25 juin 1876

Le général Custer tué à Little Bighorn

Le chef sioux Sitting BullAu matin du 25 juin 1876, le général américain George Armstrong Custer (36 ans) tombe dans une embuscade tendue par 2500 guerriers sioux aux ordres du chef Sitting Bull (45 ans).

Le général américain George Armstrong Custer (5 décembre 1839 - 25 juillet 1876)Celui-ci n'est pas présent sur le champ de bataille mais il a convaincu ses hommes de l'opportunité de l'attaque après avoir lui-même exécuté une danse extatique.

Les 285 hommes du détachement de cavalerie se font proprement massacrer par les Indiens près de la rivière de Little Bighorn, dans le Montana.

Cet épisode cruel des guerres indiennes va profondément bouleverser l'opinion américaine en raison de la mort, non des Indiens mais de ceux qui avaient mission de les tuer. Il demeure comme l'une des batailles mythiques de l'Histoire américaine.

Fabienne Manière

Un héros américain

Issu d'une famille modeste de l'Ohio, le jeune George Armstrong Custer arrive à force d'obstination à entrer en 1857 à la prestigieuse académie militaire de West Point (New York). Talentueux mais rebelle, il en sort en 1861, à 21 ans, dernier de sa promotion, et se voit aussitôt entraîné dans la guerre de Sécession comme officier de cavalerie.

Le général George Armstrong Custer et son épouse ElisabethSa témérité au combat, son charisme et son art de la communication lui valent très vite les honneurs de la presse et déjà commence à faire figure de héros américain, sous le surnom de « jeune général » (il est général de brigade à titre provisoire). On le représente volontiers avec son signe de reconnaissance, un foulard rouge noué autour du cou.

Le général Philip Sheridan, l'un des grands chefs nordistes, lui voue une paternelle admiration et va le soutenir tout au long de sa carrière.

Après la guerre vient l'ennui des garnisons. Nommé en octobre 1866 lieutenant-colonel du 7e régiment de cavalerie, au Kansas, il fait traquer et tuer des déserteurs au cours d'une mission calamiteuse. Cela lui vaut la cour martiale et une suspension de poste. L'amour de sa femme Elisabeth l'aide à tenir le choc. Quelques mois plus tard, son protecteur le général Sheridan obtient son rappel en vue de mener avec lui une nouvelle guerre contre les Indiens Sioux et Cheyennes du Dakota du Nord.

Les guerres indiennes

Plusieurs années auparavant, le gouvernement américain avait promis aux Indiens de leur laisser la Prairie « aussi longtemps que les arbres croîtraient et que les eaux couleraient ». Mais à la fin des années 1860, sous la pression des spéculateurs, le gouvernement cède une grande partie des terres aux compagnies de chemin de fer. Comme de juste, les Indiens se lancent dans des rébellions désespérées.

Par le traité signé en 1868, à Fort Laramie (Wyoming), entre le général William Shermann et les représentants des Indiens Lakota (Sioux), ceux-ci se voient accorder une vaste réserve dans le sud-ouest du Dakota, les Black Hills.

Le général Shermann et les Indiens Iakota signent le traité de Fort Laramie, Wyoming (6 novembre 1868)

Le chef sioux Sitting Bull refuse cette forme de cantonnement et entraîne de nombreux guerriers à sa suite. Le général Sheridan, qui se voit confier la répression, décide d'employer la manière forte. C'est ainsi qu'il fait appel à Custer dont il apprécie la témérité et la détermination.

Profitant de ce que l'hiver empêche les Indiens de quitter leurs campements, Custer et ses hommes du 7e régiment de cavalerie se lancent sur leur piste. Le 26 novembre 1868, ils repèrent le camp du chef Black Kettle, près de la rivière Washita (Oklahoma), et l'attaquent sans attendre. En quelques minutes, une centaine de Cheyennes sont tués... Mais les guerriers étant absents du camp, il s'agit essentiellement de femmes et d'enfants. 

Là-dessus, Custer échappe habilement aux guerriers indiens et regagne sa base. Mais dans la retraite, il a abandonné à son sort le détachement du major Elliot, qui s'était éloigné à la poursuite d'un groupe d'Indiens. On retrouvera les corps des soldats quelques semaines plus tard. 

Campement du général Custer, vers 1875.Affecté avec son régiment à Fort Lincoln, au coeur du Dakota, Custer se lance en 1874 dans une expédition au coeur des Black Hills, en vue de l'installation d'un nouveau fort. Il soigne sa popularité auprès de la presse de la Nouvelle-Angleterre et se fait connaître comme un héros de la conquête de l'Ouest auprès d'un public friand de légendes.

Qui plus est, il annonce la découverte d'or dans les Black Hills. Il s'ensuit une ruée des colons et des prospecteurs qui a pour effet de relancer les  guerres indiennes. Les Sioux et les Cheyennes se soulèvent une nouvelle fois contre les aventuriers qui pénètrent au coeur de leurs dernières terres. Les massacres de malheureux colons isolés indignent l'opinion américaine.

