Le 10 octobre 1911, une rébellion militaire met fin à la dynastie mandchoue (aussi appelée Qing ou Ts'ing), vieille de 250 ans. Elle entraîne - non sans mal - l'avènement de la République.
Le 10 octobre 1911, naissance de la République chinoise, est encore commémoré chaque année par plus d'un milliard d'hommes sous l'appellation commune « Double-Dix » (10-10 pour dix octobre). Le 10 octobre est jour de fête nationale à Taïwan. Cet anniversaire est également honoré en Chine populaire. Les gouvernements des deux pays, bien qu'antagonistes, continuent en effet de se réclamer l'un et l'autre de Sun Yat-sen, le père de la République.
Une dynastie discréditée
Au XIXe siècle, la Chine des empereurs mandchous n'en finissait pas d'être exploitée et humiliée par les Occidentaux.
Peu après l'échec de la révolte des Boxeurs (ou Boxers) contre les commerçants européens, les Chinois assistent en 1905 à la victoire du Japon sur la Russie et découvrent à cette occasion toute l'étendue de leur propre retard.
La vieille impératrice Cixi tente de réformer le régime avec son homme de confiance, l'énergique et réaliste général et vice-roi Yuan Shikai, mais elle meurt sans avoir le temps d'aboutir, en 1908. Le nouvel empereur, Pu Yi, a 3 ans. Son père, le prince Chun, assure la régence. Sans tarder, il amorce un retour à la tradition et renvoie Yuan Shikai.
C'est plus que n'en peuvent supporter les partisans des réformes. Ils réclament en vain une assemblée constituante à l'instigation de Sun Yat-sen. Ce dernier est un fils de paysan éduqué à Honolulu et converti au protestantisme. Il a fondé en 1900 le parti du Guomindang. Son programme tient en trois mots : « nationalisme, démocratie, socialisme ».
Le 10 octobre 1911, une rébellion éclate en Chine du sud : des militaires s'emparent du palais du gouverneur à Wuchang, au Hubei, non loin de Canton.
De la République à la guerre civile
Les insurgés proclament la République et forment sans tarder un gouvernement provisoire. Canton et la Chine du sud se rangent à leurs côtés. Très vite, 14 des 18 provinces de l'empire chinois se rallient à la République.
Sun Yat-sen, alors en Amérique, rentre précipitamment. Il est proclamé président provisoire de la République à Shanghai le 29 novembre. Le 7 décembre, en signe de rupture avec la dynastie mandchoue, les Chinois sont invités à couper leur natte.
À Pékin, cependant, le pouvoir tombe entre les mains de Yuan Shikai, l'ancien conseiller de l'impératrice. Il oblige le petit empereur à abdiquer, proclame à son tour la République le 13 février 1912 et se pose en rival des républicains du sud. Sun Yat-sen, peu désireux de provoquer la division du pays, lui laisse le 23 octobre 1912 la présidence de la République.
Il s'agit à vrai dire d'un cadeau empoisonné : les caisses de l'État sont vides et le nouveau président doit négocier un emprunt international de 10 millions de livres sterling en accordant aux Européens l'administration de l'impôt sur le sel et un droit de regard sur les dépenses du gouvernement.
Le nouvel homme fort du pays ne va désormais avoir d'autre but que d'éliminer le Guomindang et de rétablir à son profit... l'empire !
Voyant cela, les républicains du sud proclament sa déchéance. Yuan Shih-kai réagit par l'occupation de Nankin le 27 août 1913. Il met fin au régime parlementaire et proclame la restauration de l'empire le 12 décembre 1915.
Lui-même prend le nom de règne Hong Xian (« Abondance constitutionnelle »)... avant de reculer précipitamment sous l'effet d'une insurrection générale. La mort, qui l'emporte le 6 juin 1916, à 57 ans, réduit à néant son rêve impérial.
La Chine, débarrassée des empereurs mandchous, entre dans une longue période de guerre civile qui ne s'achèvera qu'avec la victoire des communistes en 1949.
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Boisson A. (21-10-2006 14:18:12)
Petites précisions sur le commentaire précédent : Il semblerait que la fête Nationale officielle de la République Populaire de Chine (dite Chine Continentale pour beaucoup de Taïwanais) soit le... Lire la suite
Dr. Thanh H. Vuong (07-10-2006 21:26:20)
"Il est jour de fête nationale en Chine populaire ainsi qu'à Taïwan". C'est un exemple illustratif du paradoxe de l'identité des distincts et du culte des ancêtres dans les Chines où une seule l... Lire la suite