18 janvier 1871

Proclamation de l'Empire allemand

L'Empire allemand est proclamé le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles.

Par le choix de ce lieu prestigieux, le chancelier prussien Otto von Bismarck veut humilier la France, vaincue par la coalition des États allemands. Versailles a aussi l'avantage d'être un lieu neutre du point de vue allemand ; proclamer la naissance de l'Empire à Berlin eut été ressenti comme une marque d'allégeance au roi de Prusse par les autres souverains allemands .

Proclamation de l'Empire allemand le 18 janvier 1871 (Huile sur toile, 250x250 cm, 1885, Anton von Werner, Musée Bismarck, Friedrichsruh, nord-est de l?Allemagne)

Le rêve accompli de Bismarck

Soudés par leur victoire commune sur la France de Napoléon III, les représentants des États allemands, y compris le roi Louis II de Bavière, les rois de Saxe et de Wurtemberg et le grand-duc de Bade, font le sacrifice de leur indépendance et acceptent d'entrer dans une Allemagne fédérale dominée par la Prusse.

Sur une idée du chancelier prussien, ils confèrent qui plus est au roi de Prusse Guillaume Ier de Hohenzollern le titre d'empereur allemand (en allemand Deutscher Kaiser).

À 73 ans, le vieux souverain lui-même n'avait aucune envie de relever le titre impérial, dévalorisé par plusieurs siècles de divisions fratricides, et se serait satisfait de son titre de président de la Confédération d'Allemagne du Nord, obtenu en 1867.

Le plus difficile a été de convaincre le roi de Bavière. Le malheureux fou s'est laissé séduire par l'habile Bismarck qui lui a fait miroiter l'attrait d'un séjour au Trianon, dans le parc de Versailles et lui a promis une généreuse dotation lui permettant d'achever la construction de ses châteaux néo-gothiques, dont le célèbre Neuschwanstein.

Empire, le remake

Le deuxième Reich (Empire en allemand) succède au Saint Empire romain germanique fondé par Otton le Grand en 962 et aboli par Napoléon Ier en 1806. Sa proclamation est fixée le jour anniversaire du couronnement royal de Frédéric Ier de Hohenzollern, à Königsberg (18 janvier 1701). Elle débute par l'ennuyeux et long sermon d'un pasteur luthérien, pétri de haine envers la France. Vient ensuite un moment de prière avec le Te Deum. Enfin le roi de Prusse monte sur une estrade où l'ont devancé les autres princes allemands.

Là-dessus, Bismarck, dont c'est le jour de gloire, lit une déclaration : « Nous, Guillaume, par la grâce de Dieu roi de Prusse ! Les princes et les villes libres d'Allemagne Nous ayant demandé d'une voix unanime de rétablir l'Empire et d'accepter la dignité impériale... vacante depuis plus de soixante ans (...) ». Le grand-duc de Bade s'avance à la fin du discours, lève le bras droit et clame : « Vive Sa Majesté l'empereur Guillaume ! ». Un tonnerre d'applaudissement et de hourras lui fait écho sous la fanfare... tandis qu'au loin, on perçoit le bruit des canons qui bombardent sans trêve Paris.

Le IIe Reich

Bâti à l'image de l'ancienne Confédération d'Allemagne du Nord, le nouvel empire d'Allemagne est une fédération de 25 États très divers, chacun conservant ses lois, sa Constitution et même son souverain. Seules les affaires d'intérêt commun (diplomatie, armée et marine, justice, communications, commerce et douanes) relèvent du gouvernement d'Empire et donc du chancelier désigné par l'empereur et doté du pouvoir exécutif.

Le pouvoir de faire les lois (pouvoir législatif) appartient à un Parlement composé de deux assemblées :
– le Bundesrat représente les États,
– le Reichstag représente les citoyens avec des députés élus au suffrage universel ; le royaume de Prusse y bénéficie d'une prépondérance écrasante avec 236 députés sur 397,
On n'est pas pour autant dans une véritable démocratie, le chancelier ayant toujours le dernier mot en matière législative.

Première puissance industrielle du continent européen, la nouvelle Allemagne est aussi le plus peuplé des pays européens, Russie mise à part, avec 60 millions d'habitants (contre 40 millions pour la France).

Un succès éphémère

Pendant que les Allemands triomphent à Versailles, Paris et ses deux millions d'habitants résistent au siège de leurs armées et au bombardement incessant de leurs canons. L'armistice est signé dix jours après la cérémonie de Versailles, quand les efforts de Gambetta pour poursuivre la guerre à outrance auront définitivement échoué.

Par le traité de paix signé à Francfort le 10 mai 1871, les Français perdent l'Alsace (ancienne terre d'Empire de langue germanique) et une partie de la Lorraine (autour de Metz) qui n'a jamais appartenu quant à elle au Saint Empire romain germanique et ne pratique pas la langue germanique. Le « chancelier de fer » a désiré que les prince allemands offrent ces territoires à l'empereur en cadeau d'heureux avènement. C'est ainsi que l'Alsace-Lorraine devient terre d'Empire indivise (Reichsland).

Cette annexion va interdire l'espoir d'une réconciliation entre la France et l'Allemagne et contribuer au déclenchement de la Première Guerre mondiale. Elle se soldera par la chute du IIe Reich, 47 ans seulement après sa fondation (il aura duré encore moins longtemps que l'Autriche-Hongrie, fragile construction multiculturelle).

