29 février 1960

Agadir détruite par un séisme

Le 29 février 1960, un tremblement de terre ravage la ville d'Agadir, au sud du Maroc. On dénombrera entre 12 000 et 15 000 morts auxquels s’ajoutent 25.000 blessés. Toute la ville est détruite, à l'exception du vieux ksar (château-fort en arabe). Rapidement rebâtie, Agadir est devenue une cité balnéaire moderne de 50.000 habitants, analogue à celles du littoral méditerranéen de l'Europe.

Soulignons que c'est la même région, d'Agadir à Marrakech en passant par Asni, qui a été frappée par un séisme de grande violence (6,8 sur l'échelle de Richter) le 8 septembre 2023...

Matthias Mauvais

Tremblement de terre d'Agadir en 1960. Agrandissement : Séisme de 2023 à Tansghart, dans la commune Asni.

La nature sismique du Maroc

Plusieurs fois dans son histoire, le Maroc a été touché par des tremblements de terre ou des tsunamis. En effet, son territoire est soumis à un haut risque sismique, ses chaînes montagneuses du Rif et de l'Atlas se situant sur une zone de collision entre la plaque tectonique africaine orientée vers le Nord-Ouest (péninsule ibérique) et la plaque tectonique eurasienne.

On sait que le pays fut affecté en 1079 par un tremblement de terre important et qu’en 1276, la ville de Larache, dans la région de Tanger, fut détruite par des secousses. En 1522 également, un tremblement de terre toucha sévèrement les villes de Fès et de Tétouan et en 1579, la ville de Melilla ne fut pas épargnée non plus.

De nombreuses catastrophes marquèrent aussi le Maroc au XVIIIe siècle avec notamment le tremblement de terre de 1731 qui détruisit une première fois la ville d’Agadir, connue à l'époque sous le nom de Santa Cruz do Cabo de Aguer. Le tsunami du 1er novembre 1755, provoqué par le célèbre séisme qui détruisit Lisbonne, fut à l’origine de la destruction de plusieurs villes de la côte marocaine de Tanger à Agadir. Enfin au début du XXe siècle, les villes de Tétouan et Fès furent à nouveau détruites, respectivement en 1909 et en 1929.

Pourtant l’agitation séismique au Maroc reste plus faible que dans son pays voisin… On se souvient des séismes de la région d’El Asnam dans le Nord de l’Algérie en 1954 et 1980 ; respectivement de magnitude 7 et 7,3 sur l’échelle de Richter, ils causèrent 1 250 morts et 3 000 blessés pour le premier, ainsi que 5 000 morts, 9 000 blessés pour le second.

Le drame d’Agadir

La ville d’Agadir, située dans la région du Souss, sur la bordure sud-ouest du Haut-Atlas, se situe à la limite méridionale de la zone sismique qui s’étend des Açores à la Tunisie. Chaque année, on recense plusieurs secousses assez fortes sur cette bande géographique.

Maisons détruites après le séisme d'Agadir de 1960.Le séisme de magnitude « modérée » - entre 5 et 6 - qui toucha Agadir dans la soirée du 29 février 1960, reste néanmoins le plus meurtrier et le plus destructeur de l’histoire du Maroc. Le nombre impressionnant de victimes s’explique par la forte concentration de population sur la zone touchée. En effet, l’épicentre du séisme se situait entre la ville d’Agadir et d’autres villages au Nord dont une dizaine furent détruits.

Mais les principaux dégâts humains et matériels sont à déplorer du côté de la ville. En effet, les bâtiments furent endommagés ou détruits à 90% dans les quartiers marocains, 70% environ dans la ville nouvelle essentiellement européenne et 50% dans le quartier industriel. Les constructions anciennes au nord de l’oued dans les quartiers de la Kasbah, Founti, Yachech et Talborjt ne résistèrent pas aux secousses, tandis que la plupart des immeubles plus récents furent aplatis en « mille-feuilles ».

Bâtiments détruits après le séisme d'Agadir de 1960. Agrandissement : Opérations de secours dans le district de Talborjt.

Ces destructions matérielles entrainèrent la mort d’environ 15 000 Marocains et 1 800 Européens, ainsi que 2000 blessés. Heureusement, la base aéronavale fut épargnée ce qui permit aux Français mais aussi aux Espagnols et aux Américains de venir en aide aux survivants tout de suite après le séisme. La plupart d’entre eux avait fui la ville, en voiture ou à pied, en direction de la campagne pour se mettre à l’abri, parfois en laissant leur famille entière sous les décombres.

Finalement, Agadir fut rasée par peur de propagation des maladies et, quelques mois plus tard, le 30 juin 1960, on lança la reconstruction de la ville nouvelle un peu plus au sud de l’oued pour qu’elle soit éloignée de la faille et donc des aléas sismiques. Néanmoins, la région fut encore touchée le 28 février 1969 par un autre séisme qui provoqua une dizaine de morts et environ 200 blessés, puis une nouvelle fois le 5 avril 1992 par un séisme de magnitude relativement faible (mb = 4,7), mais qui fut ressenti par une grande partie de la population

Publié ou mis à jour le : 2023-09-18 08:45:48
Christian (17-09-2023 14:26:46)

Merci pour ce rappel d'un drame que mes parents ont vécu et m'ont souvent parlé...

JYM (14-09-2023 11:26:14)

Je suis né en juin 1958 à Meknès. Ma mère m'a raconté que cette nuit-là, en 1960, cela bougeait aussi à Meknès. Elle s'apprêtait à sortir de la maison au moment où les secousses se sont arr... Lire la suite

Jacques Groleau (13-09-2023 17:45:31)

J'ai - un peu - travaillé au Maroc, et notamment à Agadir lors d'une panne de transformateur HT/BT, en 1976-1977. Souvenir de légères secousses, qui ont fait paniquer les Marocains avec lesquels ... Lire la suite

theodule (13-09-2023 17:38:55)

et à voir les photos on a reconstruit en béton (dalles plus pilotis )avec le même résultat

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