Le 15 janvier 1894, le roi Béhanzin se rend aux Français. C'en est fini du royaume d'Abomey, aussi appelé Dahomey (aujourd'hui Bénin). Pendant près de trois siècles, ce royaume du golfe de Guinée a joui d'une réelle prospérité grâce à la traite négrière, razziant des esclaves dans les contrées voisines et les vendant aux négriers européens.
La fin de la traite négrière, y compris illégale, l'a conduit à se reconvertir partiellement vers l'huile de palme, désormais très prisée en Europe, par exemple pour la fabrication du savon de Marseille. Le souverain utilise ses réserves d'esclaves pour la récolte et la production de cette nouvelle richesse. Il accorde aussi en 1843 un monopole de fait au commerçant marseillais Régis installé dans le port d'Ouidha...
Naissance d'un État négrier
Au début du XVIIIe siècle, la demande d'esclaves de la part des commerçants européens se fait pressante. Elle nourrit un fructueux commerce sur la côte guinéenne, sachant que la vente d'un captif assure six années de revenu à un vendeur africain.
Le roi d'Abomey va devenir un intermédiaire majeur dans ce commerce après la conquête de deux royaumes esclavagistes, Allada et Ouidah. Il va fonder un véritable État négrier dirigé par l'ethnie des Fons et alimenter le commerce triangulaire par des razzias chez les populations périphériques. Le royaume va ainsi atteindre son apogée sous Kpengla (1774-1789), qui érige la traite en monopole royal.
Ses successeurs vont pâtir du mouvement abolitionniste apparu en Europe et tenter de réorienter leur commerce vers le marché africain lui-même...
Ultimes résistances
Fils et successeur du roi Gléglé (ou Glé-Glé), Béhanzin devient roi du Dahomey en 1889. Il hérite d'une puissante armée de plus de 15 000 soldats, y compris un corps d'élite féminin !
Un Français qui a été fait prisonnier par Béhanzin raconte ainsi : « La seconde ligne se compose d'amazones sur trois rangs serrés, entourant comme d'un cercle immense le trône même du roi... Elles sont là quatre mille guerrières, gardes du corps du monarque, immobiles sous leurs chemises de guerre, le fusil et le couteau au poing... Aussi solidement musclées que les guerriers noirs, leur attitude est aussi disciplinée et aussi correcte, alignées comme eux au cordeau. Il y a loin de cette discipline, de cet ordre, aux hordes sauvages et barbares que l'on s'imagine » (L'Illustration, 26 juillet 1890).
D'abord connu sous le nom de prince Kondo, Béhanzin signe dès son avènement un traité avec les Français auxquels il reconnaît la possession des villes portuaires de Cotonou et Porto-Novo. Mais lui-même ne tarde pas à dénoncer le traité et assiéger Porto-Novo. La contre-offensive menée sous les ordres du général Alfred Dodds le chasse de sa capitale, Abomey, qu'il abandonne après avoir incendié son palais. Il fait enfin sa reddition. Il est envoyé en exil en Martinique puis en Algérie.
Vos réactions à cet article
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Jean MARTIN (06-10-2006 00:58:21)
Le traité avec le Makoko était sans doute"abusif et illégal" mais ce n'est pas le sergent Malamine qui assurait les fonctions d'interprête. Ce dernier était le Gabonais Ossiah, qui parlait la la... Lire la suite
POL JACOB (04-09-2006 20:06:04)
Conernant la critique de la colonisation, critique faite à ce jour, je constate que cela est très facile! Mais il faut se mettre dans l'époque où elle a eu lieu et elle n'était PAS du tout consid... Lire la suite
Josselyne (03-09-2006 21:36:50)
Le terme "roitelet" n'est pas péjoratif, il caractérise simplement le roi d'un petit état. Question cependant, le royaume Teke peut-il etre considéré comme un petit état ? Par contre,étant né... Lire la suite
Ndoi (02-06-2006 12:30:33)
Roitelet : "Roi d'un petit État; roi peu puissant, de peu d'importance" selon le dictionnaire en ligne de l'ATILF. Je suis surpris de trouver, sur un site se réclamant d'Hérodote, ce mot appliqu... Lire la suite