Le 17 septembre 1928, les patrons des principales compagnies pétrolières du monde concluent un accord décisif en vue de se partager les réserves de pétrole du Moyen-Orient et de maintenir des prix élevés tout en s'évitant les désagréments d'une concurrence sauvage.
Heureux coqs de bruyère
L'accord est conclu dans le plus grand secret, sous le prétexte d'une partie de chasse au coq de bruyère, dans le superbe château d'Achnacarry, en Écosse, à une centaine de kilomètres au sud d'Inverness, loué par sir Henri Deterding, président de la puissante Royal Dutch Shell.
Depuis la retraite de Rockefeller, d'aucuns qualifient le maître d'Achnacarry d'« homme le plus puissant du monde » !
Les invités s'y rendent en grand équipage, avec limousines secrétaires, conseillers et domestiques, mais dans la plus grande discrétion. Ils vont discuter pendant une quinzaine de jours avant de s'entendre sur les prix et le partage des productions moyen-orientales. Autant dire que les coqs de bruyère n'ont pas eu à pâtir de ces Nemrod en chambre...
Les compagnies représentées à Achnacarry sont au nombre de cinq : Standard Oil of New Jersey (Walter Teagle), Anglo-Persian (sir John Cadman), Gulf Oil (William Mellon), Esso Indiana (Robert Stewart) et Royal Dutch Shell (Henri Deterding).
Leur accord est peu après agréé par les autres membres du cartel pétrolier. On désignera après la Seconde Guerre mondiale cet oligopole sous le nom de Sept Sœurs (« The Seven Sisters »).
L'accord d'Achnacarry sera gardé secret jusqu'en 1952. Cette année-là, le gouvernement américain le rendra public pour obliger les firmes à jouer le jeu de la concurrence et baisser leurs prix... de façon que les crédits accordés aux Européens dans le cadre du plan Marshall ne servent pas simplement à enrichir les pétroliers !
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