Le 8 mai 1902, une éruption volcanique anéantit la ville de Saint-Pierre et ses 28 000 habitants, sur l'île française de la Martinique.
Comme toutes ses soeurs de l'archipel des petites Antilles, l'île est d'origine volcanique. Mais l'activité éruptive semble terminée de longue date lorsque l'île est colonisée par les Européens.
La ville de Saint-Pierre se développe au pied d'un ancien volcan appelé Montagne Pelée en raison de ses pentes dénudées et austères. Son charme tropical, sa vie culturelle et l'élégance vestimentaire de sa bourgeoisie lui valent le surnom de « petit Paris des Antilles ».
Les premiers signes d'une résurgence de l'activité volcanique se manifestent dès 1900 avec quelques fumerolles. En avril 1902, les habitants de la région se plaignent d'une odeur pestilentielle liée à des émanations de soufre. Les secousses sismiques se multiplient.
Les 2 et 3 mai, dans un fracas épouvantable, la montagne vomit des nuages de cendres accompagnés d'éclairs. Les scientifiques, consultés, se veulent rassurants : la ville de Saint-Pierre est protégée d'éventuelles coulées de laves par le relief. En témoignage de sincérité (et à la demande de sa hiérarchie), le gouverneur Mouttet et sa femme s'installent dans la ville. Les habitants sont invités à aller voter le 11 mai à un second tour des élections législatives et il serait dommage que la peur les fasse renoncer à leur devoir électoral !
Le 8 mai, à 8h02 du matin, dans une formidable explosion, une nuée ardente s'échappe du volcan. Ce nuage de cendres, de pierres et de gaz enflammés recouvre en un clin d'oeil la ville et la rade. Tout prend feu. Quelques rares personnes, sur les navires, échappent à la mort. Dans la ville, on ne retrouvera que deux miraculés : un cordonnier et... un prisonnier. Ce dernier, Louis Cyparis, avait été mis au cachot pour cause d'ivrognerie. Les murs de sa cellule lui ont évité une mort horrible.
La Montagne Pelée a poursuivi ses éructations jusqu'en 1905 avec un type d'éruption inédit, caractérisé par une brusque explosion et une nuée ardente, auquel les scientifiques donnent le nom de « péléen » (de Montagne Pelée).
Une aiguille de 350 mètres, composée de lave solidifiée, l'a surmontée longtemps avant de se désagréger. Elle a connu une nouvelle période éruptive en 1929-1932 avant de se rendormir pour une durée indéterminée.
Le drame de 1902 et les erreurs de prévision ont entraîné un regain d'intérêt pour les éruptions volcaniques et la naissance d'une discipline nouvelle, la vulcanologie.
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