Le 3 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la France. En guerre depuis deux jours déjà contre la Russie, elle veut prévenir une attaque conjointe de la Russie et de la France contre son territoire et met en oeuvre sans attendre le plan ébauché vingt ans plus tôt par un officier d'état-major (le plan Schlieffen).
Quelques folles journées de surenchères diplomatiques et militaires vont ainsi entraîner les pays les plus civilisés et les plus prospères de la planète dans un suicidaire conflit de quatre longues années, justement nommé la Grande Guerre.
Considérant que l'avantage appartient à celui qui dégaine le premier, l'Allemagne déclare la guerre à la France. La veille, elle a déjà envahi sans préavis le Luxembourg et lancé un ultimatum à la Belgique, exigeant le passage de ses troupes sur son sol.
Le chef d'état-major allemand, Ludwig von Moltke (66 ans), est le neveu du grand Helmuth von Moltke, autre chef d'état-major à l'origine des victoires de la Prusse sur l'Autriche et la France, à Sadowa et Sedan. Il applique le plan Schlieffen, du nom d'un général d'état-major prussien, le comte Alfred von Schlieffen, mort dix-huit mois plus tôt, qui préconise l'invasion de la Belgique, pays neutre, et la prise à revers de l'armée française, concentrée sur la frontière de l'Est.
Mais, à l'heure décisive, il va l'édulcorer, n'ayant pas l'audace de ses prédécesseurs.
C'est ainsi qu'au lieu de jouer le tout pour le tout dans l'attaque de l'aile droite sur la Belgique, von Moltke choisit de maintenir par précaution deux armées en Alsace... Ces deux armées feront cruellement défaut un mois plus tard, lorsque les Français lanceront sur la Marne la contre-offensive de la dernière chance.
Mais ce n'est pas le seul dérapage qui va affecter les Allemands... En ébauchant son plan, von Schlieffen a négligé le fait qu'il impliquait l'invasion d'un petit pays neutre, la Belgique...
Les dirigeants allemands ne se soucient pas de la Belgique. Dans une conversation téléphonique avec l'ambassadeur britannique, le chancelier Bethmann-Hollweg qualifie de «chiffon de papier» le protocole de 1831 qui garantit la neutralité belge. Dans le même temps, les troupes allemandes entrent en force en Belgique.
Or l'Angleterre, qui s'était jusque là tenue à l'écart et considérait n'avoir rien à faire d'un conflit entre continentaux, ne tolère pas l'invasion d'un pays auquel la lient d'étroites relations politiques et économiques.
Le jour même, L'Angleterre déclare donc à son tour la guerre à l'Allemagne. C'est une amère surprise pour l'empereur d'Allemagne, petit-fils de la défunte reine Victoria, qui avait espéré que Londres resterait à l'écart du conflit.
C'est dans ces conditions que va se jouer la «bataille des frontières» (14-24 août).

Vos réactions à cet article
H.Seyl (26-03-2014 18:49:27)
Le nombre de victimes civiles, intentionnellement assassinées, pour la seule Belgique lors de l'invasion ( août - septembre 1914 ) est objectivement estimé à +/- 5.500. du seul chef des exactions systématiques de l'armée impériale allemande.
Si la destruction de Louvain a particulièrement ému l'ensemble du monde civilisé, nombre de villes et villages belges ont été ravagés de façon délibérée par les troupes allemandes tout au long de leur progression. Ce n'étaient en aucun cas des " dommages collatéraux " aux combats.
On ne peut que regretter que même l'Allemagne d'aujourd'hui se sera refusé, jusqu'à ce jour, à reconnaître ces crimes de guerre indéniables.
( c/f 1914.Les atrocités allemandes par J.Horne & A.Kramer - Ed. Tallandier: Texto )