Le 25 avril 1898, le président des États-Unis, le républicain William McKinley, déclare la guerre à l'Espagne, un royaume en profond déclin dont la faiblesse est aggravée par une régence.
Cinquante ans après une autre guerre inégale, contre le Mexique, les États-Unis prétextent de la défense des indépendantistes cubains pour déloger l'Espagne de ses dernières colonies du Nouveau Monde.
Les préludes de la guerre
Perdant de vue leurs idéaux démocratiques, les États-Unis voient dans l'insurrection cubaine l'occasion de s'approprier des colonies tout comme l'ont fait les vieilles nations d'Europe.
La déclaration de guerre est l'aboutissement d'une crise provoquée par l'explosion du cuirassé Maine, à La Havane, trois mois plus tôt. Avec le soutien des milieux d'affaires, qui ont beaucoup investi à Cuba, la presse américaine s'empresse d'en rendre responsable le gouvernement espagnol.
Elle se déchaîne contre les Espagnols, les présentant comme des brutes primitives et coupables des pires atrocités, avec faux témoignages à l'appui comme plus récemment dans la guerre contre l'Irak; : les Espagnols sont ainsi accusés d'inoculer un virus à leurs prisonniers ou de torturer et mutiler ceux-ci ! C'est un prolongement de la « légende noire » développée par l'historiographie anglo-saxonne à propos de la conquête de l'Amérique par les Espagnols ; pratique pour faire oublier le sort infligé aux Indiens des États-Unis...
Le 11 avril, Washington rejette la main tendue de Madrid, qui ne se sent pas de taille à affronter la jeune puissance américaine. Le président McKinley obtient du Congrès, dans la foulée, l'autorisation d'intervenir à Cuba sous le prétexte de secourir le peuple de l'île.
Le 21 avril, le gouvernement du roi Alphonse XIII (13 ans) se résigne à rompre les relations diplomatiques avec Washington et quatre jours plus tard, enfin, la guerre est officiellement déclarée.
L'Allemagne, qui se pose en rivale du Royaume-Uni et aide les Boers d'Afrique du Sud en guerre contre Londres, soutient les États-Unis car elle veut profiter du désarroi de l'Espagne pour s'approprier légalement ses colonies du Pacifique. C'est ainsi que Berlin rachète à Madrid les îles Mariannes et Carolines tout en convoitant aussi les Philippines, une colonie en état d'insurrection comme Cuba !
Guerre inégale
Aux États-Unis, dès la déclaration de guerre, 200 000 volontaires prennent les armes et l'armée régulière est portée à 55 000 hommes. La mobilisation et l'entraînement des hommes sont conduits dans la plus grande confusion. Les soldats sont mal équipés et dotés de fusils désuets. Il est vrai que les Américains n'ont eu à combattre que les Indiens depuis la guerre de Sécession, une génération plus tôt... Il est vrai aussi que les Espagnols sont encore plus mal lotis qu'eux !
Le premier affrontement se déroule le 1er mai 1898 dans la rade de Manille, aux Philippines, où l'escadre du commodore Dewey détruit la flotte espagnole du Pacifique ! Un peu plus tard, le 3 juillet, la marine américaine rattrappe et détruit la flotte espagnole de l'amiral Cervera tandis que celle-ci tente de s'échapper de Santiago-de-Cuba.
Entre temps, les troupes américaines débarquent aux Philippines, à Cuba et à Porto-Rico.
Leur progression prend l'allure d'une promenade militaire... Elles s'emparent des Philippines sans perdre un seul homme !
À Cuba, les Rough Riders (Rudes Cavaliers), s'illustrent dans les rares batailles un tant soit peu notables, comme la bataille de Las Guasimas, le 24 juin 1898, pour la prise de Santiago. Parmi ces volontaires se fait remarquer le très courageux (et très myope) Théodore Roosevelt (39 ans), futur président de la République.
En dix semaines, les États-Unis perdent à Cuba 400 hommes au combat et 4 600 du fait de maladies.
Triomphe américain
L'Espagne, affaiblie par l'instabilité politique, accepte les conditions de paix imposées par le président McKinley. Le 12 août 1898, elle accepte un armistice (*), en attendant le traité de paix. Celui-ci est signé à Paris quatre mois plus tard et consacre la fin de son épopée impériale et de quatre siècles de présence en Amérique.
Commentaire du secrétaire d'État John Hay (le ministre américain des affaires étrangères) : « A splendid little war » (Une splendide petite guerre) !
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Vanos (06-09-2013 07:00:07)
Le navire qui se nommait "Maine" était un cuirassé parce qu'il portait un nom d'état, les croiseurs portent des de ville, les cuirassés portaient de nom d'état, c'est une règle de l' US Navy