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2021-01-13 18:26:38
Michael (18-01-2024 15:11:08)

Pourquoi la France se laisse-t-elle gouverner par des énergumènes qui n'ont rien d'autre à faire qu'emmerder les autres ? À part Bouvines, qui était une histoire de famille où Titi de Brunswick a juste donné un coup de main à Jeannot-le-benet, quand est-ce que les Allemands ont envahi la France ? L'ennemi héréditaire, c'est l'Anglais !


Il en a fallu pour épuiser la patience, voir la placidité des Allemands. D'abord grignoter la frontière historique du Rhône et la Saône, et la pousser jusqu'au Rhin (voir prétendre à toute sa rive gauche !) Enfin, qu'attendre de ceux qui organisèrent le référendum de rattachement de la Savoie, à main levée, avec la troupe encerclant les espaces de délibération (tiens, une idée pour 2027... ). Les ravages de Richelieu de la guerre de Trente Ans ; les agressions de Louis XIV en Alsace (Môssieur voulait devenir Prince Allemand pour pouvoir se faire élire Empereur) ; les ravages du riant Palatinat, pays de fête et de cocagne pour payer le luxe du Château de Saint-Cloud ; l'incendie de la cathédrale de Spire, Saint-Denis des Empereurs, en convainquant les habitants que tout ce qu'ils y entreposeraient serait sauvé afin qu'ils y amènent eux-mêmes du combustible ; les ravages du Hanovre sous Louis XV, où le maréchal de Richelieu a rapiné pour construire ce charmant Pavillon de Hanovre, déplacé dans le Parc de Sceaux ; les invasions de l'Ogre (comptez le nombre de gamins tombés...) où chaque ville a été méthodiquement rançonnée, avant de créer des Etats d'opérette strictement délimités, alors que les possessions de chaque Prince Allemand étaient disséminées dans tout l'Empire et auraient d'une manière ou d'une autre, convergé vers l'unité, premier mot de l'Hymne Allemand.


Les contrées allemandes avaient fait le choix d'une démocratie à venir en émasculant le pouvoir de l'Empereur Germanique. Car l'Empire, c'est la dictature, l'accablement sous les taxes, et l'arbitraire administratif sans recours, ce Droit Divin des impôts. Qu'on pense à ces pauvres paysans romains, préférant la liberté à la pression fiscale, et traversant le Rhin à la nage ; à ces malheureux Goths, réfugiés dans l'Empire d'Orient, à qui on a saisi leurs fils à vendre pour esclaves, pour payer des livraisons de grain qu'on espérait bien qu'ils ne pourraient payer.


La prétention de la France à reprendre l'héritage de l'Empire Romain lui a fait se fabriquer un ennemi, qui nécessairement doit être barbare. L'Angleterre a prétendu à la même chose, les Indiens et leur civilisation apprécieront. Les Etats-Unis également, dont l'espace se superpose presque exactement à l'Empire d'Hadrien, avec la Floride pour le ruban du Nil, et, à l'emplacement de Constantinople, Chicago et son architecture Néo Romaine.


Parce que l'on fini par devenir ce que l'autre veut que vous soyez (c'est l'explication du mystère de notre signe zodiacal.), le Maréchal Blücher, a choisi de traverser le Rhin le 31 décembre, anniversaire du passage des peuples germaniques de 406.


L'Empire Allemand n'est pas proclamé à Versailles, il n'est pas proclamé dans la Galerie des Glaces, il est proclamé sous une peinture de Lebrun illustrant les conquêtes de Louis XIV : le Passage du Rhin.
Ce qui etait mieux que de vouloir, comme Guillaume III d'Angleterre, brûler Versailles.

jpw (30-01-2013 18:02:15)

Pour nous alsaciens, Bismarck est bien trop mou pour jouer le rôle majeur que vous lui attribuez.
L'initiateur de la guerre de 1870 est dû à la grande pauvreté des Länder allemands nos voisins, face à l'insolente vivacité économique qui s'attache à la réforme agraire de Napoléon III.
Von Molke insistait que seul le sang pouvait unifier l’Allemagne.
Évidemment que Bismarck le mou en rêvait.
Von Molke voyait dans l'armée française un puzzle de petites ( 3 000 hommes ) forces ( dixit guerres extérieures type Mexique par exemple ) incapable d'être coordonnées en " Armées " de plus de 100 000 hommes. Sur ce postulat Von Molke a structuré "son armée " et non celle d'une" Allemagne pas encore unifiées " et à peine coalisée car évidemment composée d'un conglomérat de forces issue des Länder.
Le préfet de Strasbourg n’écoutait pas les signalement des familles des Vosges du Nord attestant depuis des semaines, la présence de 150 000 allemands aux alentours de Landau.
C'est là que Von Molke frappa fort en instituant un commandement central fort et dominateur, intransigeant mais clairvoyant. La bataille de Wissemnbourg opposait 150 000 allemands ( sur les hauteurs )contre 3 000 français( dans la cuvette ). La bataille de Woerth 9 000 contre 150 000. Il faut voir la topographie de Forschwiller. Les 90 000 fusils dotés 450 balles allemands convergeaient de 250 ° sur le plateau tenu par Mac Mahon, soit 40 millions de projectiles en 8 heures pour un plateau de 4 km2 soit 10 projectiles au m2 ou 4 000 projectiles par soldat français ce jour là...
Le coup de folie de Mac Mahon éclatait au Château de Reichshoffen lorsqu'on lui annonçait enfin la présence de 45 000 hommes, juste bon après 16h00 de se retirer sur Forbach, cet autre piège, puis vers Metz, cet autre piège, puis vers Sedan, cet autre piège..
La messe est dite !
L’ Alsace et la Moselle ont maintenant leur... musée ( Schirmeck).

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