Le 10 mai 1933 au soir, à Berlin, des étudiants nazis escortent, en brandissant des flambeaux, deux camions de livres de la porte de Brandebourg jusqu'à la place de l'Opéra, ou Franz-Josef Platz, face à l'université de Berlin.
Là, en dépit d'une pluie battante, ils déchargent le contenu des camions et organisent un « autodafé rituel des écrits juifs nuisibles ». 20.000 livres sont brûlés. Parmi les auteurs voués au feu figurent Heinrich Heine, Karl Marx, Sigmund Freud, Albert Einstein, Franz Kafka, Stefan Zweig, Felix Mendelssohn-Bartholdy.
Présent sur place, Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du Reich, dénonce dans un discours radiodiffusé le « mauvais esprit du passé » et appelle les étudiants à lutter pour que «l'esprit allemand triomphe définitivement dans une Allemagne à jamais réveillée».
Des manifestations similaires, soigneusement planifiées, ont lieu au même moment dans d'autres villes allemandes. Les oeuvres des artistes « dégénérés », tels Van Gogh, Picasso, Matisse, Cézanne et Chagall, sont par ailleurs bannies des musées.
C'est le point d'orgue d'une campagne destinée à chasser les Juifs d'Allemagne. Elle a débuté le 1er avril 1933, deux mois après l'accession de Hitler à la chancellerie, avec le boycott des magasins juifs. Le 7 avril suivant, une loi a évincé les fonctionnaires juifs de l'administration et les militants nazis ont eux-mêmes chassé avec brutalité des écoles et des universités les enseignants juifs ou réputés hostiles au régime.
Toutefois, la mobilisation internationale va obliger Hitler à un repli tactique de sorte que les campagnes antisémites vont s'interrompre pendant deux ans jusqu'au congrès de Nuremberg de 1935.
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maurice.gelbard@laposte.net (11-05-2022 10:15:39)
Le populaire, journal de la SFIO) narrant cette ignominie, fut le seul journal à dire qu'il pleuvait et SURTOUT à préciser que les livres furent aspergés de pétrole par les POMPIERS qui y mirent ... Lire la suite