Le 4 juin 1913 a lieu comme chaque année le Derby d’Epsom, célèbre course hippique où se pressent des milliers de spectateurs venus admirer la fougue des chevaux, mais aussi les remarquables tenues des dames de la bonne société londonienne, car il s’agit d’un événement mondain tout autant que d’une compétition sportive. Ce jour-là cependant, le spectacle est gâché par un terrible accident : durant la course, alors que les purs-sangs sont lancés à pleine vitesse, une spectatrice jaillit brusquement des tribunes, passe sous les barrières de sécurité et se jette sous les sabots d’Anmer, cheval de course qui appartient au roi George V. Brutalement renversée par l’animal, la jeune femme succombe quatre jours plus tard à ses blessures.
L’auteure de ce tragique coup d’éclat qui lui a coûté la vie se nomme Emily Davison, et avec sa mort, les suffragettes (dico) ont désormais leur martyre : Davison était en effet membre de la Women’s Social and Political Union (WSPU), association fondée en 1903 pour réclamer l'extension du droit de vote aux femmes. L’action menée au Derby d’Epsom visait à suspendre au cou du cheval une écharpe aux couleurs de la WSPU, afin d’attirer l’attention du public et des autorités sur la question du suffrage féminin.
Les obsèques de Davison, le 14 juin 1913, sont ainsi l’occasion d’une manifestation suffragiste : plus de 5 000 suffragettes suivent le cercueil de Davison, sur lequel a été apposée l’inscription suivante : « Fight on. God will give the victory » (« Continuez à vous battre. Dieu donnera la victoire »).
Cette victoire si longtemps différée, les suffragettes britanniques la réclament en réalité depuis près de cinquante ans, et il leur faudra patienter encore cinq ans après l’incident fatal du Derby d’Epsom pour obtenir partiellement satisfaction. Pour leurs homologues françaises, qui réclament elles aussi le droit de vote, l’attente sera encore plus longue.
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