Le président de la Chambre des députés Jules Méline fait adopter le 11 janvier 1892 le double tarif douanier avec un taux ordinaire et un taux préférentiel pour les États qui concèdent à la France des avantages douaniers équivalents.
Cette « loi Méline » a pour objectif de protéger les agriculteurs français contre les importations à bas prix de produits agricoles. Elle clôture l'épisode de libre-échange inauguré avec le traité de libre-échange de 1860 mais aussi la « grande dépression européenne » (1873-1892).
Elle va avoir entre autres conséquences de retarder la modernisation de l'agriculture française pendant toute la durée de la IIIe République.
Jules Méline, un représentant caractéristique de la IIIe République
Né à Remiremont, Jules Méline fut avocat puis député des Vosges dès 1872. Fervent républicain, il s'érige très tôt en protecteur de l'industrie et de l'agriculture nationales. Son ami Jules Ferry l'appelle au ministère de l'Agriculture en 1883.
Il impose des droits de douane sur les importations de céréales à bas coût venant des pays neufs mais s'attelle aussi à la modernisation de l'agriculture. Il crée le Mérite agricole pour récompenser les agriculteurs les plus diligents, développe l'enseignement technique et organise le crédit agricole.
Après avoir quitté le ministère en 1885, il est élu à la présidence de la Chambre des députés l'année suivante au bénéfice de l'âge, face à Georges Clemenceau. C'est à ce poste qu'il va faire voter la loi dite du « double tarif ».
Le 28 avril 1896, Jules Méline succède à Léon Bourgeois à la présidence du Conseil. Il y demeurera jusqu'au 28 juin 1898, ce qui fera de son gouvernement le plus long qu'ait connu la IIIe République.
Il bénéficiera de la reprise économique et, en matière extérieure, avec Gabriel Hanoteaux aux Affaires étrangères, il consacrera l'annexion de Madagascar, fera reconnaître par l'Italie le protectorat de la France sur la Tunisie par le traité du 28 septembre 1896, obtiendra la concession du chemin de fer du Yunnan et amorcera un rapprochement avec l'Allemagne.
Jules Méline expliquera sa loi du double tarif dans un livre publié en 1906 sous le titre Le Retour à la terre et la surproduction industrielle. On en retiendra surtout le titre, devenu l'expression fétiche des conservateurs : le retour à la terre :
Le Retour à la terre et la surproduction industrielle : « Avec la fin du XIXe siècle, le spectacle change brusquement et on se trouve jeté en plein inconnu ; il y a tout d'un coup comme une solution de continuité, une coupure sèche et profonde. En moins de cinquante ans, tout est bouleversé de fond en comble, l'industrie, l'agriculture, le commerce, les transports, les moyens de production, de consommation, de circulation, et les rapports des hommes entre eux sont profondément modifiés.... » Il ajoute : « Il ne reste plus qu'un seul champ d'action et d'expansion capable d'absorber toutes les forces sans emploi, et celui-là a l'avantage d'être inépuisable, au moins pour des siècles ; c'est la terre qui a des consolations pour toutes les misères et qui ne laisse jamais mourir de faim ceux qui l'aiment et qui se confient à elle... Donc retournons à la terre et dirigeons de ce côté le plus que nous pourrons l'attention du grand public ; tâchons de l'intéresser à la question et bientôt elle le passionnera autant que l'industrie. Montrons-lui bien que la prospérité du jour et la sérénité du lendemain sont à ce prix »...
double tarif de Méline
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