Le 9 avril 1917, le commandement britannique lance les quatre divisions du Corps canadien à l'assaut de la crête de Vimy, une hauteur stratégique entre Arras et Lens dont les Alliés n'ont encore jamais pu déloger les Allemands depuis le début de la Grande Guerre.
Les Canadiens atteignent leur objectif en trois jours mais au prix de 3600 tués et 7100 blessés. On estime à 20 000 les victimes côté allemand. C'est le seul succès dont peuvent se targuer les Alliés dans le cadre de la bataille d'Arras et des grandes offensives d'avril 1917.
L'offensive de Vimy, qui a réuni des combattants de toutes les provinces du Canada, est devenu l'acte fondateur de la Nation canadienne, cinquante ans après la quasi-indépendance du dominion britannique. Les personnes éprises de symboles notent qu'elle a débuté un lundi de Pâques...
Succès canadien
La crête de Vimy, à quelques kilomètres au nord d'Arras, est un plateau aux pentes douces, d'une longueur de sept kilomètres, qui culmine à 145 mètres. Ce plateau a été solidement occupé par les Allemands dès l'automne 1914 tandis que les Britanniques se sont accrochés à Arras et en ont fait une ville anglaise.
Instruit par les échecs des précédentes attaques françaises, le commandement britannique prépare l'offensive de Vimy avec une extrême minutie. Il place à la tête du Corps canadien le général anglais sir Julian Byng, un officier proche de ses hommes et très populaire parmi eux.
Pendant plusieurs mois, les tunneliers néo-zélandais se voient confier le creusement d'un réseau de douze tunnels à plus de dix mètres sous terre, en vue d'épargner aux soldats la traversée meurtrière du no man's land et de leur permettre de déboucher au plus près des tranchées ennemies.
La préparation d'artillerie débute à la mi-mars avec 600 canons qui pilonnent la crête. Elle s'intensifie le matin fatidique du 9 avril. C'est alors que s'élance la première vague d'assaut canadienne sous les bourrasques de neige. Au bout de trois jours, toute la crête est conquise au prix de beaucoup d'énergie et d'abnégation.
Le succès des « Byng Boys » prend tout le monde au dépourvu. Faute d'avoir prévu une relève pour prolonger l'offensive, les Britanniques laissent les Allemands se replier en bon ordre sur leur deuxième ligne de défense, solidement fortifiée.
Naissance de la nation canadienne
Bien que sous commandement anglais, très localisée et sans conséquence sur la bataille d'Arras, la victoire de Vimy est immédiatement saluée au Canada avec enthousiasme. C'est la première fois en effet que des Canadiens de toutes les provinces ont combattu ensemble. Le brigadier-général A. E. Ross a un mot resté célèbre : « Pendant ces quelques minutes, j’ai assisté à la naissance d’une nation. »
De fait, en 1919, quand il s'agira de négocier la paix avec l'Allemagne, le Canada obtiendra le droit de cosigner le traité de paix à rang égal avec les autres vainqueurs dont le Royaume-Uni, son ancienne puissance tutélaire.
À l'issue du conflit, c'est sur la crête de Vimy, au-dessus de la plaine de Douai et du bassin minier, sur un terrain cédé par la France, que le Canada érigera un émouvant monument à la mémoire de ses morts de la Grande Guerre. Le pays, qui compte à cette époque à peine huit millions d’habitants, a envoyé un total de six cent cinquante mille soldats sur le front. 66 000 ont été tués et plus de 170 000 blessés.