À Washington, le président des États-Unis, le général Ulysses S. Grant, décide d'en finir. En violation du traité de Laramie, il ouvre les Black Hills aux colons et somme les Indiens de se présenter aux agents de l'État. Nombreux sont les rebelles qui, refusant l'ultimatum, rejoignent Sitting Bull.

Sheridan, une nouvelle fois, lance le 7e régiment de cavalerie sur la piste du chef indien. Custer, en quête de rédemption et de gloire, veut à tout prix un succès militaire d'autant qu'au même moment, au printemps 1876, se tient à Philadelphie une prestigieuse Exposition universelle, la première qui ait jamais eu lieu sur le sol américain. L'annonce d'une victoire sur les Indiens y serait du meilleur effet...

Le général Custer à cheval avec ses troupes combat les Sioux amérindiens Lakota, Crow, Northern et Cheyenne, Little Bighorn Battlefield, 25 juin 1876, Montana. Agrandissement : Bataille de Little Bighorn, gravure de propagande.

Une tactique prise en défaut

Cinq colonnes, dont celle du général Custer, partent à la chasse de Sioux insoumis, les Dakotas. Mais ceux-ci les repèrent de loin et, mettant à profit leur très grande mobilité, leur échappent régulièrement. À la tête d'environ 600 cavaliers, Custer décide alors de foncer à marches forcées sur un campement qui lui a été signalé dans la vallée de Little Bighorn. Sa carrière n'ira pas plus loin...

Sans prendre la peine d'évaluer les forces ennemies ni de jauger le terrain, il attaque le village par trois côtés. Les Indiens, au nombre de plusieurs milliers, plus nombreux donc que ne le soupçonnait le général, surmontent très vite leur surprise et contraignent à la retraite les détachements des capitaines Reno et Benteen.

Sitting Bull en tournée avec Buffalo Bill, 1885.Croyant que Custer les a abandonnés comme le major Elliott après la bataille de la rivière Washita, ils dédaignent de se porter à son secours.

Lorsque les Indiens apprennent que le troisième détachement est commandé par le « héros » de la rivière Washita, ils ne font pas de quartier et massacrent tous les hommes, prisonniers et blessés compris.

L'opinion américaine est une nouvelle fois indignée par le massacre. Les Sioux sont définitivement vaincus, obligés soit de se retirer dans les réserves qui leur sont assignées, soit d'errer dans les montages, soit encore de s'enfuir au Canada comme le chef Sitting Bull. Les guerres indiennes s'achèveront avec la défaite de Geronimo et de ses Apaches, au Nouveau-Mexique, dix ans plus tard, en 1886.

Spectacle

En 1885, le patron du cirque Barnum recrute le vieux Sitting Bull pour son spectacle.

Il participe aux spectacles aux côtés d'un ex-cow-boy du nom de William Cody, célèbre dans le monde entier sous son nom de scène Buffalo Bill. Lui-même fait applaudir le héros de Little Bighorn. Il s'agit bien sûr du général Custer. 

Jusqu'à sa mort, en 1933, la veuve du général va entretenir le souvenir de ses mérites, contribuant à faire de lui un martyr des guerres impitoyables menées par les Indiens.

Little Big Man (film d'Arthur Penn, avec Dustin Hoffman, 1970)De nombreux livres et films exaltent sa mémoire. En particulier La charge fantastique (1941), un film de Raoul Walsch, avec Errol Flynn dans le rôle du général. On est alors en pleine guerre mondiale et il importe de magnifier l'héroïsme des soldats américains et leur détermination face au Mal.

Plus près de nous, sur un tout autre registre, les guerres indiennes et la bataille de Little Bighorn sont évoquées sur un ton picaresque par le film d'Arthur Penn, Little Big Man (1970). Avec Dustin Hoffman dans l'un de ses meilleurs rôles. En pleine contestation de la guerre du Vietnam, le film met en question le bellicisme étasunien.  À voir absolument. 

Publié ou mis à jour le : 2023-06-19 18:26:20
Thierry L (01-12-2018 22:01:20)

Cet article est très décevant... Il ne reflète pas les travaux des historiens sérieux. Custer était un officier courageux, compétent, charismatique et ambitieux. Un vrai chef, apprécié en gé... Lire la suite

Mireille (26-06-2018 09:48:07)

Comme le demande jp pouch: A quand une condamnation des Etats-Unis d'abord -ce sont eux les pires- pour génocide et crimes contre l'humanité? Au lieu de se glorifier de leur colonialisme sanglant et... Lire la suite

san remo (22-05-2013 21:35:55)

veuillez noter que l'operation contre ben laden a ete surnommee :op.geronimo,preuve que les yankee n'oncencore rien compris à leur responsabilite dans le genocide amerindien. NB la philosophie de ... Lire la suite

Alain Martial (26-06-2012 02:29:05)

J´applaudis à cette défaite des tueurs d´indiens. Quand les Etats-Unis cesseront-ils de parler des "guerres indiennes" qui ne furent en fait qu´un génocide conscient et bien organisé?... Lire la suite

Hubert GRANDEMANGE (31-01-2011 14:05:20)

