20 novembre 1910

Révolution mexicaine

Le 20 novembre 1910, un groupe de Mexicains prend les armes contre le dictateur Porfirio Díaz, en réponse à l'appel lancé des États-Unis par Francisco Indalecio Madero (37 ans). C'est le début d'une révolution longue et douloureuse.

Alban Dignat

Une trop longue dictature

Bourgeois libéral et humaniste, Madero s'est porté candidat au début de l'année 1910 aux élections présidentielles contre le président sortant Porfirio Díaz, un métis de 80 ans qui dirige le Mexique de façon dictatoriale depuis 1876.

Fort de son autorité, Porfirio Díaz a fait appel à des capitaux étrangers, en particulier américains, pour moderniser les infrastructures et l'économie du pays. Cette modernisation a profité à la bourgeoisie mais enfoncé la paysannerie indienne et métisse dans la misère. Elle a en particulier réduit les terres communales (ejidos) au profit des grandes propriétés (latifundias).

La candidature de Madero suscite une vive attente chez les peones (paysans indiens ou métis) comme chez les bourgeois libéraux. Mais, dès avant le scrutin, Madero est incarcéré à San Luis Potosí, capitale de l'État du même nom. Il réussit cependant à s'enfuir aux États-Unis où il rédige le plan de San Luis Potosí. C'est un appel à la rébellion contre le dictateur.

Le signal de la rébellion

Inquiet de la montée des mécontentements, le dictateur fait arrêter de nombreux « madéristes » à Mexico, le 13 novembre 1910. La riposte ne se fait pas attendre. Une semaine plus tard, le 20 novembre 1910, Pascual Orozco, partisan du chef en exil, prend les armes avec un groupe de mineurs.

La rébellion madériste est rejointe par Emiliano Zapata, un rebelle indien, ainsi que par Pancho Villa, un bandit du nord. Les « madéristes » défont les troupes gouvernementales et contraignent le président à la fuite le 25 mai 1911.

Rentré d'exil depuis le mois de février, Madero est à son tour élu à la présidence le 6 novembre 1911. Mais, en bourgeois vertueux, il n'ose fusiller personne, conserve les hommes de l'ancien dictateur et rechigne à distribuer les terres aux peones comme Zapata le lui demande.

Les révolutionnaires paysans reprennent alors les armes contre Madero. Solidement établi dans l'État de Morelos, dont Cuernavaca est la capitale, Zapata publie le 25 novembre 1911 le « Plan de Ayala ».

Ce texte prophétique réclame la restitution aux Indiens d'au moins un tiers des territoires communaux qui leur ont été volés par les grands propriétaires. C'est la première fois depuis les Gracques qu'est exposée la nécessité d'une réforme agraire !

Madero est trahi par le général Victoriano Huerta qui le fait incarcérer et assassiner dans un simulacre d'évasion le 22 février 1913.  Mais le nouveau dictateur ne savoure pas longtemps son succès.

Il se montre impuissant face à l'insurrection du nord guidée par Venustiano Carranza. Celui-ci est un propriétaire terrien qui a soutenu la révolution de Madero. Il est devenu  gouverneur de l'État de Coahuila, au nord du pays, et, après l'assassinat de Madero, il a mobilisé une armée « constitutionaliste » contre Huerta, avec le concours des chefs de bandes du nord Pancho Villa et Alvaro Obregon.

Huerta est contraint à l'exil le 15 juillet 1914 mais ses tombeurs se déchirent aussitôt. Au terme d'une nouvelle guerre des chefs, Carranza se fait reconnaître président à titre provisoire le 1er mai 1915.

Il fait voter une nouvelle Constitution le 5 février 1917, la constitution de Querétaro. Elle introduit une grande réforme agraire qui prévoit la reconstitution des ejidos, terres communales attribuées à des groupes de paysans et prélevées au besoin sur les grandes exploitations, les haciendas. Elle déclare le sous-sol propriété nationale. Elle promet aussi la journée de huit heures et un salaire minimum. Elle adopte enfin le suffrage universel masculin. La Constitution ramène le mandat du président à quatre ans et ne lui permet pas d'en solliciter le renouvellement.

Cette Constitution va mettre un terme à la « Révolution mexicaine ». Carranza, malgré l'opposition de ses anciens alliés, arrivera à se faire élire le 1er mai 1917 selon les termes de la nouvelle Constitution. Mais il n'ira pas au terme de son mandat et sera assassiné le 20 mai 1920. Alvaro Obregon lui succèdera à la présidence, pour un mandat enfin normal. 

La révolution mexicaine, fresque de Diego Rivera.

Paix blanche

Une guerre religieuse contre les peones catholiques va prendre le relais de la guerre civile. Le bilan total d'un quart de siècle de guerres meurtrières s'élève à un million de morts (sur 15 millions d'habitants !). Le romancier Graham Greene (La puissance et la gloire) et le cinéaste Luis Bunuel (El) ont illustré avec talent cette époque douloureuse.

Le Mexique ne retrouvera la paix civile qu'en 1934, avec l'avènement de Lazaro Cardenas. Les Indiens bénéficieront alors d'une réforme agraire partielle tout en restant tenus à l'écart du pouvoir.

Au cours du siècle précédent, notons-le, il n'en allait pas ainsi. Deux chefs d'origine populaire ont dirigé le pays d'une manière ferme et globalement positive : l'Indien Benito Juarez, de 1858 à sa mort en 1872, et le métis Porfirio Diaz, de 1876 à son éviction en 1910.

Depuis l'avènement de Lazaro Cardenas, les descendants des conquérants espagnols ont évincé les Indiens du gouvernement... comme de la tête du mouvement zapatiste lui-même.

Publié ou mis à jour le : 2021-11-18 18:07:29

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