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pierreetsue (12-04-2017 14:14:28)
Oups! Petit lapsus....le Canada a acquis son indépendance en 1931. Quand au Québec, ce n'est pas encore fait. Nous sommes toujours une colonie. Durant les deux conflits mondiaux, les Francophones, comme les Americains, étaient plutôt isolationnistes. On a recouru à la conscription pour les obliger à s'enrôler. en 1917, cette mesure à entraîné des émeutes. Pour se faire réélire, en 1940, Mackenzie King a promis aux Canadiens Français de ne pas recourir à la conscription. Une fois élu, il a organisé un référendum à travers le Canada, pour se faire relever de la promesse faite au Quebec...non, l Québec n'est pas encore independant
Luc (10-04-2017 16:51:25)
Commentaires tirés d'une émission de Radio-Canada le 8 avril 2017:
Le Canada célèbre ces jours-ci la bataille de la crête de Vimy en tant qu'événement glorieux et fondateur de la nation canadienne. « Il est temps de rétablir les faits, dit l'historien André Champagne. Cette idée est une récupération qui a très peu à voir avec l'histoire du Canada, lequel existait bel et bien depuis 1867. Pire, à ce moment précis de son histoire, le pays n'avait jamais été autant divisé. »
En avril 1917, au moment de la bataille de Vimy, le Québec était farouchement opposé à la conscription, l'enrôlement obligatoire voté en août 1917 par le gouvernement fédéral de l'unioniste Robert Borden. C'est la crise la plus grave qu'ait connue le Canada, selon André Champagne, « plus grave même que les référendums de 1980 et de 1995 ».
Sur fond de confrontation sur la question de la conscription, Borden déclenche des élections qu'il remporte par une écrasante majorité de 153 députés, sauf au Québec où les libéraux de Wilfrid Laurier font élire 62 députés sur une possibilité de 65. Les manifestations et les assemblées contre la conscription se multiplient au Québec et le tout culminera par la fameuse émeute de Québec en avril 1918 qui fera cinq morts et plusieurs blessés.
Une méprise historique issue d'une déclaration du général Ross
Raconter que la bataille de la crête de Vimy a été un symbole de la naissance de la nation canadienne, ce serait occulter la dissension québécoise et fabriquer un mythe, croient plusieurs historiens francophones, mais aussi des historiens canadiens-anglais. La méprise vient d'une déclaration du général Alexander Ross, héros de la bataille de Vimy. « Ils étaient du Canada, de l'Atlantique au Pacifique, côte à côte. Au cours de ces quelques minutes, j'ai été témoin de la naissance d'une nation », avait-il énoncé.
Toutefois, comme le fait remarquer l'historien Jean Martin dans la Revue militaire canadienne, « on mentionne souvent simplement que la phrase est du brigadier-général Ross, qui était à Vimy, comme si l'image lui était venue le jour même de la bataille, alors qu'il attendit en fait un demi-siècle avant de l'exprimer ».
« Cette phrase, précise André Champagne, le général Ross ne l'a pas prononcée à Vimy en 1917, ni en 1936 lors de l'inauguration du Mémorial national du Canada à Vimy. Il l'a écrite dans la préface du livre Canada at Vimy, de D.E. Macintyre, paru à Toronto en 1967. »
À lire sur le sujet :
- « Vimy Ridge : The making of a myth », un éditorial de Michael Valpy dans le Globe and Mail (en anglais)
- « Vimy, avril 1917 : la naissance de quelle nation? », un texte de Jean Martin dans La revue militaire canadienne
AUDIO FIL100e anniversaire de la bataille de Vimy : Entrevue avec André Champagne
pierreetsue (10-04-2017 02:27:15)
Oups! Petit lapsus....le Canada a acquis son indépendance en 1931. Quand au Québec, ce n'est pas encore fait. Nous sommes toujours une colonie. Durant les deux conflits mondiaux, les Francophones, comme les Americains, étaient plutôt isolationnistes. On a recouru à la conscription pour les obliger à s'enrôler. en 1917, cette mesure à entraîné des émeutes. Pour se faire réélire, en 1940, Mackenzie King a promis aux Canadiens Français de ne pas recourir à la conscription. Une fois élu, il a organisé un référendum à travers le Canada, pour se faire relever de la promesse faite au Quebec...non, l Québec n'est pas encore independant
Yves Petit (09-04-2017 22:59:26)
La bataille pour la crête de Vimy est une belle victoire canadienne, en effet. Elle a été bien préparée et menée de main de maître.
Cependant dire que "L'offensive de Vimy, qui a réuni des combattants de toutes les provinces du Canada, est devenu, cinquante ans après l'indépendance du dominion britannique, l'acte fondateur de la Nation canadienne..." est un peu gros. On a vu aujourd'hui lors des cérémonies en France le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, se tenir protocolement en retrait du président Hollande, du prince Charles et du gouverneur général du Canada.
Le fait que M. Trudeau n'ait pas eu droit au premier rang montre bien que le colonialisme britannique est encore aujourd'hui bien réel.