27 octobre 1870

Bazaine capitule à Metz

Le 27 octobre 1870, le maréchal François Achille Bazaine capitule à Metz avec son armée d'environ 180 000 hommes. Cette reddition aux allures de trahison sonne le glas de la résistance française face à l'invasion prussienne, à l'issue de la guerre imprudemment déclenchée par Napoléon III trois mois plus tôt... 

André Larané

Ultime espoir des Français

La guerre entre la France et la Prusse avait conduit deux mois plus tôt à la capture de l'empereur, à Sedan. L'armée de Bazaine était le dernier espoir de la France bien qu'elle fût assiégée à Metz par les Prussiens et leurs alliés allemands, lesquels assiégaient aussi Paris.

Après la capture de l'empereur, les Français, sans cesser de se battre, avaient instauré une IIIe République et Léon Gambetta avait échappé en ballon au siège de la capitale pour lever en province de nouvelles armées. Ces armées de volontaires, mal équipées et inexpérimentées, avaient du moins l'avantage du nombre, aussi longtemps que le gros des troupes ennemies était fixé autour de Metz et de Paris.

Théodore Devilly, Les Adieux, 1885. Cette peinture évoque la séparation des officiers français de leurs hommes lors de la capitulation de l?Armée du Rhin, fin octobre 1870.

Une défection au parfum de trahison

Mais à Metz, le maréchal Bazaine refuse de se rallier au Gouvernement de la Défense nationale, par haine de la République.

Non content de demeurer inactif, voilà même qu'il entre en contact avec l'ex-impératrice Eugénie, par l'intermédiaire du général Bourbaki, peut-être dans l'espoir de restaurer l'Empire. Les négociations traînent en longueur. La disette s'installe dans la ville assiégée.

Bazaine considère l'avènement de la République comme un danger plus grand encore que la victoire ennemie et le démembrement prévisible du pays.

Il renonce en définitive à poursuivre le combat avec l'espoir d'obtenir de Bismarck le droit de se retirer au centre du pays et, une fois la paix revenue, « défendre l'ordre social contre les mauvaises passions ». La capitulation de Metz livre aux Allemands 3 maréchaux, 6 000 officiers et 173 000 soldats !

Chez les républicains, la reddition de Bazaine suscite la stupeur. Elle s'ajoute aux échecs du général Trochu dans ses tentatives de desserrer l'étau ennemi autour de la capitale. Elle réduit à néant la tentative de Léon Gambetta de résister à l'invasion. Ce dernier, qui tente d'organiser de nouvelles armées à partir de Tours, lance une proclamation où il accuse explicitement le maréchal Bazaine de trahison !

Épilogue

Bazaine, qui fut autrefois populaire en raison de ses états de service au Mexique, passe trois ans plus tard en Conseil de guerre. Condamné à mort, il est grâcié par le maréchal-président Mac-Mahon (celui qui a été battu à Sedan).

Bénéficiant d'obscures complicités, il trouvera en définitive le moyen de s'enfuir à l'étranger. Il mourra à Madrid en 1888 des suites d'un attentat commis par un individu venu de France.

Publié ou mis à jour le : 2023-10-20 18:21:26
Roland Peccoud (01-11-2021 13:27:35)

Tous ces commentaires éclairent cette histoire, de 1870 à 1945. Il y a continuité : la haine de l'Allemand, suscitée et entretenue par des politiciens, plutôt de droite, nous a conduits effective... Lire la suite

Piguet (16-02-2021 08:07:24)

"Je pense qu'il n'est pas abusif de rapprocher la trahison de Bazaine en 1870 de celle de maints dirigeants politiques et militaires en juin 1940 qui firent passer leur peur du communisme." On oublie... Lire la suite

Liger (14-08-2020 13:58:00)

Je pense qu'il n'est pas abusif de rapprocher la trahison de Bazaine en 1870 de celle de maints dirigeants politiques et militaires en juin 1940 qui firent passer leur peur du communisme (largement surestimée en France en dépit du zèle antipatriotique du PCF, dirigé par des larbins soumis corps et âme à Staline) et plus généralement leur détestation de la République avant l'intérêt national qui commandait la poursuite de la lutte, de l'autre côté de la Méditerranée pour commencer : cf. la passionnante et sérieuse uchronie " 1940 - Et si la France avait continué la guerre ... "

Dans les deux cas, on trouve des individus trahissant en temps de guerre leur pays au profit de l'ennemi pour régler des querelles partisanes. On est loin du soutien sans état d'âme de la France catholique de Louis XIII et Richelieu aux princes protestants d'Allemagne contre les Habsbourg afin d'empêcher ces derniers, sous le prétexte de la défense de la foi catholique, de " seigneuriser l'Europe ", comme l'écrivait lucidement le Grand Cardinal.

La morale de l'Histoire est simple : on doit attendre des dirigeants d'un pays qu'ils mettent l'intérêt national au-dessus de tout, surtout de querelles internes ou idéologiques . Hélas, notre Histoire a souvent connu de telles abjectes trahisons :
- ligueux guisards, agents stipendiés de Philippe II d'Espagne trahissant leur souverain, Henri III, Roi de France,
- aristocrates rebelles complotant contre Richelieu pour le plus grand bénéfice des Habsbourg dont les possessions et les armées enserraient le royaume de France,
- monarchistes préférant les rois étrangers à la République française,
- communistes moscoutaires,
- vichystes complices d'Hitler...
- sans oublier les valets des États-Unis opposés au Général De Gaulle, tel Jean Monnet qui conseillait à Roosevelt pendant la guerre de " détruire " De Gaulle selon ses propres termes :
« Il faut se résoudre à conclure que l'entente est impossible avec De Gaulle, qu'il est un ennemi du peuple français et de ses libertés, qu'il est un ennemi de la construction européenne [Déjà ! Voilà une " belle référence " dans l'histoire de l'européisme...] (et) qu'en conséquence, il doit être détruit dans l'intérêt des Français. »
(Jean MONNET, Note déclassifiée, adressée au secrétaire d'État des États-Unis [de 1940 à 1946] Harry Hopkins ; cité par Éric Branca, « De Gaulle - Monnet ou le duel du siècle », Revue Espoir, n°117, novembre 1998, p 9.
Voilà pourquoi, sans nier certains mérites du personnage, je ne pourrai jamais éprouver de respect pour Jean Monnet, " ce petit financier au service de l'Amérique ", comme le qualifiait très justement le Général dès 1943.

kourdane (15-02-2014 12:31:56)

le compte rendu du procès de Bazaine ne laisse pas de doutes Bazaine fut non seulement incompétent, avant Gravelotte il perdit la bataille de Forbach qui laissa sur le carreau plusieurs régiments ... Lire la suite

Henri Goldszer (27-10-2013 09:31:41)

Bonjour, Cet article me semble incomplet,il ne parle pas des suites de ce conflit au 20 er siècle. La guerre de 1870, la trahison de Fazaine,l'humiliation de la défaite,la perte de l'Alsace Lora... Lire la suite

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