Le 15 avril 1900, Paris quitte le XIXe siècle avec la plus grande exposition universelle jamais organisée en France.
Inaugurée la veille par le président Émile Loubet, elle marque à sa manière l'apogée de la civilisation européenne et de la République française.
Jusqu'à sa clôture le 12 novembre 1900, elle va accueillir plus de cinquante millions de visiteurs sur cent vingt hectares, sur les Champs-Élysées, l'esplanade des Invalides, le Champ-de-Mars, sur les quais de la Seine et aussi dans le bois de Vincennes.
Pour l'exposition ont été construits le pont Alexandre III, le Grand-Palais et le Petit-Palais ainsi que les gares d'Orsay, des Invalides et de Lyon. Nous nous consolerons en songeant que pour l'entrée dans le IIIe millénaire, nous avons eu droit au scintillement de la Tour Eiffel...
Curieusement, sur la porte monumentale qui figurait l'entrée de l'exposition, sur la place de la Concorde, ce n'est pas une Marianne républicaine et martiale que l'on a représentée mais une coquette parisienne !
Érigé à la faveur de l'Exposition universelle, ce joyau de l'Art nouveau, inondé de lumière, aux formes rondes et aux caryatides souriantes, est l'œuvre de Charles Girault (1851-1932), un architecte plus célèbre en Belgique que dans son pays natal.
Ordonné autour d'un patio semi-circulaire, le Petit-Palais, propriété de la municipalité parisienne, abrite aujourd'hui de belles collections d'art en accès libre.
Il a été érigé pour l'Exposition 1900, de même que le Grand-Palais qui lui fait face, de l'autre côté de l'avenue Winston Churchill, lequel a été conçu par les architectes Louis Louvet et Henri Deglane sous la coordination de Charles Girault. Cette avenue, au débouché du pont Alexandre III, le plus fantasque et le plus beau de Paris, fut d'abord baptisée Nicolas II, ce tsar ayant eu l'honneur d'inaugurer le pont dédié à son père, peu avant l'ouverture de l'Exposition de 1900.
La Ville-Lumière à son apogée
La Ville-Lumière rayonne alors de tous ses feux et l'on parlera plus tard de ces années-là avec nostalgie en les qualifiant de « Belle Époque ».
Les frères Lumière présentent leurs films sur écran géant. Le 19 juillet est inaugurée la première ligne du métro parisien (Porte Maillot-Porte de Vincennes). Au terminus de la ligne, dans le bois de Vincennes, se déroulent aussi, du 14 mai au 28 octobre, les IIe Jeux Olympiques de l'ère moderne !
Pour parfaire le tout, le président Émile Loubet invite les maires de France à un banquet géant dans le jardin des Tuileries...
Parmi les festivités parallèles, notons l'exposition personnelle d'Auguste Rodin. Le sculpteur, au sommet de la gloire, présente un éventail de son oeuvre dans un pavillon place de l'Alma, à deux pas de l'exposition officielle. L'exposition est inaugurée le 1er juin 1900 par le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts Georges Leygue. Elle vaudra à l'artiste une consécration internationale... et une recette de 200 000 francs.
Les pavillons nationaux de tous les styles et de tous les goûts - y compris du plus mauvais - s'épanouissent le temps d'une saison au milieu de la capitale.
Mais Paris ne se réduit pas à l'exposition. La ville, au tournant du siècle, apparaît comme l'un des hauts lieux de la modernité et de l'innovation.
Le cinématographe, la bicyclette et l'automobile sont les symboles de cette « Belle Époque », mais aussi les « maisons closes » comme le Chabanais que fréquente assidûment le prince de Galles, futur Édouard VII. On peut voir au Petit Palais une très curieuse « chaise de volupté », accordée à son embonpoint...
Les journaux se vendent comme des petits pains. Les lieux festifs, cafés-concerts, théâtres et restaurants, accueillent un public de plus en plus nombreux, encouragé par une croissance économique forte, de l'ordre de 4% par an.
Les artistes de toutes origines se retrouvent dans les hauts lieux de la capitale. Les peintres, de Toulouse-Lautrec à Picasso, les poètes, de Guillaume Apollinaire à Jean Cocteau, et bien sûr les muses et autres « cocottes », comme Cléo de Mérode (1875-1966), Liane de Pougy (1869-1950), Caroline Otero (1868-1965).
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