La légende veut que Sherlock Holmes ait fait sa première apparition le 6 janvier 1887 (c'était plus vraisemblablement à la fin de cette même année).
Le public britannique découvre le détective et son ami, le docteur Watson, dans une nouvelle intitulée A study in scarlet (titre français : Une étude en rouge) et publiée par le Beeton's Christmas annual.
La nouvelle débute avec la rencontre des deux personnages dans le laboratoire de chimie de l'hôpital saint Barthelemy : « Qu’on se figure une énorme pièce, fort élevée, tapissée du haut en bas d’innombrables flacons. […] Dans cette salle, et tout au fond, un seul étudiant, penché sur une table, complètement absorbé par son travail… ».
Elle relate une tragédie amoureuse chez les Mormons et met en valeur les capacités déductives du détective, par ailleurs vieux garçon et maniéré, cocaïnomane et violoniste amateur, hébergé dans un appartement bourgeois au 221 bis, Baker Street.
Inspiration écossaise
L'auteur est un médecin catholique de 27 ans né à Édimbourg, Arthur Conan Doyle. Il s'est inspiré des qualités d'observation et de déduction de l'un de ses professeurs de l'Université d'Édimbourg, le chirurgien Joseph Bell, pour ébaucher le portrait de son célébrissime détective.
Le malheureux professeur, homme affable et généreux, apprécia très modérément cet honneur : « J'espère que ceux qui me connaissent me voient sous un meilleur jour que Conan Doyle ».
Comme écrivain, Conan Doyle s'inscrit dans la lignée de l'Américain Edgar Allan Poe, de l'Écossais Robert Louis Stevenson et du Français Émile Gaboriau, inventeur de l'inspecteur Lecoq (Sherlock viendrait d'une déformation de cher Lecoq !).
Un héros plus vrai que nature
Les aventures de Sherlock Holmes composent un palpitant portrait de l'époque victorienne. Contemporaines des crimes bien réels de Jack L'Éventreur (1888), elles satisfont le goût du public pour le mystère.
Craignant que Sherlock Holmes n'éclipse ses autres créations par son incroyable popularité, Conan Doyle raconte sa mort en 1891. Il fait mourir le héros dans les montagnes suisses, dans un combat au corps à corps avec son ennemi de toujours, le professeur Moriarty. Peine perdue. Sous la pression des lecteurs, dont un certain nombre croient à la réalité charnelle de Sherlock Holmes, Conan Doyle est contraint de rendre vie au détective.
Sa plus célèbre aventure paraît en 1901 sous le titre : The Hound of the Baskervilles (Le chien des Baskerville). Sherlock Holmes et son ami vont continuer d'évoluer dans l'Angleterre victorienne jusqu'en 1927. Le détective à la froide intelligence survit depuis cette date dans d'innombrables pastiches, y compris au cinéma et au théâtre.
Un auteur prolifique
Conan Doyle ne s'en tient pas à son personnage fétiche. Il se signale par de nombreux romans historiques et des romans d'aventures comme The lost World (Le Monde perdu), où apparaît le professeur Challenger. En 1902, il se rend comme correspondant de guerre en Afrique du Sud, où les Anglais combattent les Boers.
L'écrivain est anobli sous le nom de Sir Arthur. Il s'éteint le 7 juillet 1930, à 71 ans, à Crowborough, dans le Sussex.
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Doc7438 (06-01-2024 10:03:15)
Je suppose que le Dr Conan Doyle était plutôt prolifique par le nombre de ses oeuvres que prolixe, même si l'on peut voir dans ladite oeuvre un "bavardage" incessant!
Lejeune (08-01-2020 12:16:26)
Je suis tout à fait d'accord avec Horatio
toutes les colonisations c'est les puissants contre les faibles!
HORATIO (11-01-2018 22:00:49)
Conan Doyle (qui fut un auteur hyper prolixe !) a commis un ouvrage (indigeste !) intitulé "The Crime of Congo" dans lequel il écrit pis que pendre du comportement des agents coloniaux aux ordres de Léopold II : amputations (mains, pieds) pour forcer les noirs à travailler à la récolte du caoutchouc, chicote... Il faut savoir que le Congo était la propriété personnelle de Léopold II.
Évidemment, Léopold II "ne savait pas" ou ne "voulait pas savoir" ? Il semble que pour se sortir de ce scandale, le roi fit "don" à la fin de sa vie (il est mort en 1909) du Congo à la Belgique, bien embarrassée de ce "cadeau".
Le peuple belge dans son ensemble n'a guère bénéficié de la "générosité" royale, mais un certain nombre de société commerciales ont engrangé des bénéfices "royaux" : Union Minière, Banque de la Société Générale ou quel que soit le nom qu'elle portait.
À en croire Doyle, les coloniaux belges se comportaient pire que les "Conquistadores" espagnols en Amérique du Sud (y compris les mains coupées) du XVIe-XVIIe siècle. Est-ce vrai ? Je ne sais, mais les colons anglais, français, portugais, allemands... se comportaient-ils mieux ?
Je crois que le pire reproche que Doyle faisait à Léopold II... c'était d'avoir soufflé le Congo à "Sa Gracieuse Majesté". Et ça, c'était évidemment LE crime de lèse Majesté !
Jean LOIGNON (07-01-2018 20:42:58)
Se peut-il que Conan Doyle se soit aussi inspiré du chapitre III de "Zadig ou la destinée" (1748), dans lequel Voltaire met en scène le sens de l'observation et de la déduction de son héros ?
Jean-Pierre (06-08-2007 11:43:13)
Il est assez étonnant que le créateur d'un héros aussi rationnel que Sherlock Holmes fut un ardent partisan des "sciences" paranormales, telles que télépathie, communication avec les morts... Il fut d'ailleurs victime sur ce sujet de deux "plaisantins" vers 1922.