La « guerre de Quinze ans » ou « guerre d'Asie et du Pacifique » (1931-1945) est le nom que les historiens japonais donnent à une succession de conflits qui fit en Asie 30 millions de morts, dont 20 en Chine.
Le Japon annexa d'abord la Mandchourie, province périphérique au nord de la Chine, en 1931, puis attaqua la Chine en 1937, enfin entra en guerre contre les États-Unis en 1941, tout en sachant que cette dernière agression était vouée à l'échec.
Tout commence donc en Mandchourie, où les Japonais ont obtenu de faire stationner quelques milliers d'hommes afin de veiller à la sécurité du trafic sur le chemin de fer Moukden-Tientsin.
Dans l'état-major qui commande cette armée du Guandong figure le général Kanji Ishiwara. C'est un illuminé qui appartient à une secte bouddhiste que l'on qualifierait aujourd'hui d'« intégriste ». Il est convaincu que le Japon a vocation à unifier les peuples jaunes sous son égide puis à entrer en guerre vers les États-Unis, mais il ne pense pas que cet ultime conflit puisse se produire avant 1970.
Dans une première étape, il faut selon lui que le Japon s'approprie les plaines de Mandchourie pour se renforcer et offrir un « espace vital » à son peuple. Avec une poignée de complices, il fait sauter le 18 septembre 1931 la voie ferrée, à quelques centaines de mètres d'une garnison chinoise et juste avant le passage d'un train.
Quand les soldats chinois, alarmés par l'explosion, arrivent sur les lieux de l'explosion, ils sont accueillis par des rafales de mitrailleuse. Sans attendre, Ishiwara informe Tokyo que les Chinois auraient fait sauter la ligne et tenté d'attaquer un train japonais. Lui-même lance derechef ses troupes à la conquête de la Mandchourie.
Le gouvernement japonais, pris au piège, ne peut qu'agréer l'initiative du général, lequel devient aussitôt un héros national. La Mandchourie est transformée en un État fantoche à la botte du Japon, le Mandchoukouo. Un million de colons japonais s'y installent sans attendre.
Mais les choses ne vont pas se poursuivre comme l'auraient souhaité le général. Ses compatriotes se lancent dans une guerre contre la Chine. Il le déplore parce qu'il juge - avec raison - qu'ils ne pourront vaincre les masses chinoises et regrette que l'on compromette ainsi l'union à venir des peuples asiatiques.
En 1941, quand les Japonais, ayant occupé l'Indochine française, se voient soumis à un embargo sur le pétrole par le président Roosevelt, ils n'ont plus d'autre alternative que de renoncer à l'occupation de la Chine, par manque de pétrole, ou de poursuivre leur fuite en avant en attaquant les États-Unis eux-mêmes. Tenu à l'écart par son rival, le général Tojo, ministre de la Guerre, Ishiwara ne peut plus, cette fois, faire entendre son désaccord...
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