Le 5 janvier 1895, le capitaine Alfred Dreyfus est solennellement dégradé dans la cour de l'École Militaire, à Paris. Il a été condamné au bagne à vie pour haute trahison et espionnage au profit de l'Allemagne. « Dreyfus n'a exprimé aucun regret, fait aucun aveu, malgré les preuves irrécusables de sa trahison. Il doit en conséquence être traité comme un malfaiteur endurci tout à fait indigne de pitié » peut-on lire dans le compte-rendu du Matin.
L'« Affaire » proprement dite commence un an plus tard avec la découverte de faits nouveaux par le lieutenant-colonel Picquart. Il apparaît à ce dernier que le capitaine a été accusé à la place d'un autre. L'erreur judiciaire est manifeste. Mais est-il pensable que la justice militaire reconnaisse une erreur en ces temps de grande tension internationale ? Le droit et la vérité doivent-ils prévaloir sur l'honneur de l'Armée et la sécurité du pays ? L'opinion publique va se déchirer pendant plusieurs années sur ces questions essentielles. En définitive, la démocratie et l'honneur de la France l'emporteront...
L'affaire Dreyfus débute comme une banale affaire d'espionnage par la découverte en septembre 1894 d'un bordereau contenant des secrets militaires et adressé à l'ambassade allemande.
Le capitaine Alfred Dreyfus (35 ans), issu d'une riche famille juive d'Alsace, est accusé d'en être l'auteur sur la foi d'une analyse graphologique. II est arrêté dès le 15 octobre 1894 sous l'inculpation de haute trahison. Condamné au bagne, il part pour l'île du Diable, en Guyane.
Personne en France ne doute de sa culpabilité... sauf sa femme Lucie et son frère Mathieu qui vont remuer ciel et terre pour obtenir sa libération.
Tout se corse en mars 1896. Le lieutenant-colonel Georges Picquart, qui dirige le service de renseignements, découvre que l'auteur du bordereau est en vérité le commandant Charles Walsin-Esterhazy. Ayant fait part de ses doutes au chef de l'état-major, il est réduit au silence par une affectation en Tunisie.
En octobre 1896, le colonel Henry, des services secrets, désireux d'écarter les soupçons d'Esterhazy, produit un nouveau bordereau qui accable Dreyfus. On apprendra plus tard qu'il s'agit d'un faux document !
Entre temps, la famille du capitaine Dreyfus fait appel au journaliste Bernard-Lazare pour chercher des motifs de réviser le procès. Enfin, le 15 novembre 1897, Mathieu Dreyfus ne s'embarrasse pas de précautions et dénonce Esterhazy comme le véritable auteur du bordereau.
Le 11 janvier 1898, Esterhazy, qui a lui-même demandé à être jugé, est acquitté par un conseil de guerre et c'est le lieutenant-colonel Georges Picquart qui fait les frais du procès. Accusé de faux, il est emprisonné et chassé de l'armée !
À Paris, chacun prend parti et l'Affaire prend vite un tour politique :
– il y a d'un côté ceux qui considèrent qu'on ne transige pas avec les principes et que Dreyfus, comme tout citoyen a droit à un procès équitable ; ce sont les « dreyfusards ». Parmi eux beaucoup de pacifistes de gauche et des idéalistes de droite comme Charles Péguy.
– de l'autre côté, les « antidreyfusards » considèrent que l'intérêt national prime par-dessus les droits de la personne ; face à l' « ennemie héréditaire » (l'Allemagne), il n'est pas question de porter atteinte au moral de l'armée ! L'origine israélite et bourgeoise de Dreyfus attise les passions et l'antisémitisme vient au secours d'un patriotisme dévoyé.
Le 13 janvier 1898, coup de théâtre avec la publication d'un article incendiaire, intitulé J'accuse...et signé par le célèbre écrivain Émile Zola. Tout y est dit des mensonges et des compromissions des autorités. L'auteur doit s'exiler pour ne pas être emprisonné.
Mais il n'est plus possible au gouvernement d'en rester là. Dreyfus revient du bagne. Il est à nouveau jugé, condamné à dix ans de prison et aussitôt grâcié par le Président de la République. Le dénouement a lieu le 12 juillet 1906 avec sa réhabilitation par la Cour de Cassation.
Parmi les nombreuses conséquences de l'Affaire Dreyfus en France et dansle monde, notons celle-ci :
Un jeune journaliste hongrois d'origine juive, Theodor Herzl, suit l'Affaire dès le premier procès de Dreyfus. Révolté par l'antisémitisme français, il conclut à la nécessité de créer un État juif pour accueillir ses coreligionnaires et publie un livre pour les en convaincre. Israël est ainsi né de l'injustice faite à Dreyfus.
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Gil b (14-11-2019 11:11:23)
Excellent article.
Gros travail de recherche
Passionnant à lire
Merci