Le 9 décembre 1905, le député socialiste Aristide Briand (43 ans) fait voter la loi concernant la séparation des Églises et de l'État.
La loi s'applique aux quatre confessions alors représentées en France : le catholicisme, la confession d'Augsbourg (les protestants luthériens), les réformés (les protestants calvinistes) et les israélites. Elle clôture 25 ans de tensions entre la République et l'Église catholique, l'un et l'autre se disputant le magistère moral sur la société.
La nouvelle loi met fin au Concordat napoléonien de 1801 qui régissait les rapports entre le gouvernement français et l'Église catholique. Elle proclame la liberté de conscience et garantit le libre exercice des cultes.
Article 1er : « la République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes... ».
Article 2 : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte... »
Par cette loi, l'État manifeste sa volonté de neutralité religieuse mais ne s'exonère pas de ses responsabilités. Il veut « garantir » à chacun les moyens d'exercer librement sa religion dans le respect de celles d'autrui. C'est dans cet esprit que sont instituées des aumôneries dans les milieux fermés (casernes, lycées, prisons, hôpitaux)... et, plus tard, des émissions religieuses sur les chaînes publiques de télévision.
L'État n'entend en aucune façon limiter la liberté de conscience ni cantonner la religion à la sphère privée (il n'est pas question par exemple d'interdire le port d'insignes religieux !).
Sur le plan financier, la loi a deux conséquences majeures :
– Les ministres des cultes (évêques, prêtres, pasteurs, rabbins...) ne sont plus rémunérés par l'État et celui-ci se désintéresse totalement de leur nomination,
– Les biens détenus précédemment par les Églises deviennent la propriété de l'État mais celui-ci se réserve le droit de les confier gratuitement aux représentants des Églises en vue de l'exercice du culte.
Pour les Églises, l'opération va s'avérer plutôt profitable (mais on ne s'en apercevra que bien plus tard). En effet, d'une part, les ministres du culte et en particulier les évêques vont gagner en indépendance, n'étant plus tenus de rendre des comptes à l'administration. D'autre part, les Églises ne vont plus avoir à leur charge l'entretien très coûteux des édifices religieux (cathédrales, églises, temples...) préexistant à la loi de 1905. Elles ne devront plus assurer que l'entretien courant de ces édifices... Quand à ceux qu'elles seront amenées à construire après la loi de 1905, ils seront leur propriété pleine et entière.
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Voir les 19 commentaires sur cet article
Yves Petit (07-12-2022 21:30:57)
Ces lois sur la laïcité en France ont eu un impact majeur au Québec. L'historien Guy Laperrière en fait, dans la revue Érudit un survol. On peut y lire en entrée de jeu "Durant les étés de 190... Lire la suite
Dulouard (08-12-2021 15:40:35)
Bien, voir aussi la loi de 1905 sur les associations...
jacques (20-10-2016 08:54:39)
Bonjour, Je suis un abonné récent et je regrette vivement de ne pas m'être abonné plus tôt. Je prends vraiment un grand plaisir à parfaire mes connaissances et parfois à aider mes petits-enfan... Lire la suite