Le 30 janvier 1889, au palais du Hofburg, à Vienne, l'impératrice Élisabeth, dite « Sissi », apprend que son fils Rodolphe s'est tué dans la nuit, dans un pavillon de chasse de la forêt viennoise, à Mayerling. Elle doit annoncer la tragique nouvelle à son mari, François-Joseph Ier (59 ans), empereur d'Autriche et roi de Hongrie.
L'archiduc Rodolphe (31 ans) était le seul garçon du couple et l'héritier de la couronne des Habsbourg.
Marié sans amour à une princesse fade et trop jeune, Stéphanie de Belgique, il collectionne les maîtresses et fréquente les lupanars, ce qui lui vaut de contracter une maladie vénérienne grave.
Tenu à l'écart des affaires par son père, Rodolphe se pique de libéralisme. Ses prises de position lui valent de violentes disputes avec son père. Celui-ci ne l'en aime pas moins mais souhaite maintenir son pays dans l'alliance avec l'Allemagne de Guillaume II.
Prématurément vieilli par la maladie, l'interdiction qui lui est faite de divorcer et la crainte de ne pouvoir avoir de fils, Rodolphe songe au suicide.
Craignant de ne pas y arriver seul, il convainc une jeune maîtresse de 17 ans, Mary Vetsera, de l'accompagner dans la mort. Il la tue lui-même d'un coup de pistolet avant de se tirer une balle dans la tête.
François-Joseph obtiendra du pape Léon XIII que son fils soit inhumé chrétiennement dans la crypte impériale des Capucins, et non à l'écart, comme l'église catholique l'impose à tous les suicidés.
L'empereur fera aussi l'impossible pour cacher la présence de Mary Vetsera aux côtés de son fils afin de préserver la réputation de celui-ci. Cette dissimulation va longtemps alimenter des rumeurs fantasques sur l'hypothèse d'un double meurtre pour des raisons politiques.
Suite à la mort de Rodolphe, c'est désormais à l'archiduc François-Ferdinand, neveu de l'empereur, qu'il revient d'assumer l'héritage des Habsbourg. Il ne deviendra jamais empereur. Un terroriste brisera sa vie à Sarajevo en 1914...
La tragédie de Mayerling, affaire privée d'une famille durement éprouvée par le sort, s'inscrit dans la marche de l'Europe vers les horreurs de 1914-1945.
L'Histoire retient le nom de trois personnalités qui se sont suicidées en entraînant dans la mort une maîtresse ou une femme dans la fleur de l'âge, deux fois plus jeune qu'eux : outre l'archiduc Rodolphe de Habsbourg-Lorraine, le cinéaste Max Linder, mort en 1925, et l'écrivain Stefan Zweig, mort en 1942.

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Osmane (28-01-2024 13:52:38)
ces remarques sont toutà fait opportunes
Michaël (30-01-2008 08:11:28)
...Je serais quant à moi plus prudent avant de parler de suicide. Si en effet Rodolphe était fragile, emmener sa maitresse dans la mort semble malgré tout fondamentalement étranger à son caractè... Lire la suite