Le 5 octobre 1911, 1700 marins italiens débarquent à Tripoli, en Afrique du nord, après un bombardement en règle des forts qui défendent la petite ville. C'est que, comme tout le monde, pourrait-on dire, l'Italie aspire à sa part du gâteau colonial...
Une conquête plus difficile que prévu
Le chef du gouvernement italien Giovanni Giolitti s'est ému de voir la France s'installer au Maroc, suite au « coup d'Agadir ». Il décide de réaliser la promesse secrète qui a été faite en 1902 à son pays par la France de prendre la Libye ou plus exactement la Tripolitaine et la Cyrénaïque, dernières possessions ottomanes en Afrique du Nord, où sont déjà installées quelques poignées d'agriculteurs et de commerçants italiens.
Méfiante, la Sublime Porte (le gouvernement ottoman) décide de renforcer la défense de ses lointaines provinces et, en 1911, envoie un navire chargé de 10 000 fusils et de munitions vers Tripoli. Le gouvernement italien y voit un motif de défiance à son égard et, le 21 septembre de la même année, adresse à Constantinople une note exigeant la reconnaissance de son influence sur la Tripolitaine et la Cyrénaïque. La note est suivie quatre jours plus tard d'un ultimatum et, le 28 septembre 1911, d'une déclaration de guerre en bonne et due forme.
Sitôt dit, sitôt fait. Le premier débarquement est suivi le 11 octobre 1911 d'un corps expéditionnaire de 36 000 hommes sous les ordres du général Carlo Caneva.
En dépit des moyens employés (bombardements de populations civiles), les envahisseurs ont cependant le plus grand mal à soumettre les tribus de l'intérieur. Au lieu de les amadouer, ils croient pouvoir les écraser et n'arrivent qu'à les réconcilier avec leurs anciens maîtres, les Turcs. L'influente confrérie religieuse des Sénoussis fait elle-même alliance avec les Turcs contre les Italiens, lesquels subissent de lourdes pertes le 23 octobre 1911 aux portes de Tripoli.
Bien que la conquête de la Libye apparaisse en définitive de peu d'intérêt sur un plan humain et économique, les Italiens en font une question d'honneur national.
Pour faire plier Constantinople, ils décident de porter la guerre dans les eaux ottomanes, bombardent les Détroits, minent leur entrée et occupent aussi quelques îles du Dodécanèse, notamment Rhodes.
Menacés par une agression de leurs voisins des Balkans et pressés par l'Autriche et la Russie, qui s'émeuvent de l'arrêt de la navigation dans les Détroits, les Jeunes-Turcs consentent finalement à céder la Tripolitaine et la Cyrénaïque à l'Italie par un traité secret conclu à Ouchy, le quartier portuaire de Lausanne, sur le lac Léman, le 15 octobre 1912.
Cette violation délibérée du droit international, approuvée par la Triple-Entente (France, Grande-Bretagne, Russie), déclenche les appétits des petits États balkaniques. Les Serbes se disent que le moment est venu de liquider ce qui reste de possessions ottomanes en Europe et se liguent avec les Bulgares contre les Turcs. La première guerre balkanique éclate deux jours plus tard. L'affaire va se clore à Sarajevo...
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