11 mars 1917

Les Britanniques entrent à Bagdad

Le 11 mars 1917, pendant la Grande Guerre, un corps expéditionnaire anglo-indien entre à Bagdad, capitale de la Mésopotamie (l'Irak actuel), et en chasse les Turcs qui dominaient le pays depuis huit siècles. C'est une revanche sur le cuisant échec subi par les Britanniques dix-huit mois plus tôt, le 22 novembre 1915, à Kout al-Amara, sur le Tigre.

Promenade militaire

Quand, le 2 novembre 1914, l'empire russe déclare la guerre à son vieil ennemi, l'empire ottoman, celui-ci se rallie aux puissances centrales, l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne. Dans l'esprit des Alliés (Angleterre, France, Russie) s'installe l'image d'un empire turc en décomposition qu'il suffirait de cueillir et l'expression de « ventre mou » fait son apparition.

Le 5 novembre 1914, l'Angleterre déclare la guerre à l'empire ottoman.

Un corps expéditionnaire anglo-indien, rassemblé à Bombay, aux Indes, sous le commandement du général Delamain, débarque dès le lendemain à l'embouchure du Chott-al-Arab, un bras de fleuve formé par l'union du Tigre et de l'Euphrate, au fond du Golfe Persique. Les Britanniques ne veulent que protéger les raffineries d'Abadan, en Perse. Ils les occupent sans difficulté puis pénètrent dans les possessions ottomanes.

Les troupes britanniques montent à l'assaut de Bagdad La conquête de la Mésopotamie (on ne dit pas encore Irak) se présente sous les meilleurs auspices.

Enhardies par leur premier succès, une partie des troupes anglo-indiennes franchissent le Tigre et encerclent les positions turques à Qourna, au confluent du Tigre et de l'Euphrate, à environ 200 kilomètres du Golfe Persique.

Les Turcs se reprennent et acheminent des renforts composés pour bonne partie de troupes arabes. Ils lancent une contre-offensive le 11 avril 1915 en bombardant le poste de Qouna.

Le 14 avril, une sortie désespérée de la 6e division indienne commandée par le général Townshend réussit contre toute attente à culbuter les assaillants. On parle du « miracle de Shaiba ».

Sir John Nixon, nouveau général en chef, projette de remonter le cours du Tigre pour s'emparer d'Amara, à 150 kilomètres plus au nord.

La région est inondée et la progression très difficile. Qu'à cela ne tienne, on met la main sur des barques qui emportent quelques troupes et un peu d'artillerie.

Charles Townshend (21 février 1861 ; 18 mai 1924)Le général Townshend se met à la tête de la flottille improvisée et poursuit les Turcs jusqu'à Amara qu'il atteint en deux jours (on évoque dans les salons la « régate de Townshend » !). Jouant de la surprise, Townshend offre une reddition honorable à la garnison arabo-turque démoralisée qui se rend le 4 juin 1915. C'est un triomphe !

L'étape suivante est Kout-el-Amara (ou Kût), en amont de Amara sur le Tigre, à 200 kilomètres plus au nord et 600 kilomètres de Bassorah.

Une fois encore, Townshend fait merveille. Les lignes turques sont prises d'assaut de deux côtés à la fois et Kout-el-Amara tombe le 27 septembre 1915. Les Turcs y laissent 5.300 hommes et leur artillerie. Le général Nixon fait maintenant figure de conquérant.

Désastre à Kout-al-Amara

Mais 30.000 Turcs se sont retranchés dans les ruines de Ctésiphon, une antique cité perse sur la rive gauche du Tigre. Il s'agit de soldats anatoliens, rudes et déterminés à soutenir la cause de leur pays.

L'assaut leur est donné les 22 et 23 novembre 1915 par les 14.000 hommes de la 6e division de Townshend. L'artillerie et les munitions manquent. Les Anglo-Indiens ne réussissent pas à percer. Ils laissent 4.500 des leurs sur le champ de bataille.

La mort dans l'âme, le général Townshend ordonne un repli. Le pacha Khalil engage aussitôt la poursuite de la colonne britannique dangereusement aventurée le long du Tigre.

Le 3 décembre 1915 enfin, quelques milliers de survivants hagards se réfugient à l'abri des murailles de Kout-el-Amara. 

L'état-major britannique doit se résigner, le 26 avril suivant, à inviter le général Townshend à offrir pour prix de sa reddition honorable la somme considérable de 1.000.000 de livres sterling ! Khalil Pacha serait prêt à accepter, mais le « Jeune Turc » Enver Pacha, qui a pris le pouvoir à Constantinople (Istamboul), se refuse à tout arrangement.

Le 29 avril 1916, après cinq mois de siège, la garnison de Souk-el-Amara capitule sans conditions. La perte de 500 officiers et 13 000 hommes, cipayes indiens pour la plupart, constitue un désastre retentissant pour les Britanniques (en Europe, au même moment, la bataille de Verdun bat son plein) !

La garnison est déportée au cours de l'été et plus de la moitié des prisonniers vont périr dans les mois suivants dans des conditions très pénibles.

Revanche tardive

Abasourdi par cet échec, Londres se donne plusieurs mois pour relancer l'offensive à partir de Bassorah. Le général Maude est nommé à la tête du corps expéditionnaire. Conscient de la faiblesse de ses positions, il met fin aux coups de main aventureux. C'est seulement le 13 décembre 1916 qu'il repart au combat avec pas moins de 50.000 hommes, combinant son avance avec celle des Russes au sud du Caucase.

Après une lente progression, l'armée repousse 12 000 Turcs le 24 février 1917 et se rapproche enfin de Bagdad en suivant la rive orientale du Tigre. C'est ainsi que le 11 mars 1917, après plus de deux ans d'efforts, les Britanniques ont la satisfaction de défiler dans l'ancienne capitale de l'empire arabe (note).

Publié ou mis à jour le : 2019-02-07 10:39:32
Jacques (09-03-2011 10:46:10)

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