Le 11 septembre 1917, Georges Guynemer décolle pour ce qui sera sa dernière mission au-dessus des lignes allemandes. Son engagement dans la Grande Guerre et sa mort à 22 ans en feront une légende de l'aviation de combat.
Avant la Grande Guerre, dans les états-majors, peu d'officiers croient à l'utilité militaire de l'aviation. « L'aviation, c'est du sport. Pour l'armée, c'est zéro », assure le général Foch. En France, il n'y a guère que le général d'artillerie Jean-Baptiste Estienne (1860-1934) qui a perçu son potentiel. Au début du conflit, on compte 200 avions dans l'armée allemande, 190 dans la russe (!), 148 dans la française et 84 dans l'anglaise. On compte sur eux pour fournir des renseignements et c'est d'ailleurs un avion de reconnaissance qui va fournir à Joffre et Gallieni le renseignement-clé qui leur permettra d'engager la contre-offensive de la Marne.
Rapidement, les avions vont étendre leurs fonctions au bombardement et à la chasse. L'aviateur français Roland Garros imagine pour cela un dispositif qui permet à une mitrailleuse de tirer à travers l'hélice. À la fin de la guerre, l'armée française aligne 7 000 appareils, les Anglais 3 700, les Allemands 4500 et les Américains 2050 (fournis par les Français).
Georges Guynemer est né à Paris le 24 décembre 1894. Il a 9 ans quand les frères Wright, de l'autre côté de l'Atlantique, effectuent un premier vol. Ignorant de cet événement, il ne se doute pas des conséquences qu'il aura sur sa courte existence.
Quand éclate la guerre en 1914, il est refusé dans l'infanterie puis dans la cavalerie en raison de sa constitution fragile mais réussit à s'engager dans l'aviation comme mécanicien et obtient un brevet de pilote en mars 1915.
Le voilà enfin affecté à Vauciennes, près de Compiègne, dans l'escadrille des Cigognes. Le nom de celle-ci fait référence à l'Alsace dont l'oiseau est le symbole et que les Français ambitionnent de reconquérir.
Le jeune Guynemer abat un premier appareil ennemi le 19 juillet 1915 avec un avion simplement équipé d'une mitrailleuse montée sur affût rigide. Il est promu sergent et reçoit la médaille militaire. En décembre de la même année, après plusieurs victoires, il survit de peu à la chute de son appareil. Le jour de Noël, pour son 21e anniversaire, il est fait chevalier de la Légion d'Honneur.
Pendant la bataille de Verdun, en 1916, il est gravement blessé mais reprend l'air avec le grade de sous-lieutenant et le surnom honorifique d'As de l'aviation. Le 27 juillet, il affronte avec succès une meute de 10 avions ennemis.
Un an plus tard, devenu célèbre jusqu'en Russie, décoré par le président Poincaré de la croix de Saint-Georges, au nom du tsar, il est muté avec son escadrille dans les Flandres.
Il a déjà 53 victoires à son actif quand il décolle pour sa dernière mission à bord de son avion « Le Vieux Charles », de Saint-Pol-sur-Mer vers Poelkapelle. Les Allemands identifieront son avion et sa dépouille dans un champ mais ne pourront récupérer ses restes, détruits par un bombardement.
Le destin foudroyant de ce jeune aristocrate inaugure l'épopée de l'aviation de chasse. On peut y voir une survivance de la chevalerie, avec ses codes et son honneur, dans un monde où la guerre est devenue massacre de masse.
Georges Guynemer a légué à l'École de l'Air sa devise : « Faire face » et une colonne a été érigée après la guerre près du lieu où il est tombé, à Poelkapelle, près d'Ypres. À son sommet une cigogne en vol. Sur le socle, le portrait de l'aviateur en médaillon et des épitaphes comme celle ci-dessus.
Par sa mort en pleine jeunesse, Georges Guynemer éclipse dans la mémoire nationale un autre héros de l'aviation française, René Fonck (1894-1953). Il se signale par le palmarès le plus impressionnant de toutes les aviations interalliées de la Grande Guerre : 75 victoires homologuées et 52 probables, ce qui lui vaut le titre d'As des As. À côté de lui figurent au tableau d'honneur son compagnon de combat Georges Guynemer (54 victoires) et Charles Nungesser (45 victoires).
Porte-drapeau de l'armée de l'air lors du défilé de la Victoire du 14 juillet 1919, René Fonck devient ensuite député des Vosges. Au début de l'Occupation, comme la plupart des anciens combattants, il fait confiance au maréchal Pétain, ce qui lui sera plus tard reproché, mais il ne tarde pas à s'en éloigner et aider les réseaux de résistance...
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Voir les 4 commentaires sur cet article
François BERNARD (12-09-2017 10:18:59)
Il est intéressant de noter que « Faire face », la noble devise de Georges Guynemer trouve son origine pour l’aviation dans le combat aérien qui vaudra au lieutenant Marcel BERNARD une citation ... Lire la suite
Pierre Brivot (08-05-2016 20:59:47)
Dernière citation : "Mort au champ d'honneur le 11 septembre 1917. Héros légendaire, tombé en plein ciel de gloire, après trois ans de lutte ardente. Restera le plus pur symbole des qualités d... Lire la suite
francois (11-09-2015 18:09:12)
ancien pilote affecté au 1/2 cigognes à l'escadrille "spa 3" nous étions portés par l'exemple de cet as