chutent en conséquence. Avec un franc surévalué d'au moins 20%, les exportations tombent de 14,2% à 6% du PIB.

Pierre Laval renforce la politique de rigueur

Le 31 mai 1935, le président Albert Lebrun appelle Pierre Laval à la présidence du Conseil. Celui-ci affiche l'objectif de « défendre le franc et lutter contre la spéculation » (car il est bien évident que les tracas du pays ne viennent que de gens mal intentionnés : les spéculateurs !).

Refusant comme ses prédécesseurs de dévaluer la monnaie, il va tenter d'aligner les prix français sur les prix étrangers par une politique autoritaire de déflation active.

Pour cela, le chef du gouvernement procède par décrets-lois. Il s'agit de mesures gouvernementales qui ont valeur de lois sans avoir pour autant été approuvées par le Parlement, siège de la souveraineté populaire. Le premier train de décrets-lois, le 16 juillet 1935, comporte, outre la réduction de 10% de toutes les dépenses publiques, diverses économies (augmentation de taxes). 

La presse s'en félicite. Le journal Le Temps (Le Monde de l'époque) écrit le 20 juillet 1935 : « La réduction des dépenses publiques, parce qu'elle allège les charges qui pèsent sur la production, parce qu'elle rend l'aisance au marché des capitaux, parce qu'elle tend à remettre en marche le mécanisme du crédit, ne peut qu'accroître le pouvoir d'achat de l'ensemble des consommateurs » (cité par Alfred Sauvy, Histoire économique de la France entre les deux guerres).

Une dévaluation inéluctable

L'entêtement du gouvernement à vouloir maintenir la parité-or du franc accélère la crise budgétaire et financière : en dépit des programmes successifs d'économies, le budget de l'État n’en finit pas de se dégrader du fait de l'abrupte diminution des recettes.

Le mécontentement social engendré par la déflation, en rejetant les classes moyennes et les employés vers le Front Populaire, va contribuer à la victoire de celui-ci aux élections législatives du 3 mai 1936. Malgré son mot d'ordre : « Ni déflation, ni dévaluation », le nouveau chef du gouvernement, Léon Blum, va devoir se résoudre à dévaluer le franc de 29% le 26 septembre 1936.

Publié ou mis à jour le : 2018-11-27 10:50:14
Anonyme (01-03-2013 14:56:59)

Je ne suis pas un ami d'Hérodote.net

Anonyme (01-03-2013 14:48:45)

canard

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