Le 30 janvier 1875, au Palais-Bourbon, un amendement institue la République à une voix de majorité.
Quatre ans plus tôt, après la chute de l'empereur Napoléon III, des élections précipitées ont porté à l'assemblée une majorité conservatrice, favorable à la monarchie. Mais sa restauration est empêchée par le refus du prétendant au trône, le comte de Chambord, d'accepter le drapeau tricolore.
Sous l'effet de leur déception, les députés se constituent en Assemblée constituante et votent une première loi constitutionnelle. Celle-ci confère au chef du pouvoir exécutif, Adolphe Thiers, le titre de président de la République. Adolphe Thiers se dit que ce titre vaut mieux que celui de Premier ministre d'un roi, fût-il constitutionnel.
Mais les députés l'obligent peu après à céder la présidence au maréchal de Mac-Mahon, un royaliste de coeur. À nouveau, une tentative de restauration échoue par la faute du comte de Chambord. La France n'aura jamais d'Henri V mais ses représentants ne se décident cependant pas à officialiser la République, donnant à ses institutions un air de provisoire...
Enfin, en janvier 1875, l'assemblée met au vote deux projets de lois « relatifs à l'organisation des pouvoirs publics » tout en écartant le vocable République.
Le 30 janvier, Henri-Alexandre Wallon, un député modéré du centre gauche, historien de profession, dépose un amendement au contenu anodin, ainsi conçu : « Le président de la République est élu à la majorité des suffrages par le Sénat et la Chambre des députés réunis en Assemblée nationale. Il est nommé pour sept ans. Il est rééligible ».
En fin d'après-midi, il est adopté avec 353 voix pour et 352 voix contre. C'est ainsi que la République, la fonction présidentielle et le septennat entrent d'un coup dans les lois constitutionnelles de la France.
Par la même occasion, l'amendement Wallon consacre le retour au bicamérisme, avec deux assemblées : le Sénat et la Chambres des députés.
Les institutions de la IIIe République, lentement mûries par des hommes d'expérience qui ont vécu sous des régimes très divers, perdureront jusqu'en 1940, soit plus longtemps qu'aucun autre régime depuis 200 ans.
Le septennat tiendra bon pendant... 127 ans, jusqu'au référendum du 24 septembre 2000.
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J. LOUIS (06-03-2012 21:50:40)
Article magistral! Une voix d'écart...Avec "l'affaire du Drapeau et La Commune,c'est ainsi que l'Histoire devrait être enseignée. Avec votre pertinence et votre enthousiame!!!
Wallon (09-02-2012 16:12:31)
Henri Wallon n'avait pas peur de manier le paradoxe. Dans son discours aux députés, il déclare « Si la république ne convient pas à la France, la plus sûre manière d'en finir avec elle, c'est de la faire.... ! »
Wallon (09-02-2012 16:09:53)
Henri Wallon n'avait pas peur de manier le paradoxe. Dans son discours aux députés, il déclare « Si la république ne convient pas à la France, la plus sûre manière d'en finir avec elle, c'est de la faire.... ! »