Le 13 avril 1919, juste après la Première Guerre mondiale, les Indiens manifestent en masse contre les colonisateurs britanniques pour dénoncer les difficultés économiques du moment et le durcissement de la politique anglaise.
À Amritsar, au Pendjab, la journée se termine sur un massacre.
Les habitants de l'Empire des Indes, qui ont loyalement soutenu les Britanniques pendant la guerre, se souviennent de la promesse d'autonomie qui leur a été faite en 1917 par le secrétaire d'État pour l'Inde, lord Montagu.
En 1919, une nouvelle Constitution offre une meilleure représentation aux communautés indiennes dans les Assemblées législatives mais laisse l'essentiel du pouvoir exécutif aux Britanniques. On est loin d'un régime d'autonomie analogue à celui dont bénéficient les dominions blancs d'Australie ou du Canada.
Le mécontentement monte dans les élites indiennes d'autant que les Britanniques adoptent les lois Rowlatt, du nom de leur initiateur, qui leur permettent d'emprisonner arbitrairement et de juger d'éventuels agitateurs. Cette mesure est destinée à faire face à des manifestations sporadiques. Elle ressemble à une prolongation de l'état de siège qui avait cours pendant la guerre.
À l'appel du Mahatma Gandhi, leader du Congrès National Indien, le parti indépendantiste, les Indiens entament des grèves, des mouvements de boycott des produits britanniques et des manifestations.
Gandhi demande à ses compatriotes de cesser toute activité pendant la journée du 6 avril 1919, date d'entrée en application des lois Rowlatt. Ce jour-là, une grande partie des 350 millions d'Indiens se consacrent au jeûne et à la prière, ce qui revient à bloquer le pays, au grand dam des Britanniques.
À Amritsar, comme dans d'autres villes, se tient le 13 avril une manifestation pacifique, quoique interdite. Dix mille hommes, femmes et enfants sont réunis dans les jardins Jallianwallah.
Le général britannique Dyer force avec 50 soldats (des Gurkhas originaires de l'Himalaya) l'unique entrée des jardins puis ordonne à ses hommes de tirer sans se donner la peine de faire les sommations d'usage.
Le carnage dure dix longues minutes. La foule terrorisée se débande dans tous les sens sans pouvoir sortir du piège. À la fin, le général et ses hommes se retirent sans se soucier des nombreux blessés. On comptera très exactement 379 morts et 1200 blessés environ !
Le général Dyer sera relevé de son commandement mais, à son retour en Angleterre, n'en sera pas moins reçu en héros par une partie de la population.
Le gouvernement de Londres croit bien faire en introduisant en décembre 1919 des ministres indiens dans tous les gouvernements provinciaux ainsi que des représentants des diverses communautés dans les assemblées provinciales et l'assemblée centrale. Mais ces concessions viennent trop tard.
Du massacre d'Amritsar date la rupture entre les élites indiennes et les colonisateurs britanniques. Les hésitations de ces derniers vont favoriser la montée du nationalisme et les aspirations à l'indépendance.
Amritsar est aujourd'hui une ville prospère du Pendjab, à l'Ouest de l'Union indienne. C'est la métropole religieuse des Sikhs qui se recueillent en grand nombre dans le Temple d'Or.
La tragédie de 1919 y est commémorée par un monument et son souvenir reste très vif en Inde malgré les drames beaucoup plus graves qu'a pu connaître ce pays depuis lors.
Elle a donné lieu à un incident diplomatique pendant la visite du prince Philip d'Edimbourg, en 1998, celui-ci ayant tenté avec maladresse d'atténuer la faute du général Dyer.
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Bernard VACHÉ (10-09-2018 15:07:32)
Amritsar sera de nouveau le théâtre d'un massacre du Temple d'Or du 31 mai 1984 (Indira Gandhi contre des séparatistes Sikhs) où plus de 400 personnes trouvèrent la mort.