Je viens de lire votre article sur Custer, et je trouve qu'il est assez partial. En effet, même de nos jours, les historiens sont divisés sur plusieurs points : - Custer aurait eu un certain resp... Lire la suite

Pierre Vollenweider (25-06-2007 10:50:41)

J'ai visité le site de la bataille de Little Big Horn au Montana: ce n'est pas un défilé mais un site idéal pour un grand village de nomades. La little big Horn est une petite rivière coulant dans un cadre bucolique à l'ouest des grandes plaines. Elle est bordée d'une chaîne de collines basses à l'est. Sur une d'entre elles, Custer a livré son dernier combat et c'est un monument national depuis lors. Le site se trouve dans la réserve des Crow, dans le territoire traditionnel de cette tribu. Avant de faire le récit de la bataille elle-même, il faut mentionner que 5 colonnes de l'armée américaine dont celle de Custer tentaient de localiser les Lakotas non soumis et leurs alliés pour les forcer à accepter une modification inique du traité de 1868 de Fort Laramie, leur enjoignant d'abandonner les Black Hills et le pays de Powder River entre les collines des Black Hills et la chaîne des Big Horns à l'ouest, dans le Wyoming actuel. Seuls les chefs âgés (Red Cloud et Spotted Tail et les Lakotas vivants avec eux dans leurs agences) avaient donné leur accord du bout des lèvres comprenant que l'avance américaine ne pouvait être arrêtée. Les Indiens non ralliés déjouaient quant à eux avec succès toute tentative de les débusquer depuis près de 20 ans. En envoyant continuellement des partis d'éclaireurs, ils avaient appris à repérer à temps les mouvements de troupe et à les tenir en échec. C'est ainsi que le général Crook avait lui-même été stoppé quelques jours avant le 25 juin 1876 sur la rivière Rosebud plus au sud par une troupe commandée notamment par Crazy Horse. Le général Custer avait compris cette tactique. à la tête de son détachement de 600 cavaliers, il se dirigeait à marche forcée depuis le nord-est, chevauchant jour et nuit les 24 et 25 juin, pour parvenir à surprendre les Sioux Lakotas et leurs alliés. Son stratagème réussit mais il sous-estima complètement les forces en présence. Arrivé sur les lieux, sans prendre la peine de reconnaître le terrain et en ignorant les avertissements de ses éclaireurs Crows, il sépara son unité en 3 groupes et lança directement l'attaque. Un détachement attaqua l'immense village (environ 6000 personnes) par le sud créant une surprise complète pendant que Custer avec 229 hommes opérait un mouvement tournant par le nord. Après le premier moment de surprise, les indiens (notamment les Hunkpapas avec Sitting Bull) réagirent très rapidement et forcèrent le premier détachement (sous les ordres du major Reno) à se replier. Custer entre-temps avait lancé son attaque plus au sud. Semble-t'il, il fut grièvement blessé peu après avoir traversé la rivière. Il dut lui aussi battre en retraite précipitamment et fut repoussé notamment par des Oglalas et des Cheyennes. Les Indiens, sachant qu'il s'agissait de Custer (et se souvenant du massacre de La Washita River) et furieux quant à une attaque menaçant directement leurs familles, ne firent pas de prisonniers. Les restes des deux autres groupes d'assaillants fut assiégé pendant encore une journée avant que les Indiens ne décrochent, prévenus par leurs éclaireurs de l'arrivée d'une nouvelle colonne (général Terry). Le grand village étant devenu une cible, les Indiens se dispersèrent achevant le fiasco complet des opérations militaires entreprises contre eux. Quant à "l'écrasement" final, ce ne fut pas suite à une victoire militaire: si quelques villages furent localisés et détruits, la majorité des Lakotas choisi soit d'émigrer au Canada ou resta sur place en continuant à esquiver les troupes lancées à leur poursuite. Crazy Horse fut ainsi le dernier à se rendre, en mai 1877 seulement (!). Il resta invaincu jusqu'au bout mais l'épuisement du gibier avec toutes les colonnes militaires lancées à sa poursuite et le massacre des derniers grands troupeaux de bisons (la seule tactique efficace, soutenue par l'armée américaine) ne lui laissa pas d'autres choix. Comme dans le Sud, les Indiens ne se rendirent pas sous la pression des armes mais seulement une fois que leur moyen de subsisitance eut disparu...

Je vous signale notamment l'excellent livre de Dee Brown (Enterre mon coeur à Wounded Knee) paru dans les années soixante-dix qui raconte ces évènements avec beaucoup de précision.

laurent (28-09-2006 15:56:23)

Je crois que vous oubliez que Sitting Bull lui même a dit que de tous les guerriers qu'il avait affronté, les meilleurs étaient ceux du Général Custer à Little bighorn. Et qu'à la fin de la bat... Lire la suite

jp pouch (26-08-2006 10:48:27)

A quand la véritable reconnaissance du génocide des indiens par les états-unis.

jc moy (25-06-2006 07:31:09)

Je trouve que vous n'insistez pas suffisamment sur le vol des terres indiennes par les colons et les spéculateurs. On parle du génocide Juif ou Arménien mais quasiment jamais de celui des différen... Lire la suite

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