Dans la nuit du 8 août 1888, la police découvre dans une rue de Whitechapel, l'un des quartiers pauvres de l'East End de Londres, le corps affreusement mutilé d'une prostituée d'une quarantaine d'années, Mary Ann Nichols.
Trois autres victimes, tuées dans les mêmes circonstances, sont découvertes dans les semaines qui suivent : Annie Chapman, Elizabeth Stride, Catherine Eddowes.
La sinistre série se clôt mystérieusement le 9 novembre sur le meurtre de Mary Jane Kelly, une pauvre fille irlandaise de vingt ans dont on retrouve les restes dispersés dans sa chambre. Ses voisins de misère font état de la visite nocturne d'un homme élégant, de toute évidence un bourgeois.
Mobilisation nationale
Les journaux, inondés de missives plus ou moins authentiques, se mobilisent. La reine Victoria elle-même, de sa résidence écossaise de Balmoral, somme le Premier ministre Lord Salisbury d'agir au plus vite.
Faute de mieux, Sir Charles Warren, chef de Scotland Yard, a remis sa démission dès avant le meurtre de Mary Kelly.
Ses hommes poursuivent activement la recherche du mystérieux assassin, surnommé Jack L'Éventreur (en anglais Jack the Ripper). À en juger par l'art morbide avec lequel le tueur éviscère ses victimes, ils lui prêtent des talents de chirurgien.
Mais l'enquête n'aboutit pas malgré de nombreuses pistes plus ou moins fumeuses, dont un commerçant de 50 ans, James Maybrick, un chirurgien réputé, Sir William Witley Gull, et même un membre de la famille royale, le duc de Clarence, fils aîné du Prince de Galles et héritier de la couronne !
Parmi les pistes les plus sérieuses, il y a celle de John Druitt, un avocat sans cause de 30 ans qui s'est jeté dans la Tamise peu après le meurtre de Mary Kelly. Après cela, il n'y aura plus de victime à déplorer.
En 1894, Sir Melville Macnaghten, qui a remplacé Warren à la tête de Scotland Yard, clôt l'affaire par un mémorandum qui conclut à la culpabilité probable de Druitt ou de Maybrick.
Pour les curieux et les amateurs d'histoire policière, l'affaire n'est toutefois toujours pas close. En 2007, une enseignante française, Sophie Herfort, a ainsi avancé l'hypothèse que le policier Macnaghten lui-même aurait pu commettre les crimes pour se venger de son supérieur Warren (Jack l'Eventreur démasqué, Tallandier, 2007).
Dernier rebondissement en 2023 avec la révélation de l'historien Rod Beattie dans le Daily Mail selon laquelle les crimes auraient été commis par un certain Bowden Endacott, un agent de la Metropolitan Police (la Met) qui patrouillait dans le quartier et avait eu motif à se plaindre des prostituées et plus généralement des femmes !...
Un scandale politique derrière le fait divers
Ce fait divers relativement anodin mais très médiatisé a fait prendre conscience à l'opinion britannique de la situation misérable des faubourgs de la cité la plus puissante de l'époque, en plein apogée de l'ère victorienne.
La classe politique et les organisations humanitaires se sont émues de ce scandale et ont pris des engagements pour améliorer les conditions de vie de l'East End et en premier lieu l'éclairage public.
Jack l'Éventreur a nourri aussi l'intérêt du public pour les faits divers mystérieux. Un an plus tôt est apparu le détective Sherlock Holmes mais il n'a été d'aucun secours dans la résolution de l'énigme de Whitechapel